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Des nazis recyclés par les USALouise-Ann Maher, Martes, Agosto 3, 2004 - 03:21 (Analyses)
Jean-Marie Chauvier
Rien de bien neuf pour les initiés. Quantité de publications des années 50-60 en ont parlé... en URSS et en RDA. Sources suspectes de propagande, évidemment. Cette fois, des archives de la CIA "authentifient" et lèvent un coin du voile. A verser aux dossiers de la guerre froide ! Pour ceux que ces "révélations" n'émoustilleraient pas suffisamment, ajoutons que le même Nouvel Obs contient également des révélations sur les perversions sexuelles d'Adolf Hitler. En conclusion du dossier, le "Nouvel Observateur" rend hommage au "modèle américain", qui a la franchise d'avouer 50 ans plus tard les recyclages au service du combat contre l'URSS de criminels nazis d'envergure, un fait jugé "moralement" inacceptable bien que, nous dit-on, la défense de l'Occident avait de ces exigences... Mais enfin, la CIA avoue qu'en ce temps-là, on s'était un peu laissé aller, donc la morale est sauve, du moins à Washington ! "Ni la Grande Bretagne, ni la Russie...ni la France" n'osent en faire autant, affirme l'hebdomadaire parisien. De l'art de soulever le couvercle d'un grand débat pour le refermer aussitôt, comme si la question de la récupération d'une frange de l'appareil nazi par les États-Unis se résumait à de mauvaises fréquentations, à quelques "péchés" sincèrement avoués un demi-siècle plus tard ! Une rectification d'abord, concernant la Russie : depuis la fin de l'URSS, la presse russe est pleine de dénonciations des compromissions de Staline avec Hitler lors du pacte et de la coopération de 1939-41 et même de la coopération germano-soviétique d'avant 1933, du partage de la Pologne en 1939. Il ne se passe de semaine sans "révélations" à charge du régime stalinien. Selon les thèses défendues, toutes contre Staline, celui-ci aurait voulu soit illusoirement se tenir à l'écart de la guerre, soit s'entendre avec l'autre camp "totalitaire", soit au contraire mener une guerre révolutionnaire en Europe, prévenue à temps par Adolf (C'est la thèse de la "guerre préventive", du "Hitler sur la défensive" également retenue par des révisionnistes allemands). "Révélations" et fantasmes font de tout cela un débat haut en couleurs. Ces derniers jours, la presse démocrate de Moscou est revenue sur les crimes rouges lors de la prise de Berlin. Elle se fait également l'écho des "tabous brisés" en Allemagne, ces derniers temps, à propos des expulsions massives, sur décisions des alliés, de populations allemandes des régions des Sudètes (Tchécoslovaquie) et de Prusse Orientale, sous la poussée meurtrière de l'armée rouge. Le ton, à Moscou, est actuellement partagé entre la poursuite du réquisitoire anticommuniste, dans la presse libérale, et le rappel du génocide perpétré par les Allemands, des 27 millions de morts soviétiques de la deuxième guerre mondiale etc... thèmes davantage évoqués dans la presse "patriotique". Sauf erreur ou secret bien gardé, si des nazis se sont effectivement bien recyclés dans de nombreux pays et notamment des scientifiques récupérés par Staline, l'URSS n'a pas enrôlé en masse, après 1945, des criminels nazis, surtout pas ceux qui venaient de ratiboiser ses territoires. Ni la RDA, où la dénazification, sous la pression soviétique, fut assez radicale, contrairement à la RFA, où des milliers de patrons, de magistrats, de policiers ont continué leur carrière. Logique : à l'Est, le système capitaliste qui avait été mis au service du nazisme fut brisé, alors qu'il assurait sa continuité à l'Ouest dans le cadre, certes, d'un nouveau régime de démocratie libérale. Quid de la Grande-Bretagne ou de la France ? On le saura bientôt... Rien, nulle part, n'a été dans cette Histoire, ni très joli, ni très "moral". Ce qui ne revient pas à renvoyer dos-à-dos les deux camps, le fasciste et l'antifasciste, selon les règles d'un relativisme très au goût du jour ! Une remarque de fond pour suivre : l'essentiel n'est pas dans la question "morale" de recrutements de l'un ou l'autre "monstre" et le cynisme naturel des monstres froids que sont les États. Il est dans le fait, historiquement significatif, que des pans entiers de l'appareil nazi de renseignement, de police et d'extermination ont été recyclés à leur profit par les États-Unis et la RFA, dont les services secrets (BND) sont directement issus du réseau nazi Gehlen. Ajoutons-y les filières d'évasion vers l'Amérique latine organisées par le Vatican, notamment via le prêtre franciscain Draganovitch, dignitaire du régime oustachi croate responsable du massacre de 300.000 Serbes et 32.000 juifs. Le "Nouvel Observateur" qui évoque ces faits largement connus des spécialistes mais officiellement occultés chez nous depuis 1945, aurait pu ajouter l'asile ou les ré-emplois accordés par les États-Unis, pour les besoins de la lutte anticommuniste, à de nombreux responsables, allemands, ukrainiens, biélorusses, baltes etc... des exterminations dans les territoires occupés de l'URSS. Le journal pourrait rappeler que la confrontation avec le nazisme a été très différente selon que l'on était Soviétique ou Occidental, et à fortiori Américain. L'URSS a été le principal champ de bataille de cette guerre et en a "assuré" plus de la moitié des victimes. Près de quatre millions de prisonniers soviétiques ont été exterminés par la faim, le manque de soins ou l'épuisement au travail dans les camps de concentration selon des plans explicitement concertés (aucune autre armée n'a subi un tel sort !) des millions d'autres habitants de l'URSS - juifs et slaves - ont été liquidés par fusillades en masse, pendaisons, blocus ou gazages "expérimentaux" en 1941-42. Tout cela donnerait aussi matière, pour les amateurs de "comparatismes" historiques entre totalitarismes nazi et stalinien, à se pencher également sur les connexions et parentés entre régimes fascistes, nazis et libéraux, leurs continuités restaurées après guerre, notamment à travers les Konzerns, le grand capitalisme industriel, les polices et la magistrature en Allemagne fédérale, les services secrets de l'OTAN, le réseau Gladio, les recyclages d'ex-fascistes russes, ukrainiens, hongrois, roumains, azerbaidjanais etc... à Radio Free Europe (Radio Svoboda en russe, ou "Liberty"). Comme le montre le Nouvel Obs, cette stratégie obéissait aux nécessités de la guerre froide contre le danger communiste. Avant 1939 également, et depuis 1917, les puissances occidentales et les bourgeoisies de nos pays avaient en commun la lutte contre la menace bolchévique et la haine du communisme, malgré leurs rivalités et avant que les appétits conquérants de l'Allemagne et du Japon ne contraignent à "l'alliance contre-nature" entre l'URSS stalinienne, la Grande-Bretagne et les États-Unis - la France de Vichy amie de l'Allemagne finissant elle aussi par basculer dans le camp antifasciste, que n'avaient pas rallié, par contre, notre roi Léopold III et nos grands capitaines de banques et d'industrie. Pour mémoire et méditation élargie : la non-intervention face à l'agression italo-allemande en Espagne en 1936-39, les accords de Munich en 1938 et le dépeçage de la Tchécoslovaquie (avec participation polonaise), la nomination d'un chef de la Gestapo à la tête d'Interpol... D'un régime à l'autre, avant 1940 et après 1945, en tout cas, les fichiers ont été tenus à jour. article du réseau Samovar
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