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Charest recycle la recette péquisteEric Smith, Martes, Octubre 19, 2004 - 12:48
Arsenal-express
Les événements qui se sont déroulés en parallèle au moment de la clôture du "Forum des générations" ont été hautement symboliques: d'un côté, les soi-disant "représentants de la société civile", tel Gilles Taillon du Conseil du patronat et Henri Massé de la FTQ, qui félicitaient le Premier ministre de son initiative et se réjouissaient de leur participation à ce sommet; de l'autre, quelques centaines d'étudiantEs, mobiliséEs à l'initiative de l'ASSÉ, qui tentaient de se faire entendre et faisaient face au bras répressif de l'appareil d'État. Les événements qui se sont déroulés en parallèle au moment de la clôture du "Forum des générations" organisé par le gouvernement Charest et qui a eu lieu la semaine dernière en banlieue de Québec, étaient hautement symboliques: d'un côté, les soi-disant "représentants de la société civile", tel Gilles Taillon du Conseil du patronat et Henri Massé de la FTQ, qui félicitaient le Premier ministre de son initiative et se réjouissaient de leur participation à ce sommet (Massé, en particulier, a eu toute la misère du monde à se retenir pour ne pas aller baiser les pieds du PM); de l'autre, quelques centaines d'étudiantEs, mobiliséEs à l'initiative de l'ASSÉ (l'Association pour une solidarité syndicale étudiante), qui tentaient de se faire entendre et faisaient face au bras répressif de l'appareil d'État (matraques, chiens -- avec ou sans casque -- et arrestations). Ce "forum", on s'en souviendra, avait été convoqué l'hiver dernier au moment où le gouvernement Charest faisait face à une opposition quasi incontrôlée de la part de la classe ouvrière et des masses populaires, qui protestaient avec une exceptionnelle variété de moyens contre les politiques réactionnaires qu'il avait mises en place après son élection. L'idée d'une "grève générale et sociale" pour l'automne était dans l'air et s'avérait même assez vraisemblable, au point où certains camarades anarchistes ont cru que c'était dans la poche ("la grève générale de masse, public et privé, ressemble de moins en moins à un wet-dream d'anars, c'est une perspective réelle et concrète", écrivait ainsi un "vieux de la vieille" de ce mouvement). Mais ce beau rêve, qui n'était pas seulement celui de certains anarchistes, mais qui était aussi porté par tous les trotskistes et révisionnistes de ce monde, s'est évanoui presque aussi vite qu'il est apparu... C'est qu'à un moment donné, Charest a compris que s'il est certes là pour adopter des politiques au service de la bourgeoisie, il doit aussi agir de façon à assurer le maintien de la paix sociale, de sorte à ce que ces politiques, justement, puissent être mises en application avec un maximum d'efficacité (car sinon, à quoi bon les adopter?). Et quoi de mieux pour obtenir ou rétablir cette paix sociale, que d'utiliser cette bonne vieille recette si souvent utilisée (et avec succès) par les gouvernements péquistes qui l'ont précédé, faite d'une bonne dose de concertation avec les "leaders sociaux et économiques" et assaisonnée de forts éléments de divisions du camp populaire? Le gouvernement Charest a donc organisé toute la série de forums régionaux (dans une certaine indifférence, certes, mais quand même), qui ont culminé la semaine dernière avec la tenue de ce fameux forum national. L'objectif, pour le gouvernement, n'était pas tant d'obtenir des résultats précis (comme Lucien Bouchard l'avait fait en 1996 avec l'adoption par ses "partenaires" du célèbre objectif du "déficit zéro", de sinistre mémoire) que de rétablir les ponts avec la "société civile". Bien sûr, tous n'ont pas accepté de se prêter à cette mascarade loufoque: la CSN, la CSQ, le FRAPRU et d'autres organisations communautaires ont refusé d'y participer (avec raison). Néanmoins, l'opération de relations publiques semble avoir porté ses fruits: le Premier ministre a su donner l'image de quelqu'un qui saura désormais écouter la "voix du peuple" (telle qu'elle s'exprime à travers le filtre de ses représentants patentés) et surtout, qui respectera cette vache sacrée qu'est le "modèle typiquement québécois de concertation" qui s'est établi depuis la Révolution tranquille. Parallèlement, le gouvernement Charest semble avoir décidé de rajuster le tir: on continuera à mener des attaques contre les masses ouvrières et populaires, mais on le fera de façon plus ciblée (coupures dans les bourses, qui touchent essentiellement les étudiantEs les moins favoriséEs; coupures à l'aide sociale, notamment pour les personnes en situation de partage de logement familial; etc.). Surtout, on évitera désormais d'attaquer tout le monde de front, en même temps, comme ce fut le cas l'an dernier. Le gouvernement s'est sans doute dit, avec raison, que ceux et celles qui ont gueulé le plus fort l'an dernier (à savoir les hautes directions des grandes centrales syndicales) allaient rester beaucoup plus silencieux et silencieuses sur ces questions... Quelqu'un pourrait-il nous rappeler c'est quand la dernière fois que Henri Massé a mis son poing sur la table et déchiré sa chemise (plutôt dispendieuse, au demeurant) pour défendre les personnes assistées sociales? Le côté positif de la situation actuelle, c'est qu'avec l'extinction de cette idée fumeuse de grève générale, qui en a occupé plusieurs et qui, en fin de compte, n'a eu pour effet que de faire reposer tout le mouvement de lutte sur les épaules des hautes directions syndicales (leur offrant ainsi la possibilité de le contrôler -- et le dévoyer -- de A à Z), la période qui s'ouvre maintenant ramène la possibilité d'actions de masse indépendantes et beaucoup plus confrontantes. La prochaine étape à cet égard sera sans doute le prochain congrès du PLQ, qui aura lieu du 17 au 19 novembre prochain au Palais des congrès à Montréal. Déjà, plusieurs groupes et collectifs se proposent d'y faire entendre leur colère. Nous appelons quant à nous l'ensemble de nos supporters à s'y préparer, dès maintenant et minutieusement. * * * Article paru dans Arsenal-express, nº 24, le 17 octobre 2004. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). 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