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Après le dépôt du budget SéguinEric Smith, Domingo, Abril 4, 2004 - 19:55
PCR(co)
Comme on pouvait s'y attendre à la lumière des différentes hypothèses que le ministre avait évoquées ça et là au cours des dernières semaines, le budget Séguin confirme le changement de cap amorcé par les Libéraux depuis le début de l'année. Il faut néanmoins poursuivre la résistance, non seulement contre le gouvernement Charest, mais contre toutes les attaques de la bourgeoisie. Après le dépôt du budget Séguin Le ministre des Finances Yves Séguin a déposé cette semaine son premier véritable budget depuis l'arrivée des Libéraux au pouvoir à Québec il y a maintenant tout près d'un an. Comme on pouvait s'y attendre à la lumière des différentes hypothèses que le ministre avait évoquées ça et là au cours des dernières semaines, le budget Séguin confirme le changement de cap amorcé par les Libéraux depuis le début de l'année. Les premières décisions annoncées par le gouvernement Charest suite à son élection (une élection "par défaut", pourrions-nous dire) avaient donné naissance à un puissant mouvement de contestation qui a mobilisé des dizaines de milliers de personnes, d'un bout à l'autre de la province, dans le cadre d'actions parfois très spectaculaires et qui tranchaient avec la relative paix sociale que le Québec connaît depuis plusieurs années. Dès leur élection, les Libéraux avaient choisi de tirer dans toutes les directions à la fois: hausses des tarifs du transport en commun, de l'électricité, des services de garde et surtout, introduction d'une série de mesures, inscrites dans quelques projets de loi qui ont été adoptés avant la fin de l'année, ayant pour effet d'appauvrir les travailleurs et les travailleuses (comme celles visant à faciliter la sous-traitance) et à affaiblir les organisations syndicales. Le mouvement de résistance qui s'en est suivi a clairement pris les Libéraux par surprise: soudainement, la paix sociale si chère à la bourgeoisie québécoise se voyait remise en question. Les grandes organisations syndicales en particulier, associées de longue date à la gestion des affaires de l'État -- et ce, autant sous les gouvernements péquistes que libéraux qui se sont succédés depuis 30 ans -- ont eu recours aux grands moyens et ont organisé (ou laissé s'organiser dans certains cas) des actions très militantes. Les gouvernements capitalistes (que nous, maoïstes, aimons représenter comme étant en quelque sorte les "comités exécutifs de la bourgeoisie") doivent agir, en toutes circonstances, de façon à assurer le pouvoir de la classe dominante. Cela implique, notamment, d'établir des politiques et de mettre en place des mécanismes qui servent à reproduire et à rentabiliser le capital, allant donc à l'encontre des intérêts de la majorité: tel est le sens du projet de "ré-ingénierie de l'État", porté avec plus ou moins de bonheur par le gouvernement Charest. En même temps, les gouvernements capitalistes doivent s'assurer que cela se fasse dans les meilleures conditions possibles, i.e. de façon telle que la majorité de la population accepte, de gré (préférablement) ou de force (s'il le faut), de s'y soumettre. Cela passe par un habile maniement de la carotte et du bâton -- ce dernier étant toujours utilisé, ultimement, lorsque le pouvoir de la bourgeoisie est susceptible d'être remis en question. Règle générale -- et le Québec constitue à cet égard un formidable cas d'espèce -- les gouvernements cherchent à obtenir le consentement de la majorité de la population; ils déploient tous les efforts pour nous convaincre de participer à cet "immense effort collectif" visant à assurer la production de richesses et à "construire une société meilleure"... pour la minorité bourgeoise. De là, les mécanismes hautement sophistiqués qui ont été mis en place pour assurer la participation des grandes organisations qui encadrent la "société civile" (syndicats, groupes communautaires, etc.), ainsi que les bonbons qu'on distribuera parfois, ici et là, pour contenter ou étouffer quelque groupe dont le mécontentement pourrait autrement affecter la