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Mahdi Elmandjra : Le penseur qui a approché la thèse du choc de civilisation avant Samuel HuntingtonAnonyme, Jueves, Abril 15, 2004 - 00:43
Mohamed Nabil
En 1993, la revue américaine « Foreign Affairs » publiait un article du professeur Samuel Huntington sur le choc des civilisations. Face aux nombreuses critiques dont l’article a fait l’objet, l’auteur a décidé d’exposer plus longuement sa thèse dans un livre, publié en 1996. Ce livre intitulé « The Clash of Civilizations » n’était pas le premier à avoir entrevu un choc des civilisations dans le monde, pourtant il est devenu la référence principale si on parle des différences culturelles de nos jours. Deux ans avant Samuel Huntington, le Professeur de l’Université Mohammed V à Rabat Mahdi Elmandjra, a annoncé la « Première guerre civilisationnelle ». Il était alors le premier écrivain qui en a parlé, néanmoins, son livre, publié en 1992, n’a pas éveillé une attention particulière, et il est resté secondaire comparé à celui de Huntington. Les raisons pour cette négligence sont variées, elles vont être énoncées au cours de ce rapport. Mahdi Elmandjra : Le penseur qui a approché la thèse du choc de civilisation avant Samuel Huntington Mohamed Nabil * En 1993, la revue américaine « Foreign Affairs » publiait un article du professeur Samuel Huntington sur le choc des civilisations. Face aux nombreuses critiques dont l’article a fait l’objet, l’auteur a décidé d’exposer plus longuement sa thèse dans un livre, publié en 1996. Ce livre intitulé « The Clash of Civilizations » n’était pas le premier à avoir entrevu un choc des civilisations dans le monde, pourtant il est devenu la référence principale si on parle des différences culturelles de nos jours. Deux ans avant Samuel Huntington, le Professeur de l’Université Mohammed V à Rabat, Mahdi Elmandjra, a annoncé la « Première guerre civilisationnelle ». Il était alors le premier écrivain qui en a parlé, néanmoins, son livre, publié en 1992, n’a pas éveillé une attention particulière, et il est resté secondaire comparé à celui de Huntington. Les raisons pour cette négligence sont variées, elles vont être énoncées au cours de ce rapport. Dans mon article, qui porte sur la thèse du choc des civilisations, la première étape sera la présentation des deux auteurs avec leurs livres. D’abord, je vais introduire les thèses d’Elmandjra et ensuite celles de Huntington. La deuxième étape sera la comparaison des deux propos sous un angle critique personnelle. Ensuite, l’actualité de la thèse sera abordée et finalement, je parlerai de l’importance du phénomène de choc des civilisations pour un travail du management international. 1 - Qui est Mahdi Elmandjra ? Mahdi Elmandjra est né en 1933 à la capitale du Maroc, Rabat. Il a fait ses études universitaires aux États-Unis à l’Université de Cornell (Licence en Biologie et en Sciences Politiques) et il les a continuées en Angleterre où il a aussi obtenu son doctorat (Ph.D. Éco.) à la London School of Economics (Université de Londres). Depuis 1958, il enseigne à l’Université Mohamed V à Rabat. Elmandjra a été entre autres Directeur Général de la Radiodiffusion Télévision Marocaine, Premier Conseiller de la Mission Permanente du Maroc auprès des Nations Unies à New York, Président de la Fédération Mondiale des Études du Futur, Président de Futuribles International et il est Président Fondateur de l’Association Marocaine de Prospective et de l’Organisation Marocaine des Droits de l’Homme. En plus, il a occupé plusieurs hautes fonctions au sein du Système des Nations Unies (1961-1981) y compris celles de Chef de la Division Afrique, de sous-Directeur général de l’UNESCO pour les Sciences Sociales, les Sciences Humaines et la Culture et de sous-Directeur général pour la Prospective. Le professeur a publié plus de 500 articles dans les domaines des sciences humaines et sociales et il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « Première Guerre Civilisationnelle » (1991). De surcroît, Elmandjra a reçu plusieurs prix comme par exemple le Prix de la Vie Economique 1981 (France), la Grande Médaille de l’Académie Française d’Architecture (1984), Ordre des Arts et Lettres (France, 1985), Ordre du Soleil Levant (Japon, 1986) et la Médaille de la Paix de l’Académie Internationale d’Albert Einstein. La biographie du professeur Elmandjra montre très bien sa compétence professionnelle variée ainsi que ses expériences étendues dans des différents domaines. 