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Elections américaines : Ralph Nader, le candidat qui dérange

Anonyme, Miércoles, Octubre 13, 2004 - 02:44

Joelle PENOCHET

Ralph Nader, qui présente un programme radicalement opposé à celui du parti unique bicéphale des "Républicrates", subit un black-out des media et la persécution des "démocrates" qui veulent le retreait de sa candidature

ÉLECTIONS PRESIDENTIELLES AMERICAINES :

5 octobre 2004

RALPH NADER, LE CANDIDAT QUI DERANGE

par Joëlle PENOCHET

« Never doubt that a small group of toughtful, commited citizens can change the world ; indeed, it's the only thing that ever has. »
Margaret Mead (citée par votenader.org)

Pour la troisième fois, Ralph Nader est candidat à la présidentielle américaine. Cette fois encore, il subit le black-out des medias officiels, non seulement américains mais de tous les pays occidentaux, qui soutiennent systématiquement les candidats démocrates, dont le bilan n'est guère plus brillant que celui des Républicains. En effet, les deux « grands » partis, qui représentent les mêmes intérêts, celui des grosses multinationales, mènent traditionnellement des politiques similaires. Ainsi, William Clinton (1992-2000) a durci l'embargo meurtrier contre l'Irak décrété par Bush senior, et n'a jamais cessé de bombarder ce pays pendant ses deux mandats. Sous un masque de négociateur impartial, il a constamment soutenu Israël et s'est joué des Palestiniens.

Dans tous les domaines (politique extérieure, justice sociale, santé, environnement, énergie, droits des minorités... le programme de Ralph Nader est aux antipodes de celui des deux grands partis. Rare homme politique à s'être prononcé contre l'agression militaire en l'Iraq, il demande le retrait rapide des troupes d'occupation et le retour à la souveraineté du pays.

Cette année, M. Nader doit affronter une violente campagne de dénigrement et d'intimidation sans précédent de la part des « Démocrates » et d'une partie des leaders du mouvement anti-guerre qui, désireux de se débarrasser de Bush à tout prix, appellent à voter pour John Kerry comme « un moindre mal ». Si cet appel est suivi, cela ruinera cinq années de mobilisation grandissante depuis la naissance du mouvement altermondialiste en 1999 à Seattle, jusqu'au mouvement qui a rassemblé des millions de personnes dans le monde l'année dernière contre la prétendue « guerre contre le terrorisme », et qui exige aujourd'hui la fin de l'occupation.

RALPH NADER, L'ETERNEL PIONNIER

« Les Etats-Unis ont besoin d'une déclaration d'indépendance des multinationales. »
Ralph Nader, Washington Post, 8 novembre 2000

Né dans le Connecticut dans une famille d'émigrés libanais, brillant avocat diplômé d'Harvard et de Princeton, Ralph Nader a hérité sa vocation de son père, ardent militant syndicaliste qui lui donna très tôt le goût des luttes pour la Justice sociale. Réputé pour son immense capacité de travail, sa culture, son talent d'orateur, son humour décapant et sa modestie, Ralph Nader décida en 1963 de se consacrer entièrement sa vie à la défense des citoyens contre la toute-puissance des multinationales qui dirigent le monde. Après voir gagné un procès retentissant contre General Motors, il créa une centaine de puissantes associations couvrant tous les domaines, qui continuent aujourd'hui de gagner de nouvelles batailles.

Du consumérisme à l'écologie politique et au « troisième parti » : une vie consacrée aux luttes pour la justice

En 1974, Ralph Nader était classé quatrième parmi les personnes les plus influentes des Etats-Unis, après Richard Nixon et Henri Kissinger. Aujourd'hui encore, il figure dans les trente premières. Il est à l'origine de la création de l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) en 1970, de la loi sur l'Air, la loi sur l'Eau et la loi sur la Liberté de l'Information de 1974. Depuis lors, le simple citoyen et les associations peuvent poursuivre en justice le gouvernement comme les grandes entreprises. Toutes les lois votées dans tous ces domaines dans le monde l'ont été grâce à l'action de Ralph Nader.

Depuis quarante ans, Ralph Nader persévère dans la défense des mêmes causes, en élargissant toujours davantage le champ de ses luttes et en se radicalisant. Le sénateur démocrate de gauche Dennis Kucinich a dit de lui (non sans arrière-pensée) qu'il « a démontré que chaque citoyen pouvait influencer le gouvernement » et qu'il a « plus d'impact sur les institutions gouvernementales et la vie des multinationales que les personnes en charge du pouvoir ».

Ralph Nader est entré en politique en 1972 en tant que candidat démocrate opposé à la guerre du VietNam. En 1992 il fut candidat à l'investiture démocrate ; puis il a représenté les Verts à la présidentielle en 1996 et en 2000. En 1996, avec un budget limité à cinq mille dollars (l'équivalent de dix secondes de publicité télévisée), il avait recueilli moins de 1% des voix (jusqu'à 20% sur certains campus universitaires), mais il avait permis de lancer un mouvement de renouveau politique. Le président Clinton s'était déjà déclaré « très préoccupé » par sa candidature. Quatre ans plus tard, Ralph Nader quadruplait le nombre de ses voix (recueillant près de 3 millions de suffrages). Dès le mois de février, il annonça sa candidature à la présidentielle de novembre 2004.

