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Revenons y : la fin de Recto Verso doit servir à quelque chose…Anonyme, Lunes, Julio 26, 2004 - 14:02
Thierry Ducharme
Article sur la mort du magazine Recto Verso auquel j'ai participé à titre de collaborateur cet hiver à peine... Au courant du mois, il est arrivé un événement pour la diversité de la presse qui est à tout de moins attristant. La revue Recto Verso a cessée ses activités, après 52 ans de contribution au débat social, judiciaire et environnemental, pendant que la communauté journalistique s’époumonait pour un dossier concernant la liberté d’expression dans une station radiophonique de Québec. Faux débat. Recto Verso était connue pour transcender certains enjeux globaux d’une manière tout à fait singulière et propre. De la couverture du forum social mondial de Porto Allegre à l’avancement de la cause de l’investissement responsable, le travail de Recto Verso a toujours été reconnu comme un sérieux travail de journalisme d’enquête, lucide et objectif dans la mesure du possible. J’ai collaboré personnellement à Recto Verso, et je connais (relativement) les mésaventures financières que le magazine a pu connaître dernièrement. Entre autre, Recto Verso a perdu son financement de la part du fond canadien pour les publications. Il est a propos de le rappeler. Il ne s’agissait que de 25 000$, mais c’était tout de même ça de gagné. Notons au passage que Quebecor, Transcontinental et Rogers recueillent à eux seuls plus de 15 millions de dollars de la part du même fond, pour des publications somme toute médiocres la plupart du temps, ceci dit sans fausse gène. Je termine à peine un certificat en journalisme à l’Université de Montréal. L’essence de la pratique journalistique y est plutôt bien présentée, malgré ce que certains peuvent en dire. Mais comme dans la plupart des écoles de journalisme, le modèle quasi unique qui y est enseigné est celui des grands médias, avec lesquels il est plus facile de « gagner sa vie », « se faire un nom »… Rien n’est dit ou encouragé en ce qui a trait à la presse engagée, démonstrative ou un tant soi peu combative. Et c’est une situation qui fait croire aux nouveaux étudiants que « ça fonctionne de même! » avec fatalisme et résignation. J’en profite donc pour suggérer que les écoles de journalisme continuent de s’axer sur le bon apprentissage de la pratique en tant que telle, mais aussi sur la nécessité de représenter dans la société civile toutes les sources d’informations possibles, et donc intervenir particulièrement sur l’importance d’une presse alternative forte, et non pas sur le modèle unique du grand quotidien vendeur et accrocheur. Dans une réalité de convergence que beaucoup nient encore, la place que devrait occuper une telle presse est à mon avis évidente. On n’a qu’à voir qui retire les subventions gouvernementales (phénomène qui s’accentue), et une conclusion de collusion est aisée à tirer. N’en déplaise à ceux qui sont visés : portez le chapeau s’il vous va… Il s’agit d’une réalité à prendre en considération de façon sérieuse et conséquente pour les futurs étudiants qui pensent que tout se déroule parfaitement bien dans le merveilleux monde des grands médias d’aujourd’hui. (et qui se font DIRE que tout va bien, expériences à l’appui.) Les sbires aux pouvoirs doivent d’ailleurs se régaler de n’avoir plus cette épine rectoversienne aux pieds, et ces grands argentiers que sont les chefs d’entreprises souvent méprisants, ou présidents d’un quelconque institut économique voué à la promotion de la libéralisation et la privatisation ont gagné une manche. Mais ce n’est pas une guerre. Un affrontement a toujours lieu à forces sinon égales, du moins présentes. Or la force n’est aujourd’hui que d’un seul côté, inégale. Et tout le monde semble s’en foutre. Personne n’a su levé le petit doigt afin de conserver l’acquis social important que représentait Recto Verso. Personne ne s’est manifesté ne serait-ce que symboliquement en faveur du magazine, à l’exception de ceux qui vivent des situations semblables. Un jour, ceux qui croient que tout va bien dans le merveilleux monde des grands médias se réveilleront peut-être en se disant que le temps des faux enjeux est terminé.
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