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Pérou: Abimael Guzman cesse sa grève de la faim

Eric Smith, Lunes, Junio 14, 2004 - 16:32

Eric Smith

 
Les autorités péruviennes viennent tout juste d'annoncer qu'Abimael Guzmán a cessé la grève de la faim qu'il avait entamée le 2 mai dernier. Pendant plus de 35 jours, le dirigeant du Parti communiste du Pérou (PCP) aurait refusé d'absorber autre chose que des liquides pour exiger que soit levé un nouveau règlement qui interdit désormais aux détenuEs de la prison à sécurité super maximum d'El Callao d'avoir un contact direct avec leurs visiteurs.

 
(D'après une note du Service de nouvelles de la revue "Un monde à gagner".) Les autorités péruviennes viennent tout juste d'annoncer que le président Gonzalo (Abimael Guzmán) a cessé la grève de la faim qu'il avait entamée le 2 mai dernier. Pendant plus de 35 jours, le dirigeant du Parti communiste du Pérou (PCP) aurait refusé d'absorber autre chose que des liquides pour exiger que soit levé un nouveau règlement qui interdit désormais aux détenuEs de la prison à sécurité super maximum d'El Callao d'avoir un contact direct avec leurs visiteurs. Le président Gonzalo y est détenu avec d'autres dirigeantEs de longue date du PCP, dont le camarade Feliciano (Oscar Ramírez Durand) et la camarade Miriam (Elena Iparraguirre).

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dépêché un médecin la semaine dernière qui a pu examiner le président Gonzalo et la camarade Miriam, qui observait elle aussi une grève de la faim. Le représentant du CICR a déclaré que le président Gonzalo avait perdu sept kilos, tandis que la camarade Miriam en a perdu quatre, mais que leur moral était toujours bon, ajoutant: "L'État péruvien devrait faire très attention en ce qui a trait à l'utilisation des isoloirs parce que si cela n'est pas fait correctement, il risque de se tirer dans le pied et l'affaire de se retrouver devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme."

Tout juste avant qu'on annonce que le président Gonzalo avait cessé sa grève de la faim, une quinzaine de membres des familles des prisonnières et prisonniers politiques avaient eux-mêmes débuté une grève de la faim de solidarité devant les bureaux du CICR, situés à Lima. Des manifestations ont également eu lieu aux portes de certaines prisons. Enfin, plus de 600 prisonnières et prisonniers répartiEs dans 13 établissements, avaient également amorcé une grève de la faim pour appuyer les revendications mises de l'avant par le président Gonzalo, savoir qu'on défasse les isoloirs et qu'il puisse avoir de nouveau des contacts directs et sans restrictions avec ses proches et ses avocats.

L'avocat qui représente actuellement le président Gonzalo, Manuel Fajardo, a formellement demandé à l'ONU de condamner la politique du gouvernement péruvien, sur la base que les conditions de détention actuelles de son client violent les conclusions du groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires. Il a également présenté une requête en habeas corpus devant un tribunal péruvien pour que soit réévaluée la légalité de sa détention. Me Fajardo a plaidé à de nombreuses reprises déjà que le fait qu'on ne l'autorise à rencontrer le président Gonzalo que séparé par une vitre et qu'il ne puisse lui parler que par l'intermédiaire d'un combiné viole en pratique son droit à une défense pleine et entière. Ces dispositions font en sorte qu'il ne peut lui parler en toute confiance ni étudier avec lui les documents légaux pertinents à sa cause. En date du 2 juin, Me Fajardo n'avait pas été autorisé à rencontrer son client depuis le 22 mars déjà.

Un porte-parole du gouvernement péruvien a affirmé qu'en principe, n'importe qui peut présenter une requête pour rencontrer l'un ou l'autre des prisonnières et prisonniers actuellement détenuEs sur la base navale d'El Callao. Sauf qu'à ce jour, pas moins de sept délégations de même qu'un certain nombre d'individus dépêchés par le Comité international d'urgence pour défendre la vie du président Gonzalo se sont vus refuser le droit de le rencontrer, systématiquement ! Plus récemment, deux médias de Lima se sont également vus refuser la possibilité de l'interviewer, ne serait-ce qu'indirectement (par écrit). Le régime persiste donc à maintenir le président Gonzalo isolé de tout contact direct avec le monde extérieur, comme c'est le cas depuis qu'il a été capturé en 1992.

La presse péruvienne a beaucoup spéculé au cours des dernières semaines sur l'impact qu'une décision rendue par la Commission inter-américaine des droits de l'homme sur la législation "anti-terroriste" en vertu de laquelle le président Gonzalo et d'autres dirigeantEs, membres et supporters du PCP sont toujours incarcéréEs pourrait avoir sur la suite de choses. Même si les tribunaux péruviens ont accepté de se conformer à la décision de la Commission (qui a conclu à l'illégalité des tribunaux militaires secrets ayant condamné les dirigeantEs du PCP à perpétuité suite au coup d'État dirigé par l'ex-président aujourd'hui en disgrâce, Alberto Fujimori), la législation actuellement en vigueur et les conditions dans lesquelles les nouveaux procès des dirigeantEs du PCP sont censés se tenir ne diffèrent pas tellement, en substance, de celles qui ont prévalu lors des parodies de procès qui avaient été présidés par des officiers militaires masqués et anonymes faisant office de "juges" en 1992-1993. Étant donné le fait que le gouvernement actuel d'Alejandro Toledo veut absolument apparaître comme ayant rompu avec le régime ouvertement dictatorial de son prédécesseur, la tenue de nouveaux procès susceptibles de mettre en lumière l'arbitraire et les politiques injustes de son propre régime constitue pour lui un véritable casse-tête.

On ne sait toujours pas à quel moment le méga-procès du président Gonzalo et d'une cinquantaine d'autres militantEs du PCP, d'abord prévu pour le mois de mars mais qui a été reporté indéfiniment (voir Arsenal-express nº 6, 09/05/2004), va avoir lieu. En principe, le président Gonzalo doit se présenter devant le tribunal dans une autre affaire dès cette semaine (mercredi). Le leader du PCP a en effet été assigné à comparaître au procès de l'ex-président Fujimori et de son homme de main Vladimiro Montesinos, qui sont tous deux accusés d'avoir commandé l'assassinat d'un dirigeant syndical en 1992, Pedro Huilca. À l'époque, Fujimori avait ouvertement blâmé le PCP pour cette exécution ; mais il semble que le président Gonzalo ait réussi à convaincre le tribunal lors d'un premier témoignage ayant eu lieu l'an dernier, que seul le gouvernement avait intérêt à assassiner Huilca et que le PCP n'y était pour rien (ce dont bien peu de gens doutent aujourd'hui).

Le mouvement international de défense du président Gonzalo a joué un rôle important pour empêcher Fujimori de l'assassiner après son arrestation en septembre 1992, comme il l'avait alors planifié. Depuis, le mouvement a centré son travail sur l'exigence que le président Gonzalo et les autres prisonnières et prisonniers politiques, dont le camarade Feliciano, puissent rencontrer librement et directement leurs avocats, leurs proches et la presse internationale. Les développements actuels renforcent la pertinence de cette exigence.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 11, le 13 juin 2004.

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