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Contre l'avortement - Pour la révolutionkatherine, Jueves, Junio 3, 2004 - 17:45 Je suis contre toutes les formes d’avortement, hormis certains cas exceptionnels où la vie de la mère est gravement en danger (qui pourraient être prévenus). De nos jours, toute personne qui est contre l’avortement sera qualifiée de réactionnaire de droite, d’antiféministe, de catholique arriéré, de moraliste détaché des réalités sociales, voire d’intégriste dangereux. Dans tous les milieux de gauche ou dits «progressistes», on ne peut être que pour la possibilité de l’interruption volontaire de grossesse, synonyme automatique de liberté de la femme et de son corps, de la fin de l’emprise totalitaire du religieux sur la vie privée, de la victoire du principe de plaisir sur les morales poussiéreuses inspirées par les pouvoirs patriarcaux séculaires. Force est de constater que beaucoup de personnes qui sont contre l’avortement sont assez conformistes, sans parler des caricatures d’intégristes qui n’hésitent pas à tuer des médecins avorteurs. Il est certain que les défenseurs acharnés de la famille traditionnelle ne peuvent pas donner envie de remettre en cause les interruptions volontaires de grossesse. Il faudrait nuancer, il n’y a sans doute pas que des gens complètement coincés qui soient contre l’avortement. De plus, la société actuelle n’offre souvent guère de choix que l’avortement, qui est la conséquence de multiples choses. Il ne suffit pas d’être contre l’avortement par principe, il faut aussi remettre en cause toutes les structures sociales et relationnelles pour être cohérent. Il est facile d’agiter l’épouvantail des commandos pro-vie qui brutalisent des médecins avorteurs au lieu de réfléchir un peu à la question. Il est aussi un peu hasardeux de présenter la possibilité de l’avortement comme un progrès social, vecteur de la liberté des femmes. Pourquoi suis-je contre l’avortement ? Que l’avortement se fasse à 2 jours, à 2 semaines ou à 4 mois, l’idée est la même : supprimer une vie naissante sans tenir compte de son avis. Si un être amorce son entrée dans l’existence, quelles que soient les conditions dans lesquelles ça se passe, je ne vois pas au nom de quoi on pourrait décider à sa place de le tuer. La vie ne peut pas se découper en tranches, c’est un processus continu, de la conception à la mort, l’être vivant est bien là. Dès que les deux gamètes (spermatozoïde et ovule) se rencontrent, le processus est enclenché, et il est assassin d’y mettre un terme sans l’accord de l’intéressé (pré-embryon, embryon, post-embryon, fœtus, bébé, adolescent, adulte, vieux, handicapé, mourant) ou en lui forçant la main. On n’a aucun droit moral de bousiller cet être en devenir, unique et irremplaçable. L’embryon, qu’il ait 4 ou 100000 de cellules, qu’il ait ou non ses neurones de formés, qu’il soit ou non capable de sentir et de penser, veut vivre, il le prouve en se développant. Et tout le monde sait qu’il donnera un bébé, un adulte, etc. si tout se passe bien. Ce n’est pas un problème scientifique, mais une question éthique. Avant la naissance et l’autonomie complète, la conscience est forcément déjà impliquée dans le processus. Elle se développe d’elle-même au fur et à mesure que «ses» instruments sensoriels se développent. Bien sûr, les matérialistes intégraux rejettent tout autant une vision religieuse sacrée qu’un simple bon sens qui respecteraient les êtres depuis leurs commencements. Pour eux, les humains ne sont que des neurones interconnectés dans un tas de gélatine contingent. Tant que ce tas de matière n’est pas capable de penser ou/et de souffrir, il ne mérite pas plus d’attention qu’une crotte de mouche. L’ennui, c’est que la loi autorise les avortements alors que le fœtus est capable de souffrance (il a des terminaisons nerveuses de formées, mais les avis sont controversés à ce sujet). Alors on va aussi invoquer la liberté de la femme à disposer de son corps, à se libérer de l’emprise machiste et pseudo-religieuse. Tant pis si le fœtus souffre pendant l’aspiration qui le détruit (IVG), ils pensent qu’il vaut mieux autoriser cette éventuelle souffrance temporaire, chez un être pas encore totalement formé qui n’est même pas sûr de naître vivant, plutôt que de laisser souffrir la mère (pendant et après sa grossesse) et de faire vivre un être qui souffrira (du moins c’est ce qu’on suppose) plus que la moyenne. L’embryon, le fœtus, ne sont plus que des parties du corps de la femme, qu’on peut s’autoriser sans honte à couper comme s’il s’agissait d’ongles de pied. Ils pensent qu’il vaut mieux avorter car ça doit contribuer à la fin de la domination masculine. On tente de réduire une horreur par la légalisation d’une