Le Hari-kiri des Verts américains

En juin dernier, contrairement à la volonté de la quasi-totalité de la base écologiste, et à la suite de tripatouillages sordides, les Verts ont refusé d'investir Ralph Nader lors de leur Convention, au profit d'un candidat terne et jusqu'alors inconnu, au motif qu'il ne présenterait des candidats que dans les Etats où la victoire du Démocrate était assurée. Par ce choix, les Verts américains ont anéanti le travail effectué patiemment depuis 1996 par Ralph Nader, qui avait promu et renforcé le parti en se présentant en leur nom et en menant des tournées à travers tout le pays, pendant et après la campagne. Et le labeur de milliers de militants sur le terrain.

En 2000, Ralph Nader avait été soutenu par de nombreuses personnalités, universitaires, journalistes et artistes, dont Michael Moore et Patti Smith, qui assuraient la première partie de ses grands meetings. Il rassemblait chaque soir de 10.000 à 15.000 personnes dans les plus grandes villes des Etats-Unis, un phénomène jamais observé depuis les années soixante-dix, mais négligé des grands medias. Il a galvanisé des foules de jeunes - peu habitués à entendre des politiciens sincères, et défendant un programme ambitieux mais réaliste. Il leur annonçait qu'ils vivaient les prémices d'un mouvement historique, aussi important que les mouvements pour l'abolition de l'esclavage ou l'obtention des droits civiques pour les Africains américains : « Le génie de la contestation qui est sorti de la bouteille à Seattle n'est pas prêt d'y rentrer ».

LE SYSTEME ELECTORAL AMERICAIN : UNE DEMOCRATIE EN TROMPE-L'OEIL

« Nous accueillerons chaleureusement la victoire de l'une ou l'autre part. »
J. Browne, Président de l'Amocco, pendant la campagne présidentielle de 2000

Le Président américain est élu au suffrage indirect par des grands électeurs issus des différents Etats, mais présélectionnés par l'argent. C'est ainsi que la réussite sociale suscite souvent des vocations politiques (comme celle du milliardaire Ross Perrot). Le système à un seul tour pénalise les petits partis, en incitant les électeurs à voter « utile ». Le suffrage indirect avait été instauré à l'origine pour favoriser les Etats esclavagistes du Sud. «Inventé pour permettre aux hommes blancs de « verrouiller le système politique à leur profit, ce dispositif produit le même résultat deux siècles plus tard, en accordant un poids disproportionné aux choix des habitants des petits Etats ruraux à prédominance blanche et conservatrice» (Halimi et Wacquant). Ainsi « il faut 3,44 Californiens pour peser autant qu'un habitant du Wyoming ». Par ailleurs, quatre millions d'Américains sont privés du droit de vote, parmi lesquels des milliers d'Afro-américains emprisonnés à cause de la « guerre contre la drogue. »

Les deux « grands » partis sont liés aux mêmes multinationales (notamment dans les secteurs pétrolier, automobile, agro-alimentaire, pharmaceutique, et l'industrie du tabac) qui investissent des sommes colossales à parts quasi-égales sur les candidats des deux camps pour être certains de récupérer leurs mises après les élections, l'argent investi étant restitué aux généreux donateurs sous forme de subventions. En 2000, plus de trois milliards de dollars ont été dépensés dans les campagnes (présidentielle, sénatoriale et du Congrès), sans compter les frais d'avocats dans la bataille post-électorale. Ralph Nader décrit le système politique américain comme « deux partis qui se combattent férocement pour voir qui ira à la Maison Blanche prendre les ordres de ses donateurs. »

De nouvelles lois sont élaborées par les deux partis hégémoniques pour empêcher l'émergence d'autres forces politiques : « Ils n'aiment pas la compétition. Aussi, essayer d'entrer dans la course ressemble à l'escalade d'une falaise à l'aide d'une corde glissante», explique Ralph Nader. Obtenir le nombre de signatures nécessaires pour se présenter dans chaque Etat représente un véritable parcours du combattant.

Malgré l'iniquité du système qui les favorise outrageusement, les grands partis ont cru nécessaire d'instaurer une loi destinée à éliminer définitivement la concurrence : peu avant le premier grand débat télévisé de 2000 (parrainé par Philip Morris), la Commission sur les débats électoraux, organisme bipartite contrôlé par les deux grands partis, inventa une nouvelle règle qui réservait son accès aux seuls candidats obtenant au moins 15% des voix dans les sondages. En 1992, le 3e candidat, le milliardaire Ross Perrot, crédité des mêmes intentions de vote que Ralph Nader en 2000, avait pu y prendre part. Or, ces débats sont le lieu le plus médiatisé de la campagne, le facteur déterminant pour l'issue du scrutin.

