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La communication serait-elle une science?

Anonyme, Martes, Septiembre 14, 2004 - 23:10

Amina Paradis

Tout d’abord, pour répondre à la question posée : « La communication serait-elle une science ? », il est nécessaire d’élaborer une autre question, à savoir, qu’est-ce qu’une science ? Les philosophes, qui ont traité cette problématique, ont visé deux objectifs : Premièrement, d’établir des critères de démarcation entre science et non science, et deuxièmement, d’évaluer à l’aide de ces critères, les différentes disciplines qui se présentent comme des sciences. D’après ces objectives, les critères pour constituer une science se réalisent selon un modèle de scientificité commun, qui se veut empiriste, objectiviste et quantitativiste. Cependant, ce modèle ne s’applique pas sans problème à toutes les disciplines existantes, en conséquence, la réflexion scientifique conduit les philosophes à une distinction entre deux sortes de sciences : la première, qui répond exactement aux critères de démarcation et qu’on appelle en général sciences de la nature, et la deuxième, qui ne correspond que partiellement aux critères exigés, nommée sciences sociales ou sciences de l’esprit, dans laquelle la communication est souvent classée. Mais est-ce que les sciences sociales sont alors des véritables sciences ? Quelles sont leurs caractéristiques spécifiques, comment s’opère leur production de connaissances et quelle valeur peut-on accorder à la connaissance ainsi produite ?

Tout d’abord, pour répondre à la question posée : « La communication serait-elle une science ? », il est nécessaire d’élaborer une autre question, à savoir, qu’est-ce qu’une science ? Les philosophes, qui ont traité cette problématique, ont visé deux objectifs : Premièrement, d’établir des critères de démarcation entre science et non science, et deuxièmement, d’évaluer à l’aide de ces critères, les différentes disciplines qui se présentent comme des sciences. (1) D’après ces objectives, les critères pour constituer une science se réalisent selon un modèle de scientificité commun, qui se veut empiriste, objectiviste et quantitativiste. (2) Cependant, ce modèle ne s’applique pas sans problème à toutes les disciplines existantes, en conséquence, la réflexion scientifique conduit les philosophes à une distinction entre deux sortes de sciences : la première, qui répond exactement aux critères de démarcation et qu’on appelle en général sciences de la nature, et la deuxième, qui ne correspond que partiellement aux critères exigés, nommée sciences sociales ou sciences de l’esprit, dans laquelle la communication est souvent classée. Mais est-ce que les sciences sociales sont alors des véritables sciences ? Quelles sont leurs caractéristiques spécifiques, comment s’opère leur production de connaissances et quelle valeur peut-on accorder à la connaissance ainsi produite ? (3)