autre, les choses avancent ! Les matérialistes disent qu’un jeune embryon est comparable à une cellule isolée de notre corps, tous deux vivent disent-ils, sauf que si on implante une cellule de peau dans un utérus, elle ne donnera pas un être humain. On pourrait quand même être plus prudent quant à la capacité de souffrance de l’embryon, et leur position serait plus logique si l’avortement était interdit, par prudence, au delà du moment où les connexions nerveuses se font (le cerveau commence à la quatrième semaine, il paraît qu’une sensibilité est possible vers la huitième semaine, rien de bien sûr dans ce domaine). Il est quand même ahurissant qu’on ne trouve rien de mieux pour tenter de réduire divers problèmes sociaux que l’élimination des embryons d’êtres qui n’y sont pour rien ! L’avortement détruit des êtres tout juste lancés dans l’existence, qui n’ont aucun moyen de se défendre et de se faire entendre, comme s’il ne s’agissait que de tas de cellules de peau, des essais ratés, des brouillons qui ne méritent pas de vivre puisqu’ils ne sont pas désirés. Cette attitude est encore pire que celle de massacrer des animaux dans les abattoirs, les forêts, les océans ou les laboratoires. Au moins, les animaux peuvent crier, on voit leurs cadavres et leurs yeux terrorisés. Avec l’IVG, le meurtre est sans odeur ni couleur, on ne voit pas le sang gicler comme quand on égorge un cochon. Les matérialistes pragmatiques peuvent continuer leur sinistre besogne, en se moquant des opposants à l’avortement, qu’ils soient caricaturalement réactionnaires ou pas du tout. En plus, ils se présentent comme des militants féministes, agissant pour la liberté et l’évolution de l’humanité. Triste progrès social (à supposer qu’il y en ait un), qui se bâtit sur les «cadavres» de vies avortées. Il est vrai qu’il y a des imbéciles qui affirment sérieusement que les guerres stimulent l’évolution de l’humanité… De ce fait, certains font plus que considérer l’avortement comme un mal nécessaire à éviter au maximum, ils en font un acte anodin, un droit très important, une victoire de la liberté individuelle, un symbole de l’émancipation des femmes. Autre argument avancé pour justifier l’avortement : l’absence de vie indépendante de l’embryon, qui voudrait dire que les droits de l’être humain ne commencent qu’à la naissance. Est-ce qu’une personne gravement handicapée qui ne vit que grâce à des machines sera considérée comme un vulgaire tas de rouages ? Non. Bien sûr que la naissance est une étape très importante, mais le bon sens voit bien la continuité depuis la conception. On pourrait aussi dire qu’on ne devient humain qu’à partir du moment où on sait parler, marcher, ou à l’âge de 18 ans… Il fut d’ailleurs un temps où on ne se gênait pas pour jeter les bébés mal venus à la rivière ou sur le tas de fumier. Il y a même des gens qui voyaient les Noirs ou les Amérindiens comme des non-humains. Et il y actuellement encore des tas de gens qui traitent les animaux comme des objets, bons à être bouffés après fabrication dans des camps. Pour trancher la question de manière pragmatique, la plupart des gens considèrent que la dignité de l’être en gestation est progressive. En gros, au stade de deux cellules ça ne vaut rien, et à la naissance c’est un sujet humain protégé par les droits humains. Entre les deux, le respect de l’être en gestation se fera suivant les opinions de chacun, les besoins de la recherche et les cas particuliers. L’avortement après un viol ou pour un fœtus gravement malformé sera plus accepté que l’avortement de convenance. On se demande pourquoi ils ne poursuivent pas le raisonnement par la suite. On peut très bien traiter les humains adultes comme de la chair à canon, de la viande à usine, des cobayes, des réserves d’organes, des inférieurs qu’on peut exploiter sereinement… C’est d’ailleurs ce qui se fait dans la pratique, malgré les vertueux droits humains ou du travail et les discours rabâchés sur l’égalité. L’avortement serait donc l’expression crue des pratiques qui existent de fait après la naissance, mais qui sont, elles, masquées, critiquées… Les sortes d’avortements Les raisons pour lesquelles on décide d’avorter sont très diverses et chaque cas est unique. Voici néanmoins quelques grandes tendances : - L’avortement plus ou moins de convenance. La grossesse contrarie les études ou le projet professionnel. Le couple ou la femme considèrent qu’un enfant de plus serait de trop, ou que tout simplement ce n’est pas le moment. Ils préfèrent planifier les choses, atteindre le quota d’enfants au moment voulu. - L’avortement sous la pression des normes sociales. Dans certains milieux ou pays, la femme non-mariée qui se retrouve enceinte est très mal vue. Elle va donc