Parmi les autres « dommages collatéraux » de ce système électoral perverti, une « publicité politique abrutissante et vide de contenu ; des medias rendus fous par l'obsession de la concurrence ; un sénateur élu vingt-deux jours après son décès et remplacé par sa veuve... (Halimi et Wacquant).

LA PRESIDENTIELLE DE 2000

« Notre candidature remplit un vide politique en offrant au camp progressiste orphelin l'occasion de participer à une stratégie de longue haleine destinée à construire un nouveau canal politique en partant de la base».

Ralph Nader, Le Monde Interactif, 1er novembre 2000

Lors de la campagne présidentielle de 2000, Ralph Nader avait déjà combattu les candidats démocrate et républicain en tant «qu'hydre à deux têtes», aux ordres des mêmes multinationales. Il avait déclaré que «les deux grands partis qui ont soldé notre République (devaient) être défiés ».

Chantage et mauvaise foi pour eliminer le « gêneur » de la course présidentielle

Sans publicité et avec un budget réduit, banni des grands débats télévisés, soumis au black-out, puis à l'adversité des medias en fin de campagne, il n'avait pu franchir la barre des 5% de voix qui lui aurait permis d'obtenir le précieux financement fédéral (douze millions de dollars) cette année. Quelques semaines plus tôt, il était crédité de 7 à 17% des intentions de vote selon les Etats. Mais la virulente campagne de dénigrement menée par les Démocrates et leurs satellites, déjà basée sur le chantage et la peur (« un vote pour Nader = un vote pour Bush ») avaient porté leurs fruits.

Après les élections de 2000, Ralph Nader n'a jamais cessé de faire l'objet de critiques et d'attaques virulentes d'une partie du camp « progressiste » qui lui reproche d'être responsable de la victoire de G.W. Bush, au lieu de s'en prendre aux Républicains qui ont volé l'élection.

Or, premièrement, toutes les études ont montré que plus des deux tiers des voix qu'il a recueillies ne seraient pas allées à A.Gore : les voix venaient pour 38% des électeurs démocrates, pour 25% des républicains, et les 37% restant n'auraient voté que pour lui. En outre, Ralph Nader aurait fait voter plus d'un million de nouveaux électeurs, alors que les candidats des grands partis sont incapables d'attirer les non votants, dont le nombre atteindrait cent millions. En Décembre 2000, Albert Gore, qui objectivement avait gagné (à la fois en nombre de grands électeurs et de suffrages - il avait remporté plus d'un demi-million de voix de plus que son adversaire), décida de ne pas faire appel du verdict de la Cour Suprême (contrôlée par les Républicains) qui avait proclamé la victoire de Bush. Il ne fallait pas porter atteinte au système !

Deuxièmement, ces attaques sont d'autant plus incompréhensibles de la part de « progressistes » que les positions du candidat démocrate Albert Gore, vice-président de William Clinton pendant ses deux mandats, étaient très proches de celles de Bush : il avait voté pour la Guerre du Golfe, préconisant même de la poursuivre jusqu'à la chute de Saddam Hussein ; son colistier, Joseph Lieberman, est un ardent défenseur de la politique d'agression et d'occupation israélienne en Palestine. Et M. Gore s'était porté volontaire pour la guerre du Viêt-Nam.

LE TRISTE BILAN DU TANDEM CLINTON-GORE

Sous les mandats Clinton-Gore, l'écart entre les riches et les pauvres avait été multiplié par dix ; le nombre de prisonniers fédéraux avait presque doublé ; le nombre de personnes sans couverture sociale s'était accru de huit millions ; le système d'aide sociale fédéral avait été supprimé (1996) et le nombre de fonctionnaires réduit de façon drastique, tandis que La création de la l'Association de Libre Echange de l'Amérique du Nord (l'ALENA, qui inclue le Canada et le Mexique) et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC, 1993) a conduit à un appauvrissement accrû des plus démunis, tant à l'intérieur du pays que dans le monde entier. Ralph Nader accuse les démocrates d'avoir « gâché le parti en tournant le dos à ces millions de travailleurs aux emplois éliminés pour mieux jeter la souveraineté nationale en pâture à l'OMC, à l'ALENA et autre « machins » ensiglés de la mondialisation, taillés sur mesure pour Wall Street » (Le Monde Interactif, 31/10/00).

Sur le plan international, William Clinton a accordé à l'industrie de l'armement un budget plus élevé que le budget moyen pendant la guerre froide. Il a durci l'embargo contre l'Irak, qui a fait plus d'un million de morts, a multiplié les raids meurtriers contre les villes et les infrastructures vitales du pays dans les « no-fly zones » (zones interdites de survol - environ les deux tiers du pays). Il a entraîné l'Europe dans l'agression contre la Yougoslavie, au nom du nouvel « Humanisme militaire ». Il n'a pas hésité à utiliser des armes illégales de plus en plus puissantes, des bombes à fragmentation et à l'uranium appauvri, à bombarder des usines chimiques et un réacteur nucléaire expérimental en fonctionnement, créant des pollutions qui vont continuer de faire des dégâts pendant des milliers d'années.

