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De la télé plein la tête!Anonyme, Jueves, Julio 1, 2004 - 17:05
Stéfany Ranger
Vous avez sans doute déjà entendu parler d’organismes tels que Reporter Sans Frontières, Médecin Sans Frontières ou bien Clown Sans Frontières. Ces derniers viennent en aide respectivement aux journalistes, à des blessés et malades, et s’occupe de mettre un sourire dans la vie des enfants victimes de la guerre et de la misère dans le monde. Mais connaissez-vous Télé Sans Frontières ? Lancé le 2 novembre 2001, Télé Sans Frontières est chapeauté par l’organisme Travail Sans Frontières. Ce dernier œuvre depuis 22 ans au Québec dans le domaine de l’insertion professionnelle et sociale. Sensible à la cause des jeunes vivant des problématiques psychosociales qui les marginalisent, l’organisme a donc mis au point un programme où la télévision s’avère un outil d’expression. Avec Télé Sans Frontières, il aide donc les jeunes ayant décroché socialement à se réintégrer dans la société. En prenant la parole, ces les jeunes s’équipent pour faire des choix dans leur vie future. « Lorsque l’on met les jeunes en état de projet actif, ils bougent encore plus, car il se sentent respectés et écoutés », affirme Bernard Pépin, secrétaire général du 1er Festival Télé-Jeunes en Francophonie. Mais pourquoi Télé Sans Frontières s’intéresse-t-elle principalement à cette population? Parce que « l’on estime qu’elle n’a pas vraiment la parole ailleurs, notamment dans les médias traditionnels », mentionne Claire Buffet, coordonnatrice à Télé Sans Frontières. Formant l’équipe de production, douze participants de 18 à 30 ans sont embauchés pour une durée d’un an par Télé Sans Frontières (TSF). La moitié d’entre eux ont un parcours de vie chaotique et sont recrutés directement dans la rue, via le bouche à oreille fait par d’autres participants marginaux ayant vécus l’expérience de la TSF, ou par l’entremise de Travail Sans Frontières et d’organismes oeuvrant près des marginaux. Les six autres proviennent directement des bancs d’école et étudient en cinéma et/ou télévision. Ces étudiants viennent ainsi acquérir une expérience professionnelle significative. Tous ces jeunes sont rémunérés pour leur travail qui s’effectue à raison de 25 heures par semaine. Ces participants apprennent donc à travailler en groupe, à défendre leurs idées, à structurer un message, à arriver à l’heure, respecter des échéances, etc. Tout cela représente un gros défi, surtout pour les jeunes marginaux. Selon Claire Buffet, l’expérience est intense et demandante, car tous les membres ont leur sensibilité, leur parcours de vie. « Mais c’est une expérience que tout le monde n’oubliera jamais, moi la première. » À la tête de l’équipe de production, nous retrouvons le comité de direction, composé du directeur de Travail Sans Frontières, du secrétaire général et de la coordonnatrice. Ce comité de direction délimite seul une problématique sur laquelle l’équipe de production doit réaliser des court-métrages de cinq à dix minutes. Toutefois, les jeunes sont libres de proposer des questions plus pointues et des angles d’approches plus élaborés sur ce sujet. Lorsque le comité de direction a approuvé les idées de films soumises, les douze membres se divisent en petites équipes de trois à quatre personnes pour traiter de la question qu’ils préfèrent. Ces courts métrages s’effectuent sur une période de deux à trois mois. De novembre 2003 à avril 2004, 11 films du genre ont été produits. D’ici la fin du mois de septembre prochain, ce nombre s’élèvera à 30. Cependant, ces productions doivent être représentatives de toute la génération actuelle des jeunes, et non uniquement des membres de l’équipe de production. Parallèlement à ces créations, des projets spontanés s’effectuent par l’équipe de production. Ce sont « Les Bancs » et « Les Actualités ». Ces films donnent la chance aux membres de l’équipe d’aller sur le terrain pour rencontrer des individus se trouvant sur un banc et traînant dans la rue ou de reprendre un fait important dans l’actualité. Toutefois, les jeunes doivent respecter les contraintes suivantes : tourner une seule cassette pendant un seul après-midi, monter le tout en une journée, sans y ajouter de musique. Le film doit durer un maximum de deux minutes pour « Les Bancs », et de trois minutes pour « Les Actualités ». Mais pourquoi la télévision est-il le meilleur moyen pour faire propager ses idées? « Le média de l’audiovisuel, est un média extraordinaire, puisqu’il a un impact très fort. Malheureusement, celui-ci est contrôlé présentement par les grands réseaux qui ont en tête de faire de l’argent ou du moins de diffuser certaines valeurs qui leur permettent de faire de l’argent », mentionne Mme Buffet. La TSF devient donc une (télé) alternative, car elle permet à des individus « silencieux » de dénoncer certaines situations et d’exprimer des points de vue qui ne sont pas exprimés ailleurs. L’individu étant très influencé par l’image et l’audiovisuel, savoir utiliser ce média est un moyen pour les jeunes de la TSF de combattre les idées omniprésentes dans les médias de masses conventionnels. Cependant, lorsque l’on est une télévision alternative, l’espace de diffusion et de visibilité est assez restreint. C’est pourquoi Télévision Sans frontière organise des soirées où tous les films réalisés par l’équipe de production sont présentés. Ce soirées s’effectuent au Périphérik, un centre de services informatique mis sur pied depuis 1999 par Travail Sans Frontières. Celui-ci possédant une cours arrière extérieure, c’est là que 150 personnes peuvent venir admirer les œuvres. Par ailleurs, un festival est aussi en préparation. Le 1er Festival Télé-Jeunes en Francophonie, qui se tiendra du 5 au 8 octobre 2004, désire montrer les réalisations plus de 200 participants provenant de télévisions alternatives de partout à travers le monde. De cette manière, il sera donc possible de constater si la vision des jeunes africains par exemple, est similaire à celle des jeunes d’ici. Ce premier festival du genre offrira ainsi un espace de visibilité, de diffusion et d’échange aux jeunes. Des prix sont même prévus pour récompenser les meilleures productions. Les courts-métrages de Télé Sans Frontières semblent donc avoir le vent dans les voiles. Certains d’entre eux seront même diffusés à Télé-Québec comme complément de programme dans les prochains mois. En effet, une entente a été signée et les documents réalisés par l’équipe de production seront en onde à partir de septembre 2004. Par ailleurs, l’émission de Radio-Canada Zone libre a effectué un reportage sur Télé Sans frontières. Sa diffusion est prévue pour l’automne. Un des documentaires réalisés par les jeunes a même impressionné les responsables de l’émission Enjeux qui aimerait bien s’en porter acquéreur. Il faudra donc porter bien attention aux réalisations de cet organisme, même si la fin de son financement avec le Fonds Jeunesse Québec à la fin du mois de septembre 2004 rend son avenir incertain. Une histoire à suivre… La prochaine projection aura lieu le :
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