Afin d’éclaircir ces questions, considérons tout d’abord les sciences de la nature. La première caractéristique de la scientificité, selon les normes de démarcation, est le fondement sur la Méthode comme principe de connaissance, en rupture avec le savoir commun. La Méthode conduit à l’objectivité, indice de la scientificité. Les sciences de la nature sont basées sur ce fondement épistémologique. Elles s’intéressent à un noyau dur, un objet autonome, comme la physique, qui est examiné dans un contexte a-historique, sans dimension volitive. L’analyse se fait d’une manière nomothétique, afin de confirmer l’existence des objets étudiés, de les expliquer à l’aide de l’expérimentation, de visualiser leurs rapports de causalité et enfin d’en dégager des lois. Cette approche, longtemps considérée comme seule conduite scientifique, a aussi été réalisée en sciences sociales, surtout en sociologie, par Francis Bacon, Auguste Comte et Émile Durkheim, qui ont suivi ce cheminement menant à l’école du positivisme. Ces chercheurs ont fait la recherche dans les domaines qui ont trait au social de la même manière que dans les sciences de la nature, afin de répondre à leurs critères scientifiques. On appelle les sciences qui sont maniées ainsi, sciences du social.
Pourtant, cette approche positiviste témoigne des faiblesses, car le monde du social n’est pas totalement déterminé comme le monde de la nature. L’objet dans les recherches sociales n’est pas nécessairement un objet physique, mais un objet imaginé ou un sujet conscient, capable de penser et d’agir. Ce dernier ne peut pas servir de cobaye dans un laboratoire. En plus, l’être humain en tant que sujet de la recherche, dispose d’une dimension volitive qui nécessite de prendre en considération la dimension historique, c’est-à-dire l’historicité de l’objet étudié. La méthode d’analyse qui est ainsi appliquée à la base des sciences sociales, se fonde sur la compréhension et sur l’interprétation du sujet. Cette analyse est de l’ordre idiographique. Au sein de cette idiographie, la compréhension pose un problème car elle représente une entrave à l’objectivité et remet alors en question la scientificité des sciences sociales.
La distinction entre objectivité et subjectivité dans la science est donc une problématique, non seulement pour les sciences sociales, mais aussi pour les sciences de la nature, en raison du chercheur lui-même, qui est un sujet conscient et subjectif. Le point essentiel qui sépare les sciences de la nature des sciences de l’esprit, est la critique épistémologique sur la faculté de connaître. La première tache des scientifiques en sciences sociales est de l’ordre épistémologie, c’est-à-dire l’analyse critique de leur propre activité scientifique.

Afin de comprendre le rôle de la communication en tant que science dans cet ensemble, il faut élucider les différentes dimensions des sciences sociales sur lesquels se balancent l’objectivité et la subjectivité. Il y a quatre niveaux d’analyse à la base des courants différents qui se sont développées dans le domaine des sciences sociales. Premièrement, au niveau ontologique, on trouve le nominalisme comme approche subjective, et le réalisme comme approche objective. Puis, sur le plan épistémologique, il y a le positivisme, l’extrême objectif, et l’anti-positivisme, l’extrême subjectif. Ensuite, au niveau de la nature humaine, la subjectivité est exprimée par le volontarisme et l’objectivité par le déterminisme. Finalement, sur le plan méthodologique, l’idiographie reflète le pôle subjectif et la nomothétique celui de l’objectivité. (4) Cette pluralisation des approches est un mouvement qui anime les sciences sociales autour d’un noyau disciplinaire commun. (5) Les points extrêmes de chaque niveau sont les suppositions clés pour comprendre les théories sociales.

En analysant maintenant la scientificité de la communication, nous constatons que les courants de cette théorie relèvent d’une double nécessité épistémologique, qui exige l’analyse de l’activité cognitive du chercheur ainsi que l’évaluation de cette analyse. La réflexion sur la communication est alors le premier travail à faire en se posant la question : Comment peut-on communiquer sur la communication ? Cette réflexion vise à insérer la communication dans le champ scientifique, ce qui soulève plusieurs problèmes.
Tout d’abord, on remarque qu’il est difficile de fixer le noyau dur de la communication, son sujet autonome, car elle traverse des domaines multiples. Une manière de la caractériser serait par son point de focalisation sur l’échange de l’information, qui mène sans doute dans le domaine social, pourtant, la communication ne s’intéresse pas exclusivement à lui. Cette indétermination de l’objet autonome provoque des approches multiples au sein de la communication. Les approches s’insèrent dans les niveaux d’analyse des sciences sociales, mentionnés plus haut.
Les courants les plus importants en communication visent avant tout l’objectivité comme preuve scientifique. Cependant, pour analyser la communication, il faut la comprendre. Par ailleurs, une compréhension ne peut pas opérer sans explication. « La caractéristique d’une telle approche serait un inachèvement structurel, car son objectif ne serait jamais atteint. La compréhension est une tache infinie qui s’établit dans la permanence d’un rapport dialectique. » (6) L’activité de la communication ne conduit pas à un résultat concret, c’est-à-dire une loi, mais à un dialogue d’interprétation. Ainsi, l’objectivité ne concerne plus un objet de connaissance mais un sujet connaissant. Dans ce sens, il est difficile de concilier la compréhension et l’objectivité, la scientificité de la communication est alors douteuse. Pour la valider malgré tout, les chercheurs en communication ont introduit des mécanismes de contrôles, afin de justifier leur requête scientifique.