Dès 1993, Clinton, qui avait placé des lobbyistes sionistes aux commandes de la politique au Moyen-Orient, a constamment soutenu Israël et s'est joué des Palestiniens avec les accords d'Oslo et autres Camp David. Il a bombardé l'Afghanistan et une usine pharmaceutique au Soudan en 1998 et a intensifié la prétendue « guerre contre la drogue » en Colombie.

En 1998, les sénateurs démocrates ont fait passer la Résolution 71, donnant à Clinton le pouvoir « d'entreprendre toutes les actions nécessaires et appropriées pour répondre à la menace posée par le refus de l'Iraq d'arrêter son programme de développement d'armes de destruction massive. » Cela permit au président démocrate de mener le 16 décembre 1998, en toute illégalité, l'opération « Renard du Désert », contre le peuple irakien qui mourait déjà à petit feu depuis huit ans des sanctions décrétées par l'ONU. Les forces anglo-américaines lancèrent alors sur l'Irak « un nouvel enfer de feu et de mort » (Benjamin) : en trois jours, les navires américains et les bombardiers B52 tirèrent plus de quatre cents missiles, soit presque un tiers de plus que pendant toute la guerre du Golfe en 1991 !

En résumé, en érigeant la guerre d'agression en guise de politique étrangère, Clinton a fait le lit des faucons actuellement au pouvoir à Washington. Le tout sans réactions de la gauche qui l'avait porté au pouvoir.

LE BILAN DES QUATRE ANNEES DU « MILITARISTE MESSIANIQUE » A LA MAISON BLANCHE

« La vérité, c'est que ce serait beaucoup plus clair si nous étions une dictature. Et si j'étais le dictateur ! »
G.W. Bush (2004)

« Certains vous appellent « l'élite », je vous appelle ma base »
G.W. Bush à un parterre d'hommes d'affaire millionnaires (2004)

Les guerres entreprises depuis 1990 sont illégitimes et donc, en principe, ceux qui en ont pris la responsabilité devraient être jugés comme des criminels de guerre. G.W. Bush est allé encore plus loin que ses prédécesseurs démocrates dans la violation des lois internationales. L'ONU est traitée par les Etats-Unis - avec la complicité des autres nations - « comme le fut naguère la SDN par les Etats fascistes » (Samir Amin). Nader et Camejo demandent au Congrès de mener une enquête en vue d'une procédure d'Impeachment en raison de l'illégalité et de l'inconstitutionnalité de la guerre contre l'Irak, particulièrement à partir des cinq plus gros mensonges (parmi lesquels les armes de destruction massives et la liaison Saddam Hussein-Al Quaïda) qui ont permis à l'administration Bush de « vendre » cette guerre au peuple américain.

Ralph Nader dénonce la collusion entre les faucons de Washington, fondamentalistes chrétiens, et les juifs ultra-sionistes (minoritaires), finement analysée dans le film documentaire de William Karel « Le monde selon Bush » (France, 2004).

Ralph Nader et Peter Camejo ont dressé le bilan du « conservateur compassionné » (« compassionate conservative », ainsi que Bush se définit) sur le plan de la politique intérieure. En trois ans, le nombre de pauvres a augmenté au rythme de plus d'un million par an, atteignant aujourd'hui le chiffre de 36 millions, soit 12,5% de la population ; 17,6% des enfants vivent au-dessous du seuil de pauvreté, surtout dans les familles d'Afro-américains. La politique du « No children left behind » (« Pas d'enfanst laissés de côté »), votée également par Kerry, a conduit à la fermeture de nombreuses écoles des quartiers pauvres. Dans son dernier rapport sur la situation des enfants dans le monde, l'UNICEF a classé les Etats-Unis au 34e rang sur 172 pour la mortalité infantile. Selon the Children's Defense Fund, un enfant américain sur cinq naît dans la pauvreté. Bush a refusé d'augmenter le salaire minimum, qui est actuellement de $5.15. Un travailleur à plein temps sur quatre gagne moins de $8.75 de l'heure. Près de la moitié de la baisse d'impôts votée en 2001 par le Congrès, qui a creusé le déficit et n'a bénéficié qu'au 1% des Américains les plus riches. Depuis 2002, les profits ont progressé de 50%, et les salaires de 0,8%.

« N'IMPORTE QUI SAUF BUSH » : La capitulation des dissidents americains

En 2004, la « guerre infinie contre le terrorisme » lancée par G.W. Bush en 2001 peut amplifier le vote « utile ». Depuis 2000, les attaques contre Ralph Nader ont redoublé, de la part des Démocrates, mais aussi d'une partie des progressistes américains. En effet, soudain pris de panique à l'idée que G.W. Bush pourrait être réélu, une partie des militants antiguerre, des écologistes et des altermondialistes ont abandonné celui qui porte leurs idées, pour soutenir Kerry. Cette attitude du « moins pire » (« lesser evilism ») est pourtant irrationnelle et très néfaste pour le mouvement qui s'était développé depuis Seattle, considérant le programme du Démocrate Kerry, très proche de celle de l'actuel président, et le triste bilan de l'administration Clinton.

