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L'avènement du surhomme

Louise-Ann Maher, Martes, Agosto 3, 2004 - 07:01

Luc Ferry

 
De Hitler à Dolly : face aux biotechnologies, l'humanisme est-il « dépassé » ?

 
Un philosophe allemand, Peter Sloterdijk, vient de faire scandale en évoquant la possibilité de manipulations génétiques qui permettraient d'opérer une « sélection prénatale », voire une « planification explicite des caractéristiques » de l'espèce humaine en vue d'établir sa « domestication » sur des bases nouvelles. En des temps où le gouvernement de Bonn s'installe à Berlin, symbolisant ainsi le retour définitif à une situation antérieure au nazisme, c'était à l'évidence une provocation.

Les plus grands hebdomadaires, Die Zeit et Der Spiegel en tête, ont aussitôt accusé Sloterdijk de vouloir ressusciter les vieux démons de l'eugénisme et de la biologie raciste. Jürgen Habermas lui-même, le principal chef de file de la pensée humaniste et démocratique en Allemagne, n'a pas hésité à déclarer que son jeune collègue avait franchi les limites du tolérable... tandis que ce dernier lui reprocherait d'avoir organisé personnellement la vaste campagne de presse qui s'est déchaînée contre lui. Il s'agissait pourtant au départ d'une intervention ardue dans un colloque universitaire consacré à l'oeuvre, plus ardue encore, de Heidegger et Levinas. A première vue, pas de quoi fouetter un chat. Qu'a dit au juste Sloterdijk qui puisse choquer à ce point et déclencher une polémique qui dépasse maintenant les frontières de son pays ? Il n'est pas inutile d'y revenir dans cette période où, en France même, notre Parlement s'apprête à réexaminer les lois de 1994 sur la bioéthique en y intégrant justement la difficile question du clonage.

Premier thème développé par Sloterdijk : nous serions à l'aube d'une ère nouvelle dont les fondements seraient résolument « postlittéraires, postépistolaires et, par conséquent, posthumanistes ». Ce diagnostic s'inscrit dans le sillage de la critique, désormais classique, adressée par Nietzsche aux « prêtres et aux professeurs  » chargés d'inculquer les valeurs morales traditionnelles : sous prétexte d'idéaux élevés, ils n'auraient en réalité d'autre but que de domestiquer les instincts sauvages et les pulsions de révolte, persuadés qu'il « existe un rapport essentiel entre la lecture, la station assise et l'apaisement ». Ironie toute nietzschéenne, selon laquelle « le thème latent de l'humanisme est le désensauvagement de l'homme et sa thèse implicite l'idée que de bonnes lectures adoucissent ses mœurs ». Pour le « débestialiser » - pour le « discipliner », aurait dit Foucault, un autre maître à penser de Sloterdijk -, on lui ferait donc ingérer dès sa plus tendre enfance les « grands auteurs » dont la vertu principale résiderait dans les effets calmants. Mais, avec l'apparition de la culture de masse, de la télévision, puis des nouvelles technologies des réseaux numériques, ces psychotropes ordinaires ne fonctionneraient plus, appelant des remèdes autrement efficaces... Qu'on ne s'y trompe pas : Peter Sloterdijk n'a rien d'un nostalgique. Il ne déplore nullement, à la manière d'un Debray ou d'un Finkielkraut, le déclin des humanités ou la déréliction de l'école républicaine face à l'avènement de la vidéosphère et de l'industrie culturelle. Sloterdijk a bien lu Heidegger et, comme lui, il tient l'humanisme - qu'il soit antique, chrétien ou républicain - pour « l'agent de la non-pensée depuis deux mille ans ». Sa liquidation n'est donc pas une mauvaise nouvelle, au contraire : c'est seulement sur ses décombres que pourrait apparaître enfin un « homme nouveau ».

