15 juin 2004

Depuis l'époque de la crise des missiles Bomarc, dans les années soixante, les Canadiens et Canadiennes ont montré qu'ils s'opposent catégoriquement à tout diktat américain sur la question de la défense nationale et à tout accord secret liant le Canada aux plans de guerre des États-Unis.

Le système de bouclier antimissile proposé par les États-Unis, que le gouvernement Martin s'est déjà engagé à appuyer, ne fera qu'accroître la domination de l'armée canadienne par les États-Unis. Un de ses grands objectifs est de permettre aux fabricants d'armes canadiens et à l'industrie multimilliardaire de la défense américaine de s'enrichir par des contrats lucratifs. En plus d'entraîner une hémorragie de l'économie canadienne, ces contrats mettent en péril la paix mondiale à l'heure où la «guerre au terrorisme» des États-Unis sert à justifier des crimes contre la paix et contre l'humanité.

Le Canada doit se retirer de toute discussion avec le gouvernement américain sur le projet de bouclier antimissile et prendre position contre l'installation d'armes américaines sur le territoire ou dans l'espace canadien. Mais surtout, il doit cesser de contribuer à la désinformation visant à justifier ces plans dangereux. L'idée qu'un bouclier antimissile est nécessaire à cause de soi-disant menaces posées par des pays «voyous» possédant des armes de destruction massive fait partie de l'arsenal de désinformation massive des États-Unis. On a déjà amplement vu avec l'Irak comment cela sert à justifier l'agression. On ne doit pas leur permettre d'appliquer cette logique criminelle à d'autres pays maintenant, comme ils le font contre la République populaire démocratique de Corée et l'Iran. Le Canada ne doit pas participer à la propagande guerrière et à la désinformation des États-Unis à propos de l'«axe du mal» et de «pays voyous» munis d'armes de destruction massive contre lesquels le monde devrait se défendre. Cela fait partie des préparatifs pour une guerre mondiale et il faut s'en méfier.

Les libéraux essaient de se justifier en disant que c'est mieux de participer aux discussions sur le bouclier antimissile que de se le faire imposer sans discussion. Paul Martin raisonne comme Jean Chrétien: pour lui le Canada exerce sa souveraineté s'il accepte de participer de son propre chef. C'est mieux d'en faire partie, disent les libéraux, comme ça on le privilège de savoir de quoi il s'agit. Ils réduisent le débat à une affaire d'armes dans l'espace ou disent que la participation du Canada est un faux débat puisque les Américains n'ont pas encore fait de propositions concrètes. Monsieur Martin dit que le système proposé par les États-Unis ne comprend que des intercepteurs au sol ou en mer pour intercepter «les missiles balistiques en approche». Il ne dit pas d'où proviendrait ces missiles. C'est toujours dans l'abstrait. Il ne parle jamais de la réalité du monde d'aujourd'hui en ce qui concerne ce type d'armes. Quel pays est le plus susceptible d'utiliser des armes de première frappe dans le monde aujourd'hui, sinon les États-Unis? Ils sont les seuls à menacer de les utiliser. Ils le font ouvertement.

Quant aux conservateurs, qui proposent de participer sans réserve au bouclier antimissile, d'envoyer des troupes en Irak et d'intégrer le Canada aux forces armées américaines, ils représentent la menace d'une annexion complète et immédiate du Canada aux États, de faire du Canada un pays belligérant.

Tant les libéraux que les conservateurs ont déjà abandonné la partie pour ce qui est de l'indépendance et de la souveraineté du Canada. On le voit dans leur raisonnement. Quand ils parlent de défense, ils cherchent à cacher que leurs plans sont d'accroître la participation du Canada à la production d'armes de destruction massive. Dans leurs discours sur le bouclier antimissile, ils ne parlent jamais des dangers du déploiement militaire des États-Unis dans tous les coins du monde. Comment peut-on parler de bouclier antimissile sans jamais tenir compte de la réalité d'aujourd'hui?