Une campagne de calomnies et d'intimidation sans précedent de la part des « Démocrates »

Depuis plusieurs mois, des articles et des lettres ouvertes, tant dans la presse officielle (New York Times, Washington Post, Wall Street Journal) que dans celle de la vieille gauche libérale (The Nation, Mother Jones...) et des pétitions se multiplient pour demander le retrait de la candidature Nader-Camejo sur la base d'arguments fallacieux ; de nouveaux sites Internet se sont créé spécialement pour appeler les électeurs à ne pas « gâcher » leur voix. La campagne avait commencé un an avant l'annonce de sa candidature sur le thème : « Ce n'est pas l'année ».

Les « Démocrates » ont engagé des batailles juridiques sans précédent dans plus de vingt états dans le dessein de disqualifier un maximum de signatures pour interdire l'accès au scrutin de la candidature Nader-Camejo. Les sommes faramineuses investies auraient été plus intelligemment utilisées pour mobiliser les non votants.

Une présidentielle dominée par la peur

Les Républicains jouent sur la peur du terrorisme et les Démocrates, qui ont peur de Nader, jouent sur la peur de Bush pour capter les voix des progressistes. La campagne de Ralph Nader veut libérer les électeurs de cette peur, afin qu'ils puissent voter selon leurs convictions, leurs intérêts et leurs aspirations.

Même Noam Chomsky et Howard Zinn, l'auteur du best-seller « Une Histoire populaire des Etats-Unis», appellent à ne pas voter Nader dans les Etats où Kerry n'est pas sûr de l'emporter. Zinn affirme avec une certaine naïveté : « Je ne crois pas que Kerry puisse changer, mais avec lui il y a la possibilité qu'un puissant mouvement social puisse le changer, alors qu'avec Bush, il n'y a aucune chance. » Plusieurs artistes, comme le cinéaste Michael Moore, qui a soutenu le général belliciste Wesley Clark (auteur de crimes de guerre en Yougoslavie) lors des primaires démocrates, font la même démarche. Pourtant, ni la politique anti-sociale de William Clinton ni sa politique d'agression à l'extérieur n'ont jamais fait sortir des foules de manifestants dans les rues. Et la fausseté de ce type d'analyse n'a cessé de se vérifier à travers le monde, à commencer en France.

À l'opposé des personnalités qui cèdent à cet odieux chantage, qui a déjà fait perdre deux points à Ralph Nader dans les sondages, des intellectuels comme Alexander Cockburn, les « Verts pour Nader » et les « Démocrates pour Nader » et une grande partie des pacifistes pointent l'absence de différences entre les deux principaux candidats. A. Cockburn estime que « Nader accomplit son devoir ». En effet, à force de profiter des votes pour « le moins pire » qui lui sont acquis sans conditions, le parti Démocrate n'a cessé de se positionner toujours plus à droite. Ainsi, au fil des décennies, les Démocrates n'ont cessé de surenchérir avec les Républicains en matière de mesures anti-sociales et de politique d'agression à l'extérieur.

La memoire courte : la politique des presidents démocrates au cours de l'histoire des Etats-Unis

Aujourd'hui, ce sont deux candidats pro-guerre qui s'affrontent. Ralph Nader rappelle qu'en 1968, durant la guerre contre le VietNam, le même cas de figure s'était produit, avec les candidats Nixon et Humphrey.

Et les leaders associatifs qui appellent les militants et sympathisants à voter Kerry au prétexte qu'il serait « moins dangereux » oublient que c'est le Président démocrate Harry Truman (1945-1953), qui initia la guerre froide, mena une politique antisociale féroce (notamment contre les mineurs et les employés des chemins de fer) et lança les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945. De même que c'est Lindon B. Johnson - qui avait fait une campagne comme candidat de la paix contre le candidat va-t-en-guerre Barry Goldwater, et non Richard Nixon (1969-1974) qui est à l'origine de l'escalade de la guerre au VietNam en 1964. Plus tard, c'est Carter, et non Reagan, qui relança la guerre froide. Peu après le 11 septembre 2001, Hillary Clinton et Joseph Lieberman firent signer par la quasi-totalité des sénateurs démocrates une lettre demandant le renforcement du soutien à Israël.

KERRY, UN CANDIDAT PRO-GUERRE SOUTENU PAR UNE GRANDE PARTIE DES PACIFISTES

« J'ai su commander des bombardements aériens, le lancement de fusées, des avions, des troupes et des hélicoptères. J'ai exercé d'importantes responsabilités... sur un bateau transportant des armes nucléaires (...) J'ai remplacé un lieutenant-gouverneur... »
John Kerry, The Time, 2 septembre 2004.

