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La liberté des puissants et l'indigence des petitsoscar, Miércoles, Junio 9, 2004 - 09:54
oscar
G.W. BUSH a remis avec un certain decorum la médaille de la LIBERTÉ à Jean-Paul II, reconnaissant ainsi le rôle important qu’il a joué au service de la « liberté » dont son administration se fait l’apôtre un peu partout dans le monde. Hommage qu’a reçu avec humilité le Saint-Père. Au même moment on se prépare à célébrer en grande pompe les funérailles de Ronald Reagan qu’il a qualifié de mentor spirituel et politique de son administration. Ainsi nous nous retrouvons dans la situation particulière où c’est l’Empire, dominé par les grands conglomérats financiers, industriels, économiques, politiques et religieux, qui se fait lumière du monde et guide de liberté des peuples. Ma réflexion ne se veut pas un retour sur la liste des horreurs commises à l’encontre des droits fondamentaux des personnes et des peuples avec la complaisance de représentants religieux, politiques, économiques et institutionnels. Inutile de rappeler le Chili de Pinochet, l’Argentine des militaires, les conflits sanglants au Salvador, au Nicaragua, les tentatives d’invasion de Cuba, l’invasion de la Grenade et les dizaines de dictatures entretenues dans les bonnes grâces de l’Empire un peu partout à travers le monde. Ce sont des milliers de morts, de prisonniers, de torturés et d’enfants laissés orphelins dont il faudrait compter l’histoire. Je voudrais plutôt interpeller les porteurs des valeurs fondamentales du christianisme qui se font les apôtres de ces dernières tout en se transformant en complices de pareilles horreurs. Le Cardinal Ovando du Nicaragua, grand allié de M. Reagan lors de la guerre sale du Nicaragua contre les sandinistes, va honorer la mémoire de cet homme qui a libéré son pays du communisme en payant des mercenaires et des terroristes pour renverser un gouvernement dont l’objectif principal était de réduire les injustices sociales et d’apporter éducation et santé aux classes les plus défavorisées. Trois prêtres, pratiquants et croyants, occupaient des postes ministériels importants dans ce gouvernement. Comment, pour un apôtre des valeurs évangéliques de justice, la lutte contre le « communisme comprise à la Reagan » pouvait-elle être plus importante que celle de libérer sa population des injustices et de la pauvreté ? Où en sont les Nicaraguayens depuis que les « soi disant communistes » ont été chassés du pouvoir ? Ce questionnement, à quelques exceptions près, peut s’appliquer dans bon nombre de pays. La catholicité, dans son sens universel, dont les églises se targuent tant qu’est-elle devenue ? Qu’ont-ils à dire ces deux tiers de l’humanité qui croupissent sous la misère et la pauvreté ? Où est-elle leur liberté ? Où sont-ils ceux et celles qui s’identifient à cette tranche d’humanité et qui prennent en leur nom la parole pour parler aussi de LIBERTÉ, mais cette fois de liberté qui affranchit et permet d’occuper toute la place à laquelle toute personne humaine est conviée ? Où sont-ils ces prophètes qui savent porter haut et fort la parole qui dénonce les hypocrisies, les manipulations, les mensonges déguisés en vérité, les lois et les conventions qui génèrent et entretiennent la discrimination et l’injustice ? On se rencontre entre grands et puissants, on se fait de petites remontrances pour mieux se donner bonne conscience et à la fin on se retrouve pour célébrer des réconciliations et se distribuer des médailles. Le langage des béatitudes et celui contre le pharisaïsme sous toutes ses formes ne trouve pratiquement plus d’écho : la diplomatie et la délicatesse étant de mise. Nous avons évidemment des prophètes, de vrais prophètes. Nous pouvons penser à Gandhi, à Martin Luther King, à Salvador Allende, à l’Abbé Pierre, à Fidel Castro, au Che Guevara, à Mgr Romero, à Ernesto Cardenal, à Sœur Emmanuelle, à Nelson Mandela et à combien d’autres au Moyen Orient, en Asie, en Afrique et en Amérique. Toujours quelque part des prophètes émergent mais on ne leur donne pas souvent le micro, les tribunes officielles, les pages de nos journaux. Sauf quelques rares exceptions, ils sont vite éliminés, tués, donnant ainsi à leurs paroles la force de leur vie. Heureusement que les humbles de la terre savent les reconnaître et s’en inspirer. Oscar Fortin
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