2 - Les thèses d’Elmandjra : « Première guerre civilisationnelle ». Elmandjra était effectivement le premier écrivain qui a parlé d’un choc des civilisations; dans un entretien avec le magazine allemand « Der Spiegel » le 11 février 1991, il a désigné la guerre du golfe en 1991 comme la « première guerre civilisationnelle ». Dans la même année, le professeur a publié un livre sous le même titre en arabe, qui a paru plus tard aussi en français, anglais et japonais. Dans ce livre, Elmandjra distingue trois périodes fondamentales qui ont influencé le monde pendant les derniers siècles : l’ère coloniale, qui a été caractérisée par des enjeux d’ordre économique, le néocolonialisme, par des enjeux d’ordre politique et depuis les années 1990, avec la fin de la guerre froide, la période post-coloniale qui a été caractérisée par des conflits culturels. Ces derniers sont surtout des oppositions d’intérêts entre les pays du Nord et ceux du Sud. Le début de cette période post-coloniale était, selon l’auteur, la crise et ensuite la guerre contre l’Irak, dans laquelle s’opposaient deux cultures tout à fait différentes : l’Occident et l’Orient. Elmandjra voit comme cause du conflit la diversité culturelle et il décrit trois grandes peurs de l’Occident qui déclenche la mise à disposition à la guerre. Premièrement, il y a la peur de la démographie. L'Occident qui représente moins de 20 % de la population mondiale s'empare plus de 80 % des richesses matérielles de la planète, mais dans 30 ans sa population ne dépassera pas 13 % de celle du globe. Deuxièmement, l’Occident craint la religion, c’est-à-dire l’Islam, car la population musulmane est en pleine croissance et représentera bientôt plus de 40 % de la population mondiale. Finalement, l’Asie et surtout le Japon constituent aussi un facteur faisant peur à l’Occident, à cause de son développement technologique et économique, qui a eu lieu sans imitation des modèles occidentaux et sans adaptation à ses valeurs.
Ces raisons montrent qu’il s’agit selon l’auteur « de la première vraie guerre mondiale qui met aux prises la quasi-totalité du monde occidental coalisé contre un peuple solitaire pour des motifs culturels. » Les cinq mobiles mènent finalement à la guerre et aux crimes de celle-ci, qui se manifestent dans l’agression contre le peuple, la destruction du pays, de l’environnement et des biens culturels ainsi que dans la violation du droit et de la légalité internationale. Tout compte fait, l’auteur en tire ses conséquences concernant le comportement futur de l’Irak et des pays de l’Orient en général : il souligne, que les populations des pays du Sud doivent, au lieu d’imiter le modèle occidental, développer leur propre stratégie de modernité en s’attachant à leur identité culturelle et religieuse et en critiquant leurs régimes non-démocratique ou même autoritaire. L’auteur propose une coopération Sud/Sud pour devenir indépendant de l’Occident et pour déclencher le début d’un nouvel ordre international. Les thèses de Mahdi Elmandjra se basent alors surtout sur des arguments culturels. Plus loin dans son livre, il mentionne d’autres aspects dans ce sens, comme l’ignorance de l’Occident envers l’histoire, les valeurs et les compétences techniques de l’Orient ainsi que l’ethnocentrisme de l’Occident qui attend p.e. des peuples arabes de parler les langues occidentales et qui ne respecte pas les trésors de l’art et de l’architecture dans les pays les plus anciens du monde. On voit ainsi clairement les motives de l’auteur et comprend pourquoi il parle de la première guerre civilisationnelle, voire la première vraie guerre mondiale. Son livre est devenu très actuel dans notre contexte, car nous sommes maintenant encore une fois en pleine guerre, la deuxième guerre contre l’Irak. Les thèses d’Elmandjra se confirment ainsi de nos jours, en outre, il ne faut pas oublier les attentats du 11 septembre et la guerre en Afghanistan, qui se sont passés entre-temps. Le concept du professeur Mahdi Elmandjra était vraiment nouveau au début des années 90, mais la notion de la « Guerre Civilisationnelle » est seulement devenue populaire avec le livre de Samuel Huntington « The Clash of Civilizations » en 1993. Cependant, Huntington lui-même reconnaît à la page 246 de son livre, qu’Elmandjra était le premier à utiliser l’expression et à énoncer le concept de la guerre civilisationnelle. 