Néanmoins, la scientificité de la communication reste incertaine. Si on examine de près les faits à étudier en communication, on constate que souvent, ils n’ont rien de substantiel ou de naturel, ils existent plutôt à travers d’un réseau immatériel des relations. (7) C’est pareil dans presque toutes les théories qui s’insèrent dans les sciences sociales. La valeur de l’objet étudié est plus importante que son existence. L’objet en communication résulte, comme en linguistique, « d’un découpage et d’une mise en opposition structurelle, c’est une décision critique du chercheur ou de l’observateur qui crée l’objet. Ailleurs il y a des objets donnés, que l’on est libre de considérer ensuite à différents points de vue. Aucune chose, aucun objet n’est donné un seul instant en soi. » (8) À cet égard, la communication n’est donc pas une science de la nature, mais elle peut être intégrée dans les sciences de l’esprit.
Dans le vaste domaine de communication, une prévision des recherches est impossible, car leurs objets sont construits. Cette construction se base sur le choix individuel du chercheur et elle risque donc d’être subjective et non scientifique. Par conséquent, la communication ne peut pas être considérée comme une vérité universelle, parce que son fondement est lié à des jugements de valeurs. Elle n’est pas au même niveau scientifique comme les sciences de la nature, mais elle revendique quand même son statut de science en rappelant ses forces de remise en question qui assurent la stabilité du savoir savant.

En conclusion, nous constatons qu’il est difficile de répondre à la question initiale avec un simple oui ou non. Certes, la communication ne répond pas aux critères stricts des sciences de la nature, mais dans la mesure d’acquisition des connaissances, elle propose des dispositifs qui relèvent d’une scientificité. La communication peut être classée dans le rang des sciences sociales, mais elle se trouve comme eux confronté aux conditions de scientificité, qui exigent une analyse au regard des critères normatifs. En revanche, ces critères devraient être interrogés dans leur constitution et dans leur légitimité, ainsi ils pourraient être changés au profit de la reconnaissance scientifique des sciences sociales. Tout compte fait, il ne serait pas juste de désigner la communication comme une science, avant que les critères de définition de la science ne soient pas déterminés sans équivoque.

Bibliographie:

(1)OGIEN Ruwen (2001) « Philosophie des sciences sociales » dans Épistémologie des sciences sociales, Presses Universitaires de France, Paris : p.522, 523.
(2)BERTHÉLOT Jean-Michel (2001) « Les sciences du social » dans Épistémologie des sciences sociales, Presses Universitaires de France, Paris : p.217 – 219.
(3)BERTHÉLOT Jean-Michel (2001) « Les sciences du social » dans Épistémologie des sciences sociales, Presses Universitaires de France, Paris : p.203- 204.
(4)BURRELL Gibson, GARETH, Morgan (1979) « Sociological Paradigms and Organisational Analysis » dans Recueil de textes : Théories de la Communication, Roger de la Garde, Université Laval, Québec, 2003, p 172 – 177.
(5)BERTHÉLOT, Jean-Michel (2001) « Programmes, paradigmes, disciplines : pluralité et unité des sciences sociales » dans Épistémologie des sciences sociales, Presses Universitaires de France, Paris : p.460.
(6)BOUILLOUD Jean-Philippe (1997) « Sociologie et société. Épistémologie de la réception. » dans Recueil de textes : Théories de la Communication, Roger de la Garde, Québec, 2003, p 127 – 128.
(7)BOUGNOUX Daniel (1979) « Les sciences du langage et de la communication » dans Épistémologie des sciences sociales, Presses Universitaires de France, Paris : p.153.
(8)Ibid.

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