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L'énergie Solaire pour un développement durable.

SebastienT79, Viernes, Septiembre 3, 2004 - 11:04

SébastienT79

Hiver comme été, le soleil envoie sur le sol quelque 1000 watts par mètre carré, soit l’équivalent d’un calorifère électrique.

Qui oserait imaginer que le plus grand capteur solaire du monde est installé ici, à Montréal, et qu’il permet à l’usine Canadair de Saint-Laurent, propriété de Bombardier, de réaliser des économies annuelles d’électricité de 100 000 $ en plein hiver ?

Cet exemple bien réel illustre mieux que tout ’ignorance des Québécois à l’endroit du potentiel, pour les résidences et les industries, de l’énergie solaire, la forme la plus systématiquement boudée par les gouvernements dans leurs programmes d’aide financière et d’information, dans les normes publiques régissant l’industrie de la construction et dans la planification urbaine. Et pourtant, nos gouvernements sont d’importants clients d’équipement de photovoltaïque, de chauffage solaire passif dans leurs édifices, de toits réfléchissants et de murs solaires...

Au fond, explique l’architecte à la retraite Christian Ouellet, pionnier du solaire passif au Québec, les Québécois pensent encore que le solaire n’est pas adapté à un pays aussi froid où l’électricité coûte si peu.

Brian Wilkinson, président de la société Matrix, a installé le système de mur solaire chez Canadair et d’autres dans deux autres divisions de Bombardier ainsi que dans une trentaine d’entreprises, laboratoires et écoles du Québec. Il explique que le soleil envoie sur le sol, hiver comme été, et souvent encore plus en hiver qu’en été en raison d’un taux d’humidité moindre dans l’air, quelque 1000 watts par mètre carré. C’est l’équivalent d’un calorifère électrique pour chaque mètre carré de sol !

Or, ajoute Christian Ouellet, la plupart des Québécois ignorent que Montréal bénéficie de 2000 heures de soleil par année, soit l’équivalent de Miami. Chicoutimi en a davantage et la Côte-Nord, encore plus ! En comparaison, Saint John, à Terre-Neuve, Rome et Londres comptent 1500 heures d’ensoleillement par année et Vancouver... 800 !

Les systèmes qui utilisent l’énergie solaire se divisent en deux groupes : passifs ou actifs, comme celui de Canadair qui préchauffe derrière son mur de tôle ondulée et ajourée les un million de mètres cubes à l’heure requis pour la ventilation des opérations industrielles de son énorme bâtiment. En hiver, le mur solaire peut utiliser de l’air extérieur à - 25 °C et la préchauffer à 5 °C. Gratuitement ! Ce système a coûté 285 000 $ de plus qu’un système conventionnel, soit environ 25 % de plus. Mais il s’est payé en 1,7 année grâce à des économies d’énergie annuelles d’environ 100 000 $. Les systèmes dits actifs comprennent aussi le photovoltaïque (PV), qui permet de transformer l’énergie de la lumière en électricité par des panneaux. Il englobe aussi les nombreux systèmes qui captent l’énergie solaire pour préchauffer l’eau des maisons et les systèmes de capteurs qui emmagasinent la chaleur solaire dans les dalles de ciment, au sous-sol ou dans des foyers de masse, pour la libérer ensuite lentement dans la maison.

« Mais le plus simple de tous les systèmes, explique Christian Ouellet, qui s’est présenté aux élections fédérales dans Missisquoi pour donner une voie à l’énergie durable au Parlement, c’est encore le solaire passif. » Et, dit-il, compte tenu des modestes investissements requis, c’est encore la plus accessible des solutions.

On capte « passivement » l’énergie du soleil pour chauffer une maison en hiver au moyen de fenêtres doubles, préférablement triples, avec une membrane qui laisse entrer les rayons UV mais réduit par réflexion la perte de chaleur. Moyennant certaines conditions, on peut ainsi aller chercher jusqu’à 15 % du chauffage hivernal par ce moyen peu dispendieux parce que, une fois amorti, il fonctionnera gratuitement pendant des décennies. Mais, explique Christian Ouellet, il faut une bonne orientation de la maison -- idéalement 15 degrés sud-est parce que en hiver le soleil du matin est plus généreux que celui de l’après-midi -- et pas d’obstacles, surtout pas des sapins opaques... Des arbres à feuilles, qui se dégarnissent en hiver, ne vont pas trop réduire le gain d’énergie en cette saison et vont permettre d’autres économies d’énergie par leur ombrage frais en été. Comme le soleil est plus haut à l’horizon en été, ses rayons vont être réfléchis plutôt qu’absorbés par de bonnes fenêtres. Le système sera encore plus efficace si un balcon ou un auvent place les fenêtres définitivement à l’abri des rayons du soleil.