De là le deuxième thème, en forme d'interrogation, qui traverse son discours : si les fausses valeurs morales, vaincues par la montée en puissance des mass media et l'éclipse des oeuvres canoniques, ne sont plus aptes à gérer nos sociétés « postlittéraires », quel pourrait être à l'avenir le principe d'une nouvelle organisation du « parc humain » ? Laissons, ici encore, la parole à Sloterdijk : « Par quels moyens pourrait-on apprivoiser l'homme si même l'humanisme, véritable école de domestication, a échoué ? Qu'est-ce qui pourrait l'apprivoiser si, malgré toutes les expériences d'éducation de l'espèce humaine, la question de savoir qui forme les éducateurs à enseigner quoi n'est toujours pas claire ? » Ne faut-il pas enfin s'attaquer explicitement à « l'impensé fondamental de l'humanisme  » : la question de la régulation de l'espèce humaine par d'autres voies que celles de l'éducation traditionnelle ?

D'où son troisième motif, dont on comprend qu'il ait pu provoquer quelques remous dans l'assistance : il faudrait peut-être avoir le courage de se servir des potentialités inédites offertes par les manipulations génétiques pour envisager une nouvelle étape, celle-ci explicite, volontaire et consciente, de la domestication de l'humanité. Écoutons encore Sloterdijk : « Quand les possibilités scientifiques se développent dans un domaine positif, les gens auraient tort de laisser agir à leur place, comme s'ils étaient aussi impuissants qu'avant, un pouvoir supérieur [...] On sait que les refus, les démissions sont condamnés à la stérilité : il faudrait donc à l'avenir jouer le jeu activement, et formuler un code des anthropotechnologies... Il suffit qu'il soit bien clair que les prochaines longues périodes seront pour l'humanité celles des décisions politiques concernant l'espèce. Ce qui se décidera, c'est si l'humanité ou ses principales parties seront capables d'introduire des procédures efficaces d'autoapprivoisement [...], si l'anthropotechnologie du futur ira jusqu'à une planification explicite des caractères génétiques, si l'humanité dans son entier sera capable de passer du fatalisme de la naissance à la naissance choisie et à la sélection prénatale... » Bref, même si Sloterdijk reconnaît le caractère troublant de ses propres questions, elles lui semblent devoir être aujourd'hui posées franchement, hors de toute référence à la morale républicaine ainsi qu'à l'idéologie, « dépassée », selon lui, des droits de l'homme. C'est alors que « l'entretien des hommes dans des parcs - et des villes  » - pourra apparaître pour ce qu'il est vraiment : « une tâche zoopolitique », où « ce qui se présente comme une réflexion politique porte en réalité sur les règles d'un fonctionnement des parcs humains ». Tout simplement...

Sloterdijk pense-t-il vraiment ce qu'il dit ? A-t-il plutôt voulu, comme on dit des enfants, « faire son intéressant » en jetant un joli pavé dans la mare ? C'est à voir. Cette polémique confirme en tout cas ce que nous étions quelques-uns à annoncer depuis plusieurs années : c'est bien dans une confrontation avec les biotechnologies que les questions philosophiques les plus classiques retrouvent une vigueur qu'elles avaient souvent perdue du côté de la réflexion politique traditionnelle. Pour tous ceux qui se souviennent un tant soit peu de l'atmosphère intellectuelle des années 60 et des idéologies antihumanistes qui, après celle de Dieu, se plaisaient à décréter la « mort de l'homme », elles ont pourtant un air de déjà-vu. Simplement, les possibilités ouvertes par la biologie contemporaine leur donnent une coloration assez inquiétante pour qu'on se donne la peine d'y revenir : peut- on enfin, comme nous le suggère Sloterdijk, signer tranquillement l'acte de décès des morales humanistes ?