Paradoxalement, une partie des millions d'activistes, d'intellectuels et d'artistes qui n'ont cessé depuis 2001 de manifester contre la politique belliciste des Etats-Unis, prône aujourd'hui de voter Kerry qui, après avoir adopté une position anti-guerre pendant les primaires du parti démocrate, pour battre son concurrent Howard Dean, se contente maintenant de critiquer la gestion de la guerre par l'administration Bush et soutient une occupation indéfinie de l'Irak. Kerry projette même d'augmenter de 40.000 hommes les effectifs des troupes sur le terrain, en accentuant la participation internationale. En tant que sénateur, Kerry a voté pour la guerre en Afghanistan et a donné les pleins pouvoirs au président pour attaquer l'Irak en octobre 2002, alors que, selon la Constitution, c'était au Congrès qu'il revenait d'en décider par un vote. Cette disposition ne pouvait être modifiée que par un amendement à la constitution.

Pis, Kerry a déclaré qu'il donnerait de nouveau carte blanche au président Bush et qu'il voterait de nouveau pour la guerre en Iraq, même en sachant ce qui se passe aujourd'hui, ce qui fait dire à Ralph Nader qu'il n'y a pas de fin à la surenchère (« me-too-ism ») de Kerry et de Bush à propos de l'Irak. Ce programme, soutenu par une partie des pacifistes, va à l'encontre de la volonté de la majorité des Américains, qui estiment que leur pays n'auraient pas du envahir l'Irak (54% selon un sondage Gallup de juillet 2004), et qui se prononcent à 50% pour un retrait immédiat des troupes. (Newsweek). Notons que les résultats ne cessent de fluctuer, en fonction des dernières déclarations tonitruantes des uns et des autres, et de la façon de poser les questions.

La plate-forme démocrate épouse les points-clés du programme néo-conservateur. En résumé, John Kerry promet de mener la même politique que George W.Bush, mais de façon plus efficace. Comme l'écrit Peter Camejo, Kerry est moins « Bush lite » (version allégée) que « Bush smart » (un Bush intelligent). Voter pour la copie ou l'original n'infléchira pas la politique impériale des Etats-Unis.

Au fur et à mesure qu'il se démasque, M. Kerry reçoit de plus en plus de subventions de multinationales, comme Lévi-Strauss, et de personnalités de la Silicon Valley, Fox News, Chrysler... Le programme de Kerry en matière de politique étrangère est similaire à celui de Bush : elle est fondée sur ce qui est le plus profitable pour les grosses multinationales américaines. Ainsi qu'un ancien diplomate américain l'annonçait cet été, si Kerry est élu, « Les Etats-Unis ne ratifieront ni le protocole de Kyoto, ni la convention d'Ottawa sur les mines antipersonnelles, ni la Cour Pénale Internationale... » (Time, 19 juillet 2004). Et peu importe la couleur du président des Etats-Unis aux civils irakiens bombardés, aux paysans colombiens victimes des escadrons de la mort, ni aux chômeurs américains mis à la rue.

Par ailleurs, John Kerry soutient la politique criminelle de Sharon contre le peuple palestinien. Il voit le mur de l'Apartheid comme « un acte de légitime défense » et se prononce pour l'élimination de Yasser Arafat « qui n'est pas un partenaire acceptable. » Le gouvernement américain, avec le soutien des deux grands partis, finance la guerre contre le peuple palestinien au prix de 15 millions de dollars par jour. Démocrates et Républicains refusent aux Palestiniens le droit au retour. Après que l'administration Bush eut donné à Ariel Sharon le feu vert pour déclencher sa campagne de terreur, John Kerry écrivit un article intitulé ».a cause d'Israël est celle de l'Amérique ». De son côté, G.W. Bush envisage « la création d'une zone de libre-échange Etats-Unis/Moyen-Orient d'ici une décennie. » (9 mai 2003).

Il préconise une attitude plus ferme en vue de se débarrasser des régimes de Chavez et de Fidel Castro. Il a voté, ainsi qu'Howard Dean pour le Patriot Act (26 octobre 2001) qui a considérablement restreint les libertés individuelles et plongé le pays dans un néo-maccarthysme, et il a promis d'intensifier la « guerre contre le terrorisme » s'il est élu. Sur le plan de la politique intérieure, son premier objectif est de réduire le déficit, ce qui est incompatible avec la création d'emplois.

Ainsi que l'écrit Peter Camejo : « Le plus grand mystère de cette campagne est que l'immense majorité des électeurs qui se prononcent en faveur du vote Kerry-Dean sont opposés à leur programme ». Observée de France, cette situation a un air de déjà-vu.

