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BUSH CONTRE CUBA ET CONTRE NOUS TOUS

Michael Patrick..., Lunes, Julio 5, 2004 - 13:06

Remy Herrera

Bush approuvait le 6 mai dernier un rapport de la commission pour l’aide à une Cuba libre, qui détaille une série de nouvelles mesures destinées à durcir l’embargo contre l’île.

| RISAL | Cuba |

BUSH CONTRE CUBA ET CONTRE NOUS TOUS
par Remy Herrera
24 juin 2004

Bush approuvait le 6 mai dernier un rapport de la commission pour l’aide à une Cuba libre, qui détaille une série de nouvelles mesures destinées à durcir l’embargo contre l’île.

Cet embargo, vieux de quarante-trois ans, vise ouvertement à infliger le maximum de souffrances au peuple cubain, " causer la faim et le désespoir ", selon les termes du département d’État des États-Unis. La quasi-unanimité des États membres de l’Assemblée générale des Nations unies le condamne. En 2003, 179 pays ont voté pour sa levée, et trois contre : les États-Unis, Israël et les îles Marshall. Mais ce durcissement résonne pour Bush comme l’aveu d’un échec - un de plus. Car le dispositif de contrainte arbitraire imposé par les États-Unis a échoué à bloquer la récupération de l’économie, réelle et régulière depuis 1994 : le taux de croissance du PIB est, en moyenne, sur les dix dernières années, plus soutenu à Cuba que dans les autres pays d’Amérique latine. Si l’embargo nie au peuple cubain le droit à l’autodétermination, comme son droit au développement, l’important pour nous est de comprendre qu’en attaquant Cuba, c’est notre liberté à tous qu’attaque Bush.

La grande nouveauté des mesures prises par l’exécutif états-unien réside dans le fait qu’elles portent désormais atteinte aussi aux libertés des Cubains vivant aux États-Unis. Atteinte à leur liberté de circuler : les voyages à Cuba seront à présent soumis à une autorisation délivrée au cas par cas (au lieu de la permission générale accordée auparavant) et restreints à une visite tous les trois ans (contre une par an jusqu’ici). Atteinte à leur liberté d’aider qui ils aiment : les envois de devises vers Cuba voient leurs plafonds considérablement réduits et leurs destinataires limités aux proches parents directs (conjoints, enfants, parents, grands-parents, petits-enfants), au mépris des liens affectifs et effectifs de solidarité et du libre choix de subvenir aux besoins de la famille élargie, " à la cubaine ", incluant parents éloignés, amis, voisins, collègues de travail.

Par ailleurs, les autorités états-uniennes sont dorénavant habilitées à mener les " opérations secrètes " nécessaires pour identifier les personnes qui contreviendraient aux nouvelles réglementations. et à récompenser tout individu (délateur) qui collaborerait à leur interpellation. L’obtention de visas pour voyager à Cuba, qu’ils soient destinés à des particuliers ou des institutions sera compliquée par des démarches administratives conçues pour être dissuasives. Le nombre de citoyens états-uniens condamnés à des sanctions pénales pour s’être rendus à Cuba sans autorisation de sortie du territoire, en très forte hausse depuis l’arrivée au pouvoir de Bush, pourrait donc encore augmenter. Au moment où Cuba assouplit les conditions d’entrée dans l’île (y compris pour les Cubains de l’immigration), les États-Unis entravent celles de sortie de leur territoire - en violation des accords migratoires signés dans le passé.

Bush a en outre déclaré qu’il entend désormais faire appliquer avec fermeté les sanctions prévues par la loi Helms-Burton de mars 1996. Le titre III de cette loi octroie aux tribunaux états-uniens le droit de juger et de condamner tout ressortissant d’un pays tiers (ainsi que sa famille) qui effectue des transactions avec Cuba. Son titre IV prévoit, entre autres, le refus de visas d’entrée sur le territoire des États-Unis à ces ressortissants étrangers (et à leur famille). Le contenu normatif de cet embargo - spécialement l’extraterritorialité de ses règles qui imposent à la communauté internationale des sanctions décidées unilatéralement par les États-Unis - est une violation de la lettre et de l’esprit de la charte des Nations unies, comme des fondements mêmes du droit international. Extension exorbitante de la compétence territoriale des États-Unis, il est contraire au principe de souveraineté nationale et de non-intervention dans les choix intérieurs d’un État étranger. Attendrons-nous qu’un citoyen français employé d’une firme en affaires avec l’île soit assigné à résidence et porte un bracelet électronique détecteur de mouvements - peine que vient de purger pendant quatre ans le Canadien Jim Sabzali pour avoir commis le " crime " de vendre des purificateurs d’eau à des hôpitaux cubains - pour réaliser qu’à travers Cuba c’est également à nos libertés que s’en prend Bush ?