L'humanisme est-il désarmé ? L'exemple du clonage

C'est là, en effet, tout l'enjeu du débat sur les biotechnologies, comme le montre de manière remarquable le livre que viennent de consacrer à la question du clonage (« Le clonage humain », Seuil) cinq chercheurs d'horizons très différents : un biologiste, Henri Atlan, un anthropologue, Marc Augé, une juriste, Mireille Delmas-Marty, un philosophe, Roger-Pol Droit, une historienne, Nadine Fresco. Avec une belle honnêteté, ils avouent être partis de la conviction encore non réfléchie qu'il fallait coûte que coûte interdire le clonage. En cela, nos cinq intellectuels se retrouvaient dans la situation qui fut celle de l'immense majorité de nos concitoyens comme des autorités responsables : dès l'annonce du clonage de Dolly la brebis, la volonté de prohiber toute extension de cette technique à l'espèce humaine fut quasiment unanime, du président de la République à l'Église catholique en passant par le Comité d'éthique, le Conseil d'État, le Conseil de l'Europe, l'Unesco, etc. Il y eut bien en Grande-Bretagne et aux États-Unis quelques voix dissidentes, mais elles ne vinrent qu'après coup, et restent aujourd'hui encore marginales. C'est donc pour étayer cette intuition première que ces chercheurs se sont réunis en vue d'élaborer des arguments plus solides pour les soumettre au débat commun. C'est dire aussi que tous ont le mérite, fort rare en l'occurrence, de faire leur le principe démocratique fondamental selon lequel il est non pas interdit d'interdire, ce qui serait absurde, mais du moins interdit de le faire sans raisons potentiellement valables pour tout un chacun. Or ce que montre notamment la contribution inaugurale d'Henri Atlan, c'est que la plupart des arguments invoqués en faveur de l'interdiction, pour ne pas dire tous, « se retournent les uns après les autres », de sorte qu'au final aucun ne tient absolument. Faut-il voir là une sorte de confirmation des thèses de Peter Sloterdijk sur l'impuissance ou la sénescence des valeurs humanistes ?

Sans rentrer outre mesure ici dans les détails, on donnera d'abord quelques exemples significatifs de ces « retournements » que nous avions déjà évoqués ici même dans des termes voisins (cf. Le Point, janvier 1998). On fait appel d'ordinaire, pour plaider en faveur de l'interdiction du clonage, à deux arguments dont il faut bien avouer qu'ils apparaissent, même après une réflexion fort brève, d'une extraordinaire indigence. Dans le registre de la science-fiction, on évoque inlassablement l'hypothèse de malheureux clones utilisés pour servir de banque d'organes à telle de leur réplique. Mais qui ne voit que cette éventualité est ici tout à fait hors de propos ? Non qu'elle soit intrinsèquement impensable. Mais de deux choses l'une : ou bien le clone vivrait dans un Etat de droit et on ne voit pas par quel miracle il n'aurait pas le même statut que les jumeaux naturels (pour être clone, on n'en est pas moins homme !) ; ou bien il naîtrait par l'effet d'une dictature totalitaire et, s'il est une certitude, c'est que ni les avis des comités d'éthique ni les mises en garde des démocraties n'arrêteraient a priori la folie des tyrans ! On dit encore que la duplication à l'identique serait contraire à la dignité humaine qui repose sur la singularité de chaque individu. Mais c'est accorder, consciemment ou non, un poids exorbitant aux déterminations génétiques et passer sous silence la dimension « épigénétique » : le rôle du milieu, de l'Histoire, de l'éducation. Si les clones possèdent au départ les mêmes caractéristiques « naturelles », cela ne signifie en rien qu'ils s'y réduisent ni que leur dignité morale en dépende.

Le Comité d'éthique, dans un texte (en date du 29 avril 1997) qui offre le mérite de percevoir clairement les pièges du réductionnisme génétique, nous avait proposé quatre arguments supplémentaires, moins triviaux, et pourtant tout aussi fragiles. En substance, s'il faut interdire le clonage, c'est : pour préserver la singularité symbolique du visage humain, pour laisser à « la grande loterie de l'hérédité » le choix du génome, pour ne pas bousculer les règles de la filiation et se garder des motivations « instrumentalisantes » qui justifieraient cette pratique. Mais chacune de ces raisons pourrait, du moins dans certains cas précis, notamment ceux où le clonage s'inscrirait dans un projet parental, trouver des réponses plausibles : rien n'empêche d'imaginer, par exemple, que les règles de la filiation soient précisées et modifiées pour s'adapter à certaines situations exceptionnelles. De même, l'argument du visage, assurément plus profond, ne vaut cependant, comme celui touchant la loterie de l'hérédité, que pour un éventuel clonage de masse, non pour des cas limités. Il est d'ailleurs probable que l'idée selon laquelle le clone serait une « photocopie » de son « modèle » relève d'une illusion, celle du « tout-génétique », alors qu'en réalité, comme le montre brillamment Henri Atlan, des clones humains se ressembleraient sans doute beaucoup moins que des véritables jumeaux.