UN PROGRAMME RADICALEMENT ALTERNATIF A CELUI DES « REPUBLICRATES »

« Quand nous soumettons notre vote à la peur plutôt qu'à l'espoir, nous abandonnons notre volonté de changer le monde (...) Comment un 3e parti fort pourrait-il être construit aux Etats-Unis si les votes ne reflètent pas les convictions des citoyens ... »

Medea Benjamin et Rebecca Kaplan en réponse à Michael Lerner, « Refusons la politique du moins pire », Tikkun magazine, Sept-oct. 2000i0

La seule candidature contre la politique d'agression des Etats-Unis

La candidature Nader-Camejo est la seule candidature anti-guerre, avec celle de l'extrême gauche, John Parker-Teresa Guttierez. Ralph Nader presse les Etats-Unis de fixer une date pour le retrait rapide des troupes, des mercenaires et des multinationales comme Halliburton (liée au vice-président Dick Cheney) pour restituer à l'Irak une véritable souveraineté le plus tôt possible : « La spirale de la violence ne s'arrêtera pas tant que ce double retrait ne sera pas effectué ». M. Nader, qui a inlassablement dénoncé l'embargo décrété en 1990, veut arrêter le processus d'enlisement en Irak, qui fait de plus en plus de victimes (au rythme de mille irakiens par semaine selon Robert Fisk du Independant-UK). Début septembre 2004, on avait recensé 37.000 morts irakiens (selon Aljezeerah) et 1.000 GI's - sans compter les blessés, souvent handicapés à vie. L'occupation augmente l'insécurité dans la région, avec des coûts financiers énormes pour les USA : plus de 155 milliards de dollars ont déjà été dépensés pour la guerre. Le budget militaire des Etats-Unis dépasse celui de l'ensemble des autres pays du monde réunis11.

D'abord réformer la loi électorale

« Si j'étais élu, en premier lieu, je lancerais une grande initiative en faveur de la démocratie : concrètement, il s'agirait de financer les campagnes avec l'argent public et de déclarer le jour du scrutin férié... »
Ralph Nader 2000

Restaurer des libertés individuelles, promouvoir la Justice sociale et les droits des minorités

« Trois mille personne sont mortes le 11 septembre 2001, Mais un nombre supérieur de personne meurent chaque mois des conséquences de la politique anti-sociale du gouvernement en matière d'emploi, de conditions de travail et de santé. »

Ralph Nader, 11 septembre 2004

Sur le plan de la politique intérieure, le candidat alternatif propose des mesures concrètes en faveur de la Justice sociale, de protection des libertés individuelles : la révocation du Patriot Act. Ralph Nader s'est toujours battu pour une juste répartition des richesses, condition à la Paix dans le monde. L'instauration d'une couverture médicale universelle garantirait à tous les citoyens l'accès aux soins, alors que le nombre d'Américains sans couverture de santé ne cesse d'augmenter, dépassant aujourd'hui le chiffre de 45 millions. (Selon l'académie des sciences américaine, cette situation entraînerait le décès de 18.0000 Américains chaque année). Le nouveau système de protection sociale proposé permettrait aussi de réaliser d'importantes économies par une plus grande rationalisation. En effet, les Etats-Unis sont le pays qui a les grosses dépenses de santé au monde, et la tendance est toujours à la hausse, alors que l'OMS les classe en 37e position pour la qualité de leur système de santé. La diminution drastique des dépenses militaires permettrait de financer l'éducation pour tous - alors que des millions d'enfants sont laissés pour compte chaque année - et d'investir dans les infrastructures qui ne cessent de se dégrader, en favorisant la création de vrais emplois. Le programme Nader-Camejo prévoit de doubler le salaire horaire (10 dollars au lieu de 5.15 dollars/h).

Pour l'abolition de la peine de mort et la réforme du système carcéral

Adversaire résolu de la peine de mort, Ralph Nader préconise une réglementation sévère du port d'arme et s'oppose à la coûteuse guerre contre la drogue qui n'a conduit qu'à une augmentation de la criminalité et fait des Etats-Unis « le plus grand geôlier du monde. Il estime nécessaire une réforme du système carcéral, qui a fait des prisons l'une des industries les plus prospères du pays. (« Le principal programme de logement dans ce pays consiste à construire des prisons »). Il propose que la dépendance aux drogues illicites soit traitée comme un problème médical et de trouver des solutions non-violentes pour enrayer ce fléau (à l'origine lancé comme une arme contre la politisation des ghettos noirs).

Pour la démocratisation des lois du commerce international

« On n'est plus dans la liberté du commerce, mais dans une forme de fascisme dominé par les multinationales qui rêvent de changer la nature des choses et de contrôler les ressources génétiques universelles par des brevets monopolistiques... La priorité est d'élaborer des lois interdisant de breveter le vivant, en commençant par le domaine génétique. Car la mentalité mercantile est indifférente aux conséquences écologiques à long terme. »
Ralph Nader, Libération, 4-5 décembre 1999, c'est nous qui soulignons.

Pourfendeur de la mainmise des multinationales sur la politique depuis quarante ans, il dénonce les effets destructeurs de la mondialisation ultra-libérale sur l'environnement et les libertés publiques Le combat contre le pouvoir de ces sociétés tentaculaires, et leur condamnation pour leurs abus et leurs crimes est une priorité. Les Etats-Unis doivent se retirer de l'ALENA et de l'OMC. La démocratisation des lois du commerce implique de faire participer aux décisions les associations de défense de l'environnement, les travailleurs et les consommateurs.

