Est ce qu’on a le droit de critiquer Israël?  
Bien sur que non. L’État hébreu refuse d’être critiqué par tout le monde. Cette fois-ci, en Norvège. Dans ce pays démocratique connu par sa contribution à la paix en Moyen Orient, les diplomates israéliens attaquent les autorités norvégiens d’avoir permis à un artiste d’exposer son œuvre critiquant l’État hébreu.

 
Mohamed Nabil
hik...@swissinfo.org

Est ce qu'on a le droit de critiquer Israël ? Bien sur que non. L'État hébreu refuse d'être critiqué par tout le monde. Cette fois-ci, en Norvège. Dans ce pays démocratique connu par sa contribution à la paix en Moyen Orient, les diplomates israéliens attaquent les autorités norvégiennes d'avoir permis à un artiste d'exposer son œuvre critiquant l'État hébreu.

Après la protestation contre le fameux sondage montrant que la majorité des Européens considère qu'Israël menace la paix dans le monde, l'ambassade d'Israël à Oslo a exprimé la semaine dernière son opposition auprès des autorités locales à l'exposition en plein coeur de la capitale norvégienne d'une oeuvre d'art critique de l'État hébreu, selon une lettre dont la copie a été transmise à l'agence France Presse. L'œuvre d'art est sous forme d'un statut réalisé par l'artiste norvégien décédé, Sigurd Bjoern Engvik, qui a combiné des étoiles de David ensanglantées, des sigles de dollars et des mots tels que "meurtre", "Sabra" et "Chatila". Ces derniers sont des noms de deux camps palestiniens au Liban où des centaines de civils avaient été tués en septembre 1982 avec la complicité de l'armée israélienne. Comme d'habitude, les Israéliens ont cherché des prétextes pour justifier leur critique en parlant une autre fois du nazisme. Dans ce sens, Tamar Rahamimoff-Honig, porte-parole de l'ambassade d'Israël a déclaré à l'AFP que « le fait d'associer la création d'Israël à un Holocauste est la pire association possible ».

L'attitude norvégienne a soutenu le droit à la liberté d'expression. Dans ce contexte, le responsable de la municipalité d'Oslo, Oscar Halvorsen, a précisé que la place Youngstorget est l'endroit où s'expriment traditionnellement les opinions politiques en Norvège et qu'on ne peut pas décréter ce qui est acceptable ou pas. Il a ajouté que la sculpture serait enlevée « dans trois ou quatre semaines dans le cadre de la rotation normale des œuvres d'art ».

Lorsqu'il s'agit de la cause palestinienne, la politique étrangère israélienne en Norvège est contradictoire. Aujourd'hui, les Israéliens refusent un produit d'un artiste norvégien d'être exposé dans son pays, bien qu'en mai dernier, l'organisation humanitaire israélienne Zaka avait exposé, sur la même place, la carcasse d'un bus israélien, cible en 2002 d'une attaque par un kamikaze palestinien, dans laquelle 19 personnes avaient perdu la vie.

Nul ne peut nier que le discours sur l'antisémitisme est devenu un enjeu politique israélien, cela soulève plusieurs questions et des attitudes controversées. « Il ne faut pas nier l'antisémitisme. Il faut le combattre encore et toujours parce qu'il n'a pas disparu. Mais il ne faut pas non plus l'instrumentaliser » (1).

En somme, les contestations israéliennes ne peuvent pas résister à l'opinion internationale qui défend le droit d'expression et la liberté de la création dans un monde orienté vers la violence, et qui dépend nécessairement de la capacité à promouvoir une paix juste et durable, d'abord et principalement entre Israël et le peuple palestinien.

(1) Boniface, Pascal, Est –il permis de critiquer Israël ? Edition Robert Laffont, S. A, Paris, 2003, p. 13.