avorter, en secret ou pas, pour se préserver et ne pas être complètement exclue, voire tuée. Il y a aussi les filles enceintes à 15 ans, qui se sentent trop jeunes et n’ont pas les moyens d’élever sereinement un enfant. - L’avortement dit thérapeutique. Une «société» fondée sur la compétition et le matérialisme supporte très mal les handicapés divers et les malades de naissance. Même les parents de bonne volonté sont face à des difficultés énormes s’ils décident de s’occuper d’un enfant non-compétitif. La plupart préfèrent donc avorter si un diagnostic prénatal leur apprend que «leur» enfant ne sera pas «normal». - L’avortement pour cause de pauvreté. Des femmes ou des couples vivant dans la misère ne veulent pas alourdir leur fardeau et préfèrent avorter au lieu de n’avoir que l’extrême pauvreté à offrir à leur futur enfant. Des femmes seules, vivant plus ou moins en marge, ne se sentent parfois pas capables d’élever un enfant. - L’avortement après un viol. Bien que l’embryon ne soit pas coupable, une femme enceinte après un viol va préférer avorter plutôt que de se voir imposer un enfant par la violence. Elle a peur que l’enfant lui rappelle le traumatisme et qu’elle le rejette ensuite du fait de son origine. Les motivations d’un avortement sont variées, mais on voit que l’environnement social joue un très grand rôle dans la décision finale. Le statut des femmes, les modes relationnels, l’état de la contraception, l’absence de structures d’aide, les ressources financières, le regard des autres… jouent beaucoup sur la venue des grossesses et sur les décisions d’avortements. Et souvent, un choix que l’on croit personnel est dicté par les normes et traditions environnantes, que ce soit pour avorter ou pour porter le futur enfant. Dans l'état actuel de l'humanité, les conditions sociales déplorables et le matérialisme qui considère les embryons comme des quasi-choses (ou en tout cas des simili-êtres qui n’ont pas du tout les mêmes droits que les humains après leur naissance) font qu’il n’est pas étonnant que les avortements soient si fréquents. En dehors des cas de pure convenance ou de celles qui considèrent l’avortement comme un moyen anodin de contraception, on ne peut pas vraiment jeter la pierre aux personnes qui choisissent l’avortement. C’est l’ensemble du système et ceux qui y participent qui sont coupables, les avorteurs et les femmes qui ont avorté pas plus que les autres. Lors d’une guerre, on ne charge pas uniquement le soldat qui tue à la baïonnette, il y a derrière des chefs, des populations patriotes, des États, des intérêts économiques, des pulsions collectives… Il est donc idiot de s’en prendre particulièrement aux médecins avorteurs ou à la droguée en détresse qui n’a pas un rond. Ils sont responsables, mais pas plus que tous les humains qui génèrent la misère sociale générale. Les femmes qui avortent sont même souvent à prendre en compassion, d’autant qu’il y en a quand même pas mal qui ne considèrent pas cet acte comme anodin. Pour en finir avec les avortements ? Dans le cadre actuel, il n’est guère possible d’influer sur le cours des choses. L’avortement n’est qu’une des multiples facettes, une des multiples conséquences d’une société violente et aliénante. Il est absurde de réprimer les femmes et d’interdire l’avortement dans une société sans morale, qui n’offre guère d’autres solutions. En gros, c’est comme si on ne laissait pas d’autres choix pour survivre que d’égorger son prochain, et qu’après on reproche aux gens d’être des criminels ! On peut toujours proposer certaines mesures pour aider les femmes et diminuer les taux d’avortements : * Aider davantage les femmes enceintes (matériellement et moralement). Mais ces mesures, même si elles étaient réellement appliquées, seraient toujours inefficaces. Elles vont à l’encontre des mentalités et pratiques dominantes. Des changements plus profonds sont nécessaires. Si la pratique de l’avortement n’est le plus souvent qu’une conséquence, il faudrait s’attaquer aux causes. Ce que ne font ni les féministes traditionnelles, ni les croyants conservateurs. Avorter n’est pas un progrès ou le gain d’une liberté, c’est juste un pis aller faute de vouloir tout changer. Avorter fait partie intégrante de notre monde, tout comme la guerre, le meurtre individuel, le viol, l’exploitation des plus faibles…, il est illusoire d’espérer la disparition de ces actes barbares en se contentant de réformes et d’appels à la raison. Il ne sert à rien de culpabiliser les femmes qui avortent. Si elles ne retrouvent pas de sens moral, et si les conditions sociales sont toujours aussi épouvantables (misère, solitude…), on ne voit pas pourquoi elles changeraient d’avis. Les traditionalistes qui proposent le mariage avec