Changer radicalement lapolitique energetique et protéger l'environnement : pour la sortie du nucléaire et des energies fossiles, le développement des energies PROPRES, l'application du principe pollueur/payeur

Dans le domaine de l'environnement, il préconise de développement des énergies renouvelables, la politique énergétique basée sur la dépendance au pétrole et au nucléaire ayant fait la preuve de sa dangerosité et de son inefficacité. Ralph Nader préconise une politique audacieuse qui permettrait de sortir du nucléaire en cinq ans et de se passer totalement des énergies fossiles en dix ans, grâce un transfert des subventions.

Il préconise aussi le transfert des subventions de l'agriculture industrielle à l'agriculture biologique et la protection des petits fermiers, acculés à la faillite par les grosses firmes agroalimentaires, le renforcement des lois sur l'Air, sur l'Eau, sur l'Air (qu'il a lui-même fait votées), et du principe pollueur-payeur, la promulgation d'une loi engageant leur responsabilité tout au long du cycle de leur activité, la révision des normes de rejet des produits toxiques dans l'environnement, avec un objectif de 0% émission, la généralisation du recyclage des ordures ménagères, l'étiquetage obligatoire des produits contenant des OGM, la création d'un programme national de substitution de matériaux sains aux matériaux chimiques et l'arrêt des exportations de déchets.

COMBATTRE « L'AUTRE ANTISEMITISME »

Ralph Nader dénonce « l'autre anti-sémitisme » dont font l'objet les Américains d'origine arabe depuis 2001 (soupçons, insultes, agressions...), en rappelant qu'ils sont aussi des sémites. La Ligue Anti-Diffamation (ADL), organisation de défense sioniste, a accusé Ralph Nader d'antisémitisme pour avoir dit que les locataires de la Maison Blanche étaient des marionnettes actionnées par A. Sharon (Washington Post, 20 Août 2004). Ralph Nader lui a répondu en citant la blague des Israéliens pour décrire cet état de fait : « Les Etats-Unis sont le second Etat d'Israél. » et le double-prix Pulitzer Thomas Friedman, spécialiste du Moyen-Orient :"Sharon tient le leader Palestinien Yasser Arafat prisonnier dans son bureau de Ramallah, et George Bush comme prisonnier dans son bureau oval. M. Sharon encercle M. Arafat avec des tanks, et M. Bush est encerclé par les lobbys juifs et fondamentalistes chrétiens, et par le preneur d'ordre de Sharon, Dick Cheney » (5 février 2004). Les présidents américains seraient en quelque sorte ainsi les otages « des lobbies pro-israéliens... qui accordent leurs voix en fonction du soutien accordé à Tsahal ». Regrettant que les derniers présidents des Etats-Unis aient refusé d'entendre les voix des mouvements pacifistes palestiniens et israéliens (comme B't'Selem) et les refuzniks) et, il rappelle que ni le Congrès ni la Maison-Blanche n'ont jamais osé contrarier les positions de l'Etat d'Israél depuis 1956.

RALPH NADER : « DECLAREZ VOTRE INDEPENDANCE : VOTEZ SELON VOS CONVICTIONS, PAS SOUS L'EMPRISE DE LA PEUR

Ainsi que l'écrivait Pascal Riché en 2000 dans le quotidien Libération : « ce qui serait passé voici quelques années comme un banal programme social-démocrate passe aujourd'hui pour un programme extrémiste. » (17/10/00). Et Ralph Nader prouve depuis quarante qu'il sait prendre les moyens pour faire appliquer ses idées. Contrairement aux autres candidats qui s'appliquent à adapter leur discours à leurs différents publics pour répondre à leur attente, il tient le même discours radical quel que soit son public. Malheureusement, il n'aura pas encore cette fois l'occasion de présenter son programme aux Américains lors des grands débats télévisés qui déterminent l'issue du scrutin...

Le sondage Gallup du mois d'avril créditait la candidature de Ralph Nader de 4% (entre 2 et 3% aujourd'hui), et celui de Newsweek a indiqué que 12% des moins de 29 ans avaient l'intention de voter pour lui. Ralph Nader, le premier candidat à la présidentielle d'origine arabe, et son colistier Peter Camejo - un activiste latino américain qui a marché aux côtés de Martin Luther King en Alabama, et toujours membre des Verts - ne pourront être élus, mais, si la loi électorale changeait, laissant les électeurs voter selon leur convictions, le score du 3e parti pourrait, selon certains politologues, attendre 30% des voix, montrant au monde que les Américains (dont un sur deux seulement vote) aspirent à une autre politique, non régie par les intérêts du complexe militaro-industriel et des multinationales. Ralph Nader ne mendie pas les voix des progressistes : il demande simplement à chaque citoyen de voter « selon sa conscience », quel que soit son choix. Par ailleurs, l'élection aux USA, qui prétendent gouverner l'ensemble de la planète, concerne tous les citoyens du monde, qui devraient logiquement réclamer un droit de vote !

Joëlle PENOCHET
1er octobre 2004

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