Il faudrait bien sûr développer plus longuement chacun de ces arguments... et contre-arguments. On pourrait aussi en évoquer plusieurs autres, présents ou absents dans ce livre dont l'utilité est d'ores et déjà avérée. Mais là n'est pas, au fond, le problème. Chacun doit bien comprendre, en effet, qu'en ces matières aucun consensus n'est garanti a priori, qu'aucun accord ne peut être forcé par une opinion qui l'emporterait définitivement sur les autres, bref, qu'il n'est plus de ciel des idées, fût-ce celui des droits de l'homme, qui permettrait de résoudre de telles questions de manière simple et dogmatique. En dernière instance et faute de mieux, c'est seulement le fameux principe de précaution qui nous conduit à interdire certaines pratiques rendues possibles par les biotechnologies. Et n'est-ce pas là, encore une fois, une confirmation des thèses de Sloterdijk, une façon de signer l'acte de décès de l'humanisme et d'avouer son incapacité à fixer, comme jadis dans les cours d'instruction civique à l'usage des classes élémentaires, des limites bien fermes et bien claires au « troupeau humain » ?

Les métamorphoses de l'humanisme

Malgré ses dehors de profondeur prophétique, une telle conclusion serait aussi hâtive que superficielle. Il faut d'abord dire et redire combien, dans la réalité de la recherche, la question des manipulations génétiques se pose en des termes tout différents de ceux que lui assigne brutalement Sloterdijk. Le vrai problème aujourd'hui, sauf pour une philosophie-fiction qui ignore superbement la pratique réelle des chercheurs, n'est pas de savoir si des savants fous, conduits par un nouvel Hitler ou conseillés par un disciple de Nietzsche, vont entreprendre de « domestiquer » l'espèce humaine, mais de déterminer l'attitude qu'il faudra un jour ou l'autre adopter face à la possibilité, elle tout à fait concrète, de thérapies géniques allant, le cas échéant, jusqu'à une modification du génome humain. C'est là, il faut y insister, une question bien réelle. Pour l'instant, un consensus semble s'établir pour refuser de telles démarches. Mais si l'on parvenait - et, pourquoi pas ? - à comprendre et à maîtriser suffisamment notre matériel génétique pour éradiquer a priori certaines maladies gravissimes ou, encore, pour stopper les processus du vieillissement, quelle serait, quelle devrait être notre conduite ?

