Ce qui distingue le coup d'envoi de l'élection fédérale cette fois-ci, c'est à quel point les médias participent à l'effort pour faire de Paul Martin un «candidat populaire». Même l'acte protocolaire de demander à la gouverneure générale de dissoudre le parlement le 23 mai a été transformé en un cirque médiatique.

On nous montrait Paul Martin se promenant allègrement dans le parc avec son épouse, main dans la main, en direction de la Maison du Gouverneur, souriant et saluant une foule amicale. Tout le parcours de la maison du premier ministre à la maison du gouverneur a été diffusé en direct à la télévision pour convaincre les Canadiens et Canadiennes que Paul Martin est confiant et détendu et que la campagne qui s'amorce sera comme une promenade dans le parc par une belle journée ensoleillée.

Pourtant rien n'est plus faux. Les querelles intestines au sein du Parti libéral, dont s'est servi Martin pour écarter Jean Chrétien et s'emparer de la direction, ont également exposé la corruption de tout le système de démocratie représentative. Cela a accru les difficultés pour la classe dominante qui cherche un champion de sa cause qui fera ce qu'elle dit et paraîtra en même «populaire». Pour la classe dominante, la «popularité» est très importante. C'est la «popularité» qui lui permet de dire que le parti qui remporte l'élection a le mandat de faire tout ce que réclame l'élite économique et politique.

Ce qu'a dit Paul Martin lors du déclenchement des élections générales devrait suffire à convaincre tout le monde de la nature corrompue et trompeuse du processus électoral. Il annonce ses engagements envers la santé, l'éducation des peuples autochtones, entre autres, pendant que tous savent très bien que lorsqu'il était ministre des Finances il appliquait les politiques du Parti réformiste. En réduisant le financement pour les programmes sociaux et en saisissant 48 millions $ au fonds de l'assurance- emploi, il agissait aux ordres de l'élite économique qui exige que tous les fonds publics disponibles soient mis à sa disposition. Mais monsieur Martin prétend malgré tout que le Parti libéral représente une «approche équilibrée» et défend «des valeurs canadiennes traditionnelles comme la bienveillance et la générosité».

Selon monsieur Martin, «l'avenir du Canada est en jeu» dans cette élection. Mais en quoi? On ne le sait pas parce que ce qui suit n'est qu'une campagne de calomnies et d'attaques personnelles de part et d'autre. En réalité il n'y a pas beaucoup de différence entre les libéraux, les conservateurs ou le NPD pour ce qui est de leurs politiques. Le NPD se propose même de reconstituer le Parti libéral de Trudeau! La classe dominante espère que cette élection permettra d'établir quel parti ou quelle union de parties sera le plus utile à défendre ses intérêts et ces partis sont prêts à tout faire pour contrôler les leviers du pouvoir. Les libéraux ont déjà fait savoir que leur plan consiste à diaboliser le chef conservateur en espérant que le peuple se résigne à voter pour Paul Martin.

L'élection générale, que les médias présentent comme la plus grande expression de la démocratie, est en fait l'occasion d'un assaut généralisé contre le peuple. Les partis politiques des riches font tout en leur pouvoir pour empêcher le peuple de se donner le pouvoir en cherchant à diviser la classe ouvrière et le peuple. Ils se servent des élections pour diviser le peuple en camps hostiles, pendant que le peuple est censé oublier sa cause et ses propres intérêts.

Ne portons au pouvoir aucune des factions des riches! De cette façon, les Canadiens et Canadiennes peuvent faire en sorte que les élections ne servent pas d'occasion à les attaquer. En présentant nos propres candidats et en menant la lutte politique à la défense du droit de tous de participer à la gouvernance de façon significative, nous pouvons ensemble ouvrir la voie au progrès. Tous les sans-emplois qui ne sont plus admissibles à l'assurance-emploi, tous les pêcheurs qui ne peuvent plus pêcher, tous les producteurs agricoles qui ont perdu leur gagne-pain, tous les travailleurs qui se sont fait dire qu'ils doivent accepter des baisses de salaires, le vol de leurs pensions et une baisse des avantages sociaux et accepter les mises à pied en faveur de la sous-traitance et tous les autres doivent participer à cette élection en mettant de l'avant leurs réclamations à la société. Ils doivent donner à la «promenade dans le parc» de Paul Martin la réponse méritée.

* Louis Lang est le porte-parole du Parti marxiste-léniniste du Canada et candidat du PMLC dans Ottawa-Centre.

(Tiré du Le Marxiste-Léniniste No.62 - 26 mai 2004, journal du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) - PCC(M-L))