Au Québec, explique l’architecte à la retraite, même si on sait depuis près de 30 ans que le solaire passif permettrait des économies massives de chauffage, la principale dépense d’énergie des familles, le gouvernement ne s’est pas encore décidé à obliger les municipalités à aligner les rues de façon à obtenir un ensoleillement optimal des nouvelles résidences, lesquelles pourraient ainsi bénéficier de cette manne durant 100 à 150 ans. Au Québec, le gouvernement profite des ventes massives d’électricité, un « conflit d’intérêts » qui empêche une claire affirmation de l’intérêt public dans le sens du développement durable, dit-il.

Les stratégies d’utilisation de l’énergie solaire, explique Christian Ouellet, ont beaucoup évolué depuis qu’il est parti en 1978 avec 10 de ses étudiants pour aller étudier dans 17 pays européens les techniques solaires déjà utilisées là-bas. Ce voyage a été le point de départ de plusieurs vocations en architecture solaire au Québec. S’il a construit ici et là des dizaines de maisons intégrant ces techniques, des projets immobiliers majeurs ont failli voir le jour, comme à Saint-Jean-sur-le-Richelieu, où des entrepreneurs voulaient construire près de 500 maisons solaires. Mais un marché stagnant et l’indifférence du public pour une facture d’énergie moindre -- « les gens achètent une maison s’il y a de beaux planchers, une belle cuisine et une grande salle de bains, une riche façade et deux beaux garages ! » -- a incité l’architecte à délaisser le résidentiel au profit d’édifices plus grands où les propriétaires et leurs consultants calculent méticuleusement la facture d’énergie. Ce qui explique, par exemple, le succès des murs solaires au Québec.

Aujourd’hui, on ne s’en tient plus au solaire, qu’on intègre à une stratégie plus large que Christian Ouellet appelle la bioclimatique, à l’origine des nouveaux « bâtiments verts ». Ces derniers vont utiliser des matériaux recyclés, capables d’absorber par leur poids des quantités d’énergie solaire plus grandes dans leurs murs et planchers, lesquels libéreront la nuit l’énergie emmagasinée durant le jour. Cela inclura aussi des moyens de réduire la dépense globale d’énergie par des toits verts ou réfléchissants, déjà de plus en plus nombreux à Montréal. Un bâtiment vert se rafraîchira en été avec l’air frais du côté nord et une cheminée vitrée sur le toit créera un mouvement ascendant qui aspirera dehors l’air intérieur vicié et trop chaud. Et l’éclairage d’un bâtiment vert sera évidemment le plus naturel possible, réduisant encore davantage la facture d’énergie.

Cette approche énergétique plus globale ne se limite pas aux composantes internes de la maison. Il faut, explique Christian Ouellet, dans une logique d’impact énergétique minimal, que l’on construise des maisons plus rapprochées pour réduire le nombre de murs et la déperdition de chaleur. On multiplie d’autant les gains réalisés par le solaire passif. Il est ainsi plus rentable de récupérer l’eau de pluie pour les parterres, gazons et jardins. L’intégration de photovoltaïque peut enfin réduire la chaleur sur les toits en captant et en transformant cette énergie de façon utile au lieu d’avoir à acheter de l’électricité pour climatiser ces maisons dont l’isolation impeccable les rend plus chaudes et plus économiques en hiver mais aussi plus fraîches et plus économiques en été.

Ce qui manque ici, au Québec, conclut Chistian Ouellet, ce sont des prêts sans intérêt qui se financeraient en partie par l’énergie récupérée par Hydro-Québec et revendue à profit à d’autres. Il faut, dit-il, changer cette mentalité de court terme selon laquelle seules des solutions qui se payent sur trois ou quatre ans sont bonnes car, même si leur financement exige huit ou dix ans, elles fonctionneront pendant des décennies par la suite avec des économies récurrentes.

« On ne peut pas laisser une Terre dévastée à nos enfants sous prétexte que le retour sur l’investissement des solutions est trop long. Cette vision à courte vue n’est plus compatible avec la véritable protection de l’environnement », conclut l’architecte, qui n’a rien perdu de son enthousiasme avec la retraite.

Publié par Louis-Gilles Francoeur le 7 août 2004
Source: Coalition Québec Vert Kyoto

Une coalition de groupes, associations, partis et citoyens oeuvrant dans la protection de l'environnement.
quebec-vert-kyoto.org


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