Or, face à de telles interrogations, nous n'assistons pas en vérité à une implosion de l'humanisme, mais à une mutation cruciale qui semble échapper totalement à Sloterdijk. Jadis volontiers dogmatiques, fondées sur l'imposition de dogmes éthiques bien déterminés, les grandes morales laïques héritées des droits de l'homme tendent aujourd'hui à devenir pour une large part procédurales. Et c'est là une authentique révolution intellectuelle, un changement, pourrait-on dire, de paradigme. Pour le dire d'une phrase : ce qui compte sans cesse davantage dans les débats éthiques tels que les vivent réellement les scientifiques, ce n'est pas seulement le résultat d'une discussion (même s'il importe à l'évidence aussi), mais au moins autant la façon dont elle a été conduite, rendue publique et justifiée. Forçons un peu le trait : le vrai problème n'est pas tant (ou pas seulement) de savoir ce qui nous sera imposé par la loi que de décider qui imposera des contraintes, au nom de quels critères et selon quelles procédures de légitimation. En clair : le citoyen des sociétés démocratiques tend à rejeter les arguments d'autorité, surtout lorsqu'il s'agit de mesures qui touchent à la vie privée. Du reste, cela ne signifie nullement que toute prise en considération de contenus éthiques liés à l'humanisme (et notamment aux droits de l'homme) aurait disparu au profit des seules procédures. Ce qui est au contraire le plus remarquable dans tous les débats actuels sur le clonage, c'est que, sans exception aucune et quelle que soit l'extraordinaire diversité des argumentations, ils se développent infailliblement sous l'égide des deux principes éthiques les plus fondamentaux de l'humanisme moderne : d'une part, l'idée qu'il ne faut pas instrumentaliser l'humain, le traiter comme une chose ou un simple « moyen » (c'est un avatar du fameux impératif catégorique kantien), d'autre part, la conviction qu'il ne faut pas non plus prendre le risque d'augmenter inutilement les souffrances qui peuvent l'accabler (fondement de l'utilitarisme anglo-saxon, qui rejoint, du reste, sur ce point la grande tradition du bouddhisme). Mais, au lieu d'être appliqués dogmatiquement, sans délibération ni discussion publique, ces principes doivent désormais prendre place dans des procédures de décision qui satisfassent à la conviction que l'État ne peut plus interdire quoi que ce soit aux individus sans avoir des raisons valables de le faire. Autrement dit : lors même que nous divergeons sur le fond d'un débat, nous nous accordons du moins le plus souvent sur la manière de régler ces divergences par la discussion plutôt que par un recours avoué ou implicite à la force. C'est donc sans cesse davantage à des procédures (mises en oeuvre dans les comités d'experts, mais aussi dans la presse et, au final, dans les parlements) que nous devons confier le soin de concrétiser et d'appliquer des principes généraux dont rien ne permet d'affirmer qu'ils sont pour autant obsolètes.

Bref, ce que nous vivons n'est nullement la fin de l'humanisme, mais les premiers balbutiements de son incarnation, lente, difficile, mais audacieuse, dans des méthodologies démocratiques qui, pour une large part, restent encore à imaginer. Un humanisme semi-procédural, en somme, puisque, au-delà des formes, il reste malgré tout appuyé sur des principes de fond (le respect de la liberté et le rejet de la souffrance). On peut, si l'on y tient absolument, poursuivre contre lui le combat, déjà séculaire, de l'antihumanisme. Rien n'interdit non plus d'espérer qu'à force d'inventivité il parviendra encore à faire barrage aux présages funestes d'une « anthropotechnologie » dont les relents nietzschéens paraissent, jusqu'à preuve du contraire, plus arrogants que profonds.

Un nouveau rapport du Conseil d'Etat sur la bioéthique

Pour deux raisons au moins, le rapport que le Conseil d'Etat a remis au Premier ministre le 29 novembre ne manquera pas de susciter le débat. D'abord, parce qu'il doit servir de base à l'actualisation des lois sur la bioéthique datant de 1994 - leur réexamen devant en principe intervenir au Parlement dans les mois qui viennent. Ensuite, parce qu'il propose une modification assez considérable des décisons adoptées il y a cinq ans touchant aux recherches sur l'embryon humain. A l'époque, en effet, le législateur avait estimé qu'il fallait adopter une attitude tout à fait restrictive en la matière. Or le Conseil suggère aujourd'hui de revenir sur cette attitude pour assurer un équilibre plus juste « entre deux principes éthiques essentiels » : d'un côté, « le respect de la vie dès son commencement » et, de l'autre, « le droit de ceux qui souffrent » de voir la collectivité s'occuper de leurs maux. Ce qui justifie cette évolution ? Les avancées de la science en matière de clonage non reproductif : la culture et la multiplication de cellules embryonnaires humaines laissent en effet espérer de très nombreuses et très décisives retombées thérapeutiques que seule l'utilisation d'embryons humains permettra de mettre en oeuvre. Bien entendu, le Conseil d'État suggère d'encadrer strictement de telles pratiques et continue d'interdire par ailleurs le clonage reproductif. À suivre.
L. F.

http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=502

Article paru dans Le Point - 10/12/1999 - N°1421



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