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Pourquoi les femmes du Québec et du reste du Canada (et les hommes également) doivent être inquiètes

Nicole Nepton, Miércoles, Junio 2, 2004 - 18:01

Johanne Fillion, ACPD

Le 31 mai, Rob Merrifield, député conservateur et critique officiel en matière de santé, a fait l’écart freudien ultime que les Conservateurs redoutaient tant, en révélant l’agenda caché que partagent plusieurs de ses collègues dans le parti. Il a mis dans l’arène électorale la question de l’avortement, en suggérant qu’une tierce personne, qui ne soit pas nécessairement un docteur, dispense obligatoirement du conselling aux femmes qui désirent obtenir un avortement.

Contrairement au parti Conservateur, la population canadienne et québécoise dans son ensemble a depuis une décennie et plus une opinion très claire et très ouverte sur la question. Une écrasante majorité de Québécoises et Québécois, soit 83% (National Post/Global National, Compas 2002), est en faveur du droit des femmes à choisir librement. Pour l’ensemble du Canada, 78% de l’opinion publique est en faveur du libre choix à l’avortement.

Puisque la réponse de la population est claire et sans équivoque, il serait plus que temps que les différents partis fassent leur lit et qu’ils exposent très clairement où ils se situent sur cette question cruciale en matière de droits des femmes.

La réponse ennuyée de chef conservateur Steven Harper était tant nuancée que mensongère. Il a dit : "Je vais être très clair. Un gouvernement conservateur au pouvoir sous ma direction, DANS SON PREMIER MANDAT, ne déposera pas de nouvelle loi ni ne tiendra de référendum sur la question de l’avortement (traduction libre)". Il ajoutait du même souffle que cela importait peu de toute façon puisque les politiques en matière de santé sont du ressort des provinces.

Quel discours tiendra-t-il au deuxième mandat?

Quelle attitude adoptera-t-il devant un projet de loi privé issu d’un membre de son parti?

Je me permets de rectifier les faits auprès de M. Harper. Il semble manifestement ignorer que l’avortement est effectivement une question d’ordre fédéral. L’avortement est régi par le Code criminel canadien. En 1988, la cour Suprême du Canada a débouté la loi fédérale criminelle d’alors qui exigeait l’approbation d’un panel médical de trois personnes avant toute procédure légale d’avortement. La cour, dans cette fameuse décision connue sous le nom de la décision Morgantaler, a de plus ouvert la porte à l’introduction d’une autre législation.

Le gouvernement Mulroney a tenté d’introduire une nouvelle législation restreignant l’avortement, loi qui a été défaite de peine et de misère au Sénat.

Également, il semble que M. Harper ne se souvienne plus que tout récemment encore, à l’automne 2003, un membre de son parti a déposé une motion privée à l’effet que le Comité permanent des Finances de la Chambre des communes examine, d’une part, les risques que pose l’avortement à la santé, et d’autre part, analyse le nécessité de médicaliser l’avortement.

Chaque membre alliancistes de l’époque, à l’exception de Keith Martin et Rahim Jaffer, a voté en faveur de la motion! Ainsi, les 46 membres du parti Alliance présents, de même que 17 Libéraux, quatre Conservateurs et un Indépendant ont appuyé favorablement la motion. Je souligne les membres présents puisque, étrangement, cette journée là, 78 député-es étaient absents. Treize membres du la Chambre, dont dix Libéraux, ont quitté la pièce quelques instants avant la tenue du vote.

Je ne souhaite pas être dans la situation de nos voisines et voisins du sud qui ont vu déferler dans les rues de Washington il y a à peine un mois de cela plus d’un million de personnes, manifestant pour la reconnaissance des droits des femmes, notamment le droit à l’avortement.

L’absence de position, ou peut-être devrais-je dire la position évasive, voire douteuse du parti Conservateur, ne me réconforte aucunement. Et elle ne devrait pas réconforter qui que ce soit.

Action Canada pour la population et le développement
www.acpd.ca


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