Ce n’est pas tout. Les récentes mesures prises par les autorités états-uniennes afin de limiter la liberté de circulation des personnels et des connaissances scientifiques conduisent à inclure dans le périmètre de l’embargo des domaines jusqu’à présent formellement exclus par la loi. Seront systématisés les refus de missions à Cuba de chercheurs états-uniens ; les refus de délivrance de visas aux chercheurs cubains (de même qu’à tout fonctionnaire de l’État cubain, y compris les médecins) ; les refus de publication aux États-Unis d’articles et de livres scientifiques d’auteurs cubains ; les refus d’octroi de licences de logiciels informatiques ; les refus de satisfaire les commandes de bibliothèques cubaines en ouvrages, revues, disquettes ou cédéroms de littérature scientifique spécialisée. En bafouant les libertés d’exercer le métier de chercheur, d’échanger des informations scientifiques, de penser ( !), Bush condamne ainsi l’une des plus fécondes opportunités de développer sur une base solidaire et humaniste la coopération intellectuelle entre pays.

Dans le même temps, Bush annonce quelque 59 millions de dollars de fonds publics supplémentaires pour le soutien financier et logistique des " dissidents " à Cuba et des institutions (organisations gouvernementales et non gouvernementales) chargées de "disséminer des informations " anticubaines dans le monde. Un fonds spécial financera les visites à Cuba de " volontaires " pour y former, organiser et encadrer la contre-révolution sur l’île. Radio et TV Mart¡ - dont les appels incessants à la haine et au terrorisme lancés contre Cuba depuis Miami devraient quant à elles prochainement empocher 18 millions de dollars. Chose extraordinaire : un avion de l’armée états-unienne sera mis à la disposition de ces stations de radio et de télévision pour en faciliter les transmissions - en violation des règles de l’Union internationale des communications et de la souveraineté d’un pays.

Pour Bush, le seul véritable problème de la démocratie est d’en fixer le prix. Personne n’a oublié qu’il vola son poste de président grâce en partie à l’extrême droite " cubaine anticubaine " de Floride, et notamment à la puissante et très réactionnaire Fondation cubano-américaine. C’est cette même extrême droite qui se rappelle aujourd’hui à son bon souvenir, en imposant contre Cuba un durcissement de l’embargo avant l’élection présidentielle.

L’embargo du gouvernement états-unien contre Cuba est illégal et illégitime. En tant qu’il vise à détruire un peuple, il constitue un acte de guerre non déclarée contre Cuba. En tant qu’il porte atteinte à l’intégrité physique et morale de tout un peuple, et d’abord de ses enfants, il est assimilable, en droit, à un crime contre l’humanité. Bush ne sait sans doute pas que ce peuple a réussi à réduire son taux de mortalité infantile à un niveau inférieur à ce qu’il est à Washington. Ni que ce peuple n’a aucunement besoin d’une " vaccination immédiate de tous les enfants de moins de cinq ans ", comme le préconise son rapport, parce que tous les enfants cubains sont déjà tous vaccinés - contre treize maladies infantiles, mieux qu’aux États-Unis ! Ce que Bush doit savoir en revanche, avant de faire un pas de plus, c’est que ce peuple, dont l’histoire ne manquera pas de dire le courage, la dignité et la grandeur, résistera " jusqu’à la dernière goutte de son sang " pour que ses enfants restent libres.

Bush ne menace pas aujourd’hui que le peuple de Cuba. Il menace nos libertés, chaque jour un peu plus, à nous tous. Les plans du "libérateur" sont liberticides.

Source : L’Humanité, 22 juin 2004.

URL de l'article: http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1023

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