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Du Bien Commun Mondial à l'âge de l'Information

Louise-Ann Maher, Domingo, Mayo 30, 2004 - 21:31

Philippe Quéau

(...)

En conclusion, nous voudrions poser la question du " progrès " de l'humanité. Le XXème siècle semble être le siècle où s'est imposé un doute radical quant à l'idée même de " progrès ". Le développement extrême de la rationalité instrumentale s'est accompagné d'un " désenchantement " du monde et d'une " perte du sens " qui caractérise selon beaucoup d'observateurs la fin du siècle. La Société de l'Information occupe une position originale dans ce débat sur la mort du progrès. D'un côté, elle fournit une nouvelle utopie : la création d'un outil concret pour la formation d'une communauté mondiale. D'un autre côté, elle contribue à sa manière au désenchantement du monde en nous imposant un modèle implicite, à base d'abstraction cognitive et mathématique, d'efficacité économique, d'homogénéisation culturelle et de différenciation sociale entre info-riches et info-pauvres. Mondialisation, abstraction et société de l'information ont partie liée. L'abstraction croissante des mécanismes économiques et financiers globaux ne doit pas cacher la frustration du " bon sens " devant les incohérences globales que ces mécanismes exacerbent. Les bulles financières et conceptuelles ne font que souligner l'inconsistence du politique au niveau méta-national.

Un anthropologue comme André Leroi-Gourhan definit le progrès des civilisations par leur niveau d'abstraction. Si nous le suivons, alors indéniablement la civilisation du virtuelle, plus abstraite, sera un grand bond en avant. Mais nous ne partageons pas ce point de vue. La véritable mesure du progrès d'une civilisation doit être plutôt sa capacité à l'altérité, sa capacité à appréhender, comprendre et préserver l'autre. Le principal risque d'une " civilisation mondiale " est d'ailleurs de limiter la diversité et de réduire la possibilité d'altérité, en imposant des normes puissantes de conduite. Le prix à payer de la transparence et de la circulation mondiale est l'uniformité et la réduction au même, sans parler de l'atteinte à la liberté. L'étranger, le pauvre, l'exclu, sont des symboles inoubliables de la différence et de l'altérité. Ils sont des images de l'autre.

Mais il y a toutes sortes d'autres " autre ". Ainsi le futur est " autre ". Keynes disait : " Ce qui arrive en fin de compte ce n'est pas l'inévitable mais l'imprévisible. " La véritable mesure du progrès d'une civilisation pourrait bien être sa capacité à favoriser l'imprévisible

L'unité de l'humanité ne peut être fondée sur une unique religion, une seule philosophie ou sur un même gouvernement. Elle doit être fondée sur une diversité plus utile à l'unité que l'unicité ou l'unification. La multiplicité est essentielle à l'unité. Mais, elle est difficile à maintenir à l'âge de l'abstraction numérique, l'abtraction dévorante du marché planétaire et du totalitarisme économique.

Le défi que nous devons relever est le suivant. Face à la mondialisation de l'abstraction et du marché, il faut réussir à préserver l'altérite et la diversité. Il faut en particulier surmonter le paradoxe qui consiste à mettre les techniques de l'information, porteuses de standardisation, au service de la différence. Il faut mettre au service de ceux qui sont les plus "autres", notre modernité tellement attachée au "même".

Ensemble de l'entretien
2100.org/conf_queau1.html


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