3 - Qui est Samuel Huntington ? Samuel Huntington est né en 1927 à New York, il a fait ses études aux Etats-Unis, où il a reçu son B.A. à l’Université de Yale en 1946 et son M.A. à l’Université de Chicago en 1948. Trois ans plus tard, il passe son doctorat à l’Université de Harvard et commence à enseigner dans le même institut. À partir de 1959, l’auteur occupe le poste du directeur associé de « Institute of War and Peace Studies » avant de devenir Chairman of the Harvard Departement of Governement. Dans les années suivantes, Samuel Huntington fonde le magazine politique « Foreign Policy », travaille comme directeur du centre pour des affaires internationales et dans la maison blanche comme Coordinator for Security Planning ; en plus, il continue à enseigner à Harvard. Le professeur est membre de plusieurs associations, comme par exemple « Council of the American Political Science Association », il a fait des recherches approfondies dans les domaines de la politique militaire, comparative et culturelle et il a publié plusieurs livres, dont « The Clash of Civilizations » en 1996. L’auteur dispose alors des grandes connaissances des relations internationales, surtout grâce à son adhésion au Conseil national de sécurité au sein de l’administration Carter. Les thèses de son livre se basent, comme celles d’Elmandjra, sur un nouvel ordre international unipolaire, qui a commencé après la guerre froide et l’effondrement de l’USSR. Huntington réagit avec son œuvre à l’ouvrage de Francis Fukuyama « Fin de l’histoire », qui envisage un avenir optimiste du monde surtout dans les domaines politiques et économiques. Samuel Huntington refuse cette vision et formule sa thèse du choc des civilisations, laquelle je vais présenter maintenant. 4 - Les thèses de Huntington dans « The Clash of Civilizations » Le départ des thèses de Samuel Huntington est une approche culturelle. Selon lui, « le monde est passé successivement par plusieurs phases durant lesquelles il était divisé de différentes manières. Dès la fin des années 1980, les distinctions majeures entre les peuples deviennent culturelles : C'est le début de l'ère civilisationnelle, les deux blocs de la Guerre froide disparaissent alors pour laisser place aux civilisations. » De nos jours, notre planète se trouve dans une crise identitaire et les distinctions essentielles entre les êtres humains ne se font plus d’une manière idéologique, politique ou économique, mais culturelle. Chaque peuple s’identifie surtout par une délimitation des autres, la religion en joue un rôle principal. Dans ce monde, il y a désormais deux sortes de politique : la politique locale de l’ethnicité, et la politique globale ou internationale des différences civilisationnelles, ainsi, « la politique est à la fois multipolaire et multicivilisationnelle. » Les distinctions entre les cultures se font selon la pensée, c’est-à-dire, la langue, l'histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et non plus selon l’apparence, comme la race, la couleur de peau, etc. En conséquence, Huntington fragmente le monde du XXIème siècle en huit blocs civilisationnels, qui sont hostiles les uns aux autres :
Selon l’auteur, chaque civilisation est fondée sur une religion et ses valeurs. Le choc entre ces cultures mentionnées consiste dans la confrontation entre eux. Huntington donne plusieurs raisons pour les conflits ; premièrement, l’augmentation démographique réduit l’espace sur la terre, en même temps, la mondialisation renforce les interactions entre les pays différents. Deuxièmement, la modernisation provoque l’éloignement des hommes de leurs identités traditionnelles (comme l’État-Nation) et favorise une identification commune autour de la religion. Ainsi, l’Occident, à l’apogée de modernisation, n’arrive pas à occidentaliser le reste du monde, car les différences culturelles restent difficiles à changer et les Non-occidentaux cherchent un chemin de retour à leurs racines. Finalement, la croissance de l’importance de la régionalisation augmente le sentiment identique culturel chez les hommes. La thèse de Samuel Huntington est plutôt pessimiste. Pour lui, le déclin de l’Occident a déjà commencé, avec la perte des valeurs morales et de l’éthique (le nombre des divorces, des familles monoparentales, etc.), avec les problèmes sociaux (l’abus de la drogue, la criminalité, etc.) ainsi qu’avec la baisse de l’activité intellectuelle. Malgré sa puissance économique et technologique l’Occident se sent essentiellement menacée du monde musulman à cause de sa croissance démographique importante, et de la Chine, qui représente une nouvelle force économique. Selon l’auteur, la Chine sera la grande puissance du XXIème siècle, car elle se développera sans adapter les valeurs de l’Occident. Quant au monde musulman, Huntington lui accorde une plus grande agressivité qu’aux autres blocs civilisationnels, en raison de son histoire (humiliations subis pendant la colonisation), son explosion démographique et l’absence d’un État phare de l’Islam pour stabiliser le monde musulman. 