femme au foyer et rapports sexuels uniquement à but procréatif, qui s’opposent à toute forme de contraception et qui ne veulent pas changer les structures sociales sont à côté de la plaque. Comme la drogue, il est vain d’interdire l’avortement dans le contexte actuel. Il vaut encore mieux que les femmess avortent en sécurité à l’hôpital plutôt qu’elles aillent à l’étranger pour leur IVG ou aient recours à des méthodes artisanales dangereuses pour leurs vies. Pour la révolution La solution ne peut être que globale. Seule une révolution collective initiée par de multiples révolutions individuelles peut créer les conditions sociales et morales permettant de rendre l’avortement impensable, permettant de comprendre que l’être vivant doit être respecté depuis sa conception. Une vision existentielle profonde ferait qu’on respecterait la liberté de chacun avant même la naissance et qu’on verrait que tout être a un sens, qu’il soit animal, handicapé ou malade. Enfin, les structures relationnelles, sociales et économiques seraient totalement différentes. Entrons un peu dans les détails en imaginant que la révolution est en marche : # Chaque être est unique, il a de l’importance pour lui-même et pour les autres. Qu’un embryon soit handicapé ou pas, il a son rôle et sa place sur Terre, comme tout le monde. Dans une économie fondée sur le partage et l’égalité, on ne recherche plus le profit et la performance à tout prix. Le temps passé aux activités à but productif est réduit et chacun peut s’épanouir selon ses capacités. Les plus faibles, les êtres différents, ne sont plus mis au rancart, on fait tout pour les aider et ils ont autant d’importance que n’importe qui. Ajoutons qu’il y aurait de toute façon moins de malades et handicapés (pour ceux qui le deviennent au cours de leur vie), et que sans doute ce taux diminuerait aussi pour ceux qui le sont de naissance. # Tout le monde a largement de quoi subvenir à tous ses besoins. Plus de misère matérielle qui pousse à avorter. # Avec des relations libres et égalitaires, des personnes qui se prennent en main et la fin des tyrannies de la séduction, des modes…, finis les viols (qu’ils soient conjugaux ou commis par des inconnus). # Les embryons ne sont plus des enjeux de pouvoir entre femelles et mâles, ni des empêcheurs de vivre. Les femmes enceintes ne se retrouvent jamais seules, qu’elles aient 15 ou 40 ans. Il y a toujours des personnes pour accueillir tous les enfants à naître. # Les femmes ne sont plus des objets sexuels qu’il faut baiser sans capote pour être heureux. L’éducation et la pratique érotico-sexuelle se font dès que possible, et donc les personnes sont habituées à la responsabilisation et à la maîtrise. La contraception est développée et accessible pour tout le monde. # Il y a beaucoup moins de grossesses imprévues et celles qui surviennent sans qu’on les ait souhaitées ne posent aucun problème. La communauté de vie et le tissu social sont là pour aider chacun. # Les grossesses n’empêchent pas les études et les gens ont des visées plus hautes que bâtir une carrière professionnelle. # Plus de pressions sociales et de normes conservatrices qui culpabilisent les femmes enceintes. L’idée de l’abomination de la fille-mère (enfants hors mariage) n’a plus aucun sens. Évidemment, tout ceci est une utopie aux antipodes des réalités présentes. C’est pour simplement dire que si on est contre l’avortement, on se doit d’être contre l’ensemble de la société actuelle. Les avortements ne peuvent cesser que si tout change. L’émancipation et la liberté ne se décrètent pas. Ce n’est pas avec le réformisme et en faisant de l’avortement une solution qu’on va changer les choses. Les femmes, tout comme les hommes d’ailleurs, sont loin d’être libres, dans le domaine des relations comme dans les autres, qu’ils aient ou non recours à l’avortement. Ils sont prisonniers d’eux-mêmes et d’un système coercitif qui donne l’illusion de la liberté sans rien changer aux structures qui détruisent les personnalités et sclérosent les relations. Les humains avortent d’eux-mêmes en permanence. En adhérant à la société actuelle (Etat, compétition,…), ils jettent leur vie aux ordures avant même d’en prendre conscience. Il est vrai que les conditions sociales ne les aident pas à « garder le bébé » et à accoucher d’eux-mêmes, mais les failles et les perches existent. Pourtant, ils choisissent de se soumettre au lieu de s’engager dans un changement difficile. L’avortement est l’acte fondateur de l'humanité actuelle, on ne voit pas pourquoi elle y renoncerait concernant les êtres en formation dans les utérus ou les éprouvettes alors qu’elle se contrefout du sort des animaux et des humains nés.
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