5 - Comparaison des livres d’Elmandjra et de Huntington Premièrement, il est surprenant, que deux auteurs d’une origine tout à fait différente, développent l’un après l’autre une thèse semblable, qui provoque des réactions critiques multiples. Le fait est d’autant plus étonnant, que l’objet d’étude sont les civilisations et que les deux auteurs appartiennent à des civilisations contradictoires. Pourtant, tandis que le livre de Mahdi Elmandjra est resté relativement insignifiant, celui de Huntington s’est transformé en véritable affaire : l’affaire Huntington. Son titre « Choc des civilisations » est en discussion internationale dès l’apparition de l’article dans la revue Foreign Affairs en 1993, mais de nouveau depuis le début de la guerre contre l’Irak en mars 2003. Ce succès extraordinaire s’explique des nombreuses réactions qui ont été provoquées par l’article et le livre. Évidemment, une affaire n’existe qu’avec des critiques qu’elle provoque, ainsi le livre de Huntington a réussi à polariser des opinions exprimées et à déclencher un débat à l’échelle mondiale. Bien que le professeur Elmandjra soit très connu et très expérimenté dans le domaine des relations internationales, son livre n’a pas connu le même succès, quoique son idée fut aussi publié dans une revue internationale connue (Der Spiegel). En plus, son livre existe, à part de l’origine arabe, dans trois versions traduites, anglais, français et japonais. Mais peut-être un auteur occidental et surtout américain a moins de difficultés à répandre ses idées à l’échelle mondiale qu’un écrivain oriental. La comparaison des deux livres montre, que les deux auteurs partent d’un point commun : la fin de la guerre froide au début des années 90, qui introduit une nouvelle période d’ordre politique, désormais caractérisée par des enjeux culturels plutôt que par des enjeux idéologiques, politiques ou économiques. Ensuite, on constate plusieurs aspects communs : le conflit de la diversité culturelle surtout avec les oppositions d’intérêts entre les pays du Nord et ceux du Sud et les trois grandes peurs de l’Occident : La peur démographique, la peur de l’Islam et la peur de l’Asie (tandis qu’Elmandjra considère le Japon comme pays le plus menaçant de l’Asie, Huntington donne ce rôle à la Chine). Plus loin dans son livre, Elmandjra se concentre sur la guerre du golfe contre l’Irak en 1991. Il considère ce conflit comme la première vraie guerre mondiale et il le prend comme exemple pour développer sa thèse de confrontation culturelle. Tous les propos suivants reposent sur cet exemple, l’auteur donne cinq mobiles, des crimes et des conséquences de la guerre du Golfe pour montrer en quoi consiste le choc des civilisations et comment celui va se reproduire dans l’avenir. Par contre, Huntington développe son approche autrement. Premièrement, il divise le monde dans huit blocs civilisationnels et ensuite, il analyse les raisons pour lesquelles ces cultures se trouvent dans un état de confrontation potentielle. Puis, l’auteur traite surtout la problématique de l’Occident, il mentionne les problèmes au sein de ce bloc civilisationnel et les conflits avec les autres cultures. Par ailleurs, il se penche sur l’influence asiatique et la civilisation musulmane. La thèse de Huntington est alors beaucoup plus générale, parce qu’elle décrit les conflits des civilisations définies par l’auteur et avance une affirmation universelle. Elle analyse le choc des civilisations dans l’angle mondial tandis que la thèse d’Elmandjra se concentre plutôt sur l’exemple de la guerre contre l’Irak. L’auteur marocain fixe son regard sur ce début de l’ère post-coloniale et le conflit entre l’Occident et l’Orient. Il ne tient pas compte aux autres conflits civilisationnels et n’adapte pas la fragmentation du monde dans huit blocs. On a l’impression, que le choc des civilisations se manifeste seulement entre l’Occident et l’Orient et que le premier camp est surtout représenté par les États-Unis. En plus, on constate un point de vue d’Elmandjra sous l’angle arabo-musulman, parce que l’auteur donne des conseils afin que le monde arabe se libère de l’influence occidentale. Cet aspect est peut-être une autre raison pour le faible succès du livre d’Elmandjra au niveau international. Dans l’ensemble, les deux livres donnent des perspectives pessimistes. Huntington aussi bien qu’Elmandjra considère le développement dès le début des années 90 comme dangereux et très conflictuel. Les thèses des deux auteurs contredisent l’affirmation optimiste de Francis Fukuyama, philosophe américain, qui annonce dans son livre « La fin de l’histoire et le dernier homme » (de 1992) un avenir positif avec la victoire de libéralisme et la paix globale. Huntington et Elmandjra par contre, voient le futur beaucoup plus négatif, car selon eux, les conflits culturels sont plus difficiles à résoudre que les conflits du genre politique, économique ou idéologique. En dernière analyse, on peut dire que les deux livres étudiés se ressemblent dans le point essentiel, le choc des civilisations, mais différent dans l’analyse du développement de cette concordance. Évidemment, l’origine et l’expérience des auteurs jouent un rôle important concernant le traitement de la matière. C’est intéressant d’observer comment deux auteurs des cultures contradictoires discutent le sujet des conflits civilisationnels. 6 - L’actualité du choc des civilisations Dans les deux livres analysés le point de départ est la fin de la guerre froide au début des années 90. Aujourd’hui, nous nous trouvons dans l’an 2003, alors en pleine période post-coloniale et plus encore, dans une nouvelle guerre contre l’Irak. Par conséquent, le sujet du choc des civilisations est très actuel, car les prédictions des deux auteurs se sont avérées justes : la première guerre contre l’Irak, selon Elmandjra la première vraie guerre mondiale, n’était pas la dernière. La guerre de 2003 reflète une nouvelle confrontation entre l’Occident et l’Orient, plus exactement entre les Etats-Unis et l’Irak, et ainsi un nouveau choc des civilisations selon les auteurs. Puis, il discute le rôle des Etats-Unis, qui est à son apogée et ainsi poursuit la tendance de présenter ses valeurs comme celles de l’humanité. Pourtant, cet aspect remet en question la thèse de Huntington, Balthazar ne croit pas vraiment au choc des civilisations comme cause de la guerre contre l’Irak. Pour lui « la myopie interculturelle et la faillite diplomatique des Etats-Unis leur font utiliser la religion pour alimenter des conflits entre civilisations. » Finalement, le premier conférencier, Dahan, confirme cette proposition en rejetant le choc des civilisations. Selon lui « ce sont les régimes totalitaires qui tuent et qui asservissent pour assouvir leurs ambitions. » À l’aide de cette discussion, on voit que le phénomène du choc des civilisations est encore très controversé, mais aussi actuel qu’après la parution du livre de Huntington. Depuis l’apparition du phénomène du choc des civilisations, de nombreuses critiques remettent en question les thèses abordées, mais l’analyse de ces critiques dépassera le cadre de ce rapport. Néanmoins, je vais citer quelques exemples : Premièrement, il y a les critiques internes de l’ouvrage de Huntington, qui remettent en question les définitions des civilisations supposées par l’auteur. Deuxièmement, il y a des critiques d’analyses, surtout des analyses des relations internationales contemporains dans le livre, qui répondent directement à l’article paru dans la revue Foreign Affairs en 1993. Finalement, on trouve souvent des critiques des résultats des analyses de Huntington, qui sont avant tout ceux de l’école réaliste. L’argument principal se résume dans la citation suivante de Fouad Ajami (professeur des études de Moyen Orient à l’école des Études Avancées Internationales à l’Université Johns Hopkins) : « les civilisations ne contrôlent pas les États, les États contrôlent les civilisations. » Il est évident que le débat sur le choc des civilisations occupe aujourd’hui de nouveau les intellectuels du monde. Dix ans après la parution du livre de Huntington, ils essayent de comparer les prédictions de l’auteur avec l’histoire qui s’est déroulé pendant la dernière décennie. Les discussions sont alors très actuelles. 7 - Conclusion En conclusion, on peut dire que les deux auteurs Mahdi Elmandjra et Samuel Huntington ont abordé une thèse similaire qui occupe, dès son apparition, le monde intellectuel. Pour la première fois, le phénomène du choc des civilisations s’est fait jour et reste jusqu’à maintenant très controversé et très actuel. La comparaison des deux approches, l’une d’un auteur occidental et l’autre d’un auteur oriental, montre l’ampleur de la thèse du choc des civilisations et élargi l’horizon du penseur critique. Bien qu’il n’existe pas une concordance absolue entre les deux approches, le point essentiel est semblable et des réactions multiples critiquent les deux propos en remettant en question le phénomène du choc des civilisations. ---
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Le site Web du penseur marocain Mahdi Elmandjra.
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