sacro-sainte paix sociale. C'est ce que vient faire le budget présenté par le ministre Séguin, qu'il a lui-même qualifié de social-démocrate (non sans raison), de même que le plan de lutte à la pauvreté annoncé trois jours plus tard par le ministre Béchard. Bien sûr il y a, dans les mesures qui ont été annoncées, de nombreux pièges qu'on découvrira au fur et à mesure où elles seront mises en application. En outre, la plupart des mesures annoncées par Séguin et qui pourraient se traduire par une amélioration des conditions de vie de certaines catégories parmi les plus pauvres ne s'appliqueront pas avant l'an prochain, voire en 2006 dans certains cas. Le budget Séguin n'en a pas eu pour tout le monde non plus, comme plusieurs l'ont déjà fait remarquer. Certains groupes y subissent même des attaques frontales, comme les étudiantes et les étudiants les plus pauvres, qui verront leur niveau d'endettement augmenter de plus de 55% et ce, dès cette année, contrairement aux autres mesures qui n'entreront en vigueur que plus tard. (Soit dit en passant, ce recul inacceptable en dit long sur la "grande efficacité" des grandes fédérations étudiantes inféodées à l'État qui ont toujours privilégié les tactiques de lobbying, plus efficaces à leurs yeux que les actions directes plus radicales... décidément, il est plus que temps que les étudiantes et étudiants des milieux populaires se débarrassent de cette engeance!) Un autre fait à noter et qui pourrait s'avérer hautement déterminant à moyen terme, c'est l'annonce prévue dans le budget Séguin de l'augmentation du plafond des cotisations que les fonds de solidarité syndicaux (celui de la FTQ ainsi que le "Fondaction" de la CSN) pourront collecter à partir de l'an prochain. On sait que cette année, le Fonds de solidarité de la FTQ a dû écourter de quelques semaines sa campagne de levée de fonds pendant la période de contribution aux REÉR parce qu'il avait déjà atteint le maximum autorisé par l'État. En annonçant cette décision, le gouvernement Charest envoie un message clair aux hautes directions syndicales qui sont aussi spécialisées dans la gestion du capital, à l'effet qu'elles ont toujours leur place dans le cadre du développement du capitalisme au Québec, voire même qu'il est prêt à l'élargir un peu plus. Ce cadeau s'ajoute à l'annonce faite il y a quelques semaines de la tenue de forums de consultation régionaux ce printemps sur le projet de ré-ingénierie de l'État, qui seront suivis à l'automne d'un forum national, un peu à l'image des "grandes messes" de concertation que les péquistes avaient l'habitude d'organiser lorsqu'ils étaient au pouvoir. Même si les grandes centrales poursuivent leurs consultations sur la possibilité d'une éventuelle grève générale contre le gouvernement Charest et si la FTQ a annoncé qu'elle allait boycotter les forums régionaux, il est d'ores et déjà acquis qu'elles se prêteront au grand jeu de la concertation prévu à l'automne. Les différentes hypothèses de grèves risquent fort de demeurer sur la glace d'ici là -- au mieux, on s'en servira peut-être comme coup de semonce, comme un moyen de faire bonne figure lors du forum national. Comme l'a si candidement expliqué l'ineffable Henri Massé dans une entrevue accordée à la revue L'actualité actuellement en kiosque, "c'est sûr qu'on est obligés d'avoir un discours musclé, comme ç'a été le cas avant Noël, mais si le gouvernement veut changer de track, on va s'adapter"! De fait, le gouvernement Charest a déjà changé de track, et les hauts dirigeants comme Massé ont fort bien compris le message. Mercredi le 14 avril prochain marquera donc le premier anniversaire de l'élection du gouvernement libéral. À cette occasion, plusieurs organisations (syndicats, groupes populaires, associations étudiantes) ont annoncé qu'elles souligneraient l'événement en reprenant de nouveau la rue pour protester contre les attaques du gouvernement Charest. À Montréal, le Comité des sans-emploi et la CLAC Logement appellent notamment à un rassemblement à compter de 16h30 au Carré-Philippe (coin Ste-Catherine et Union). Comme ces deux organisations le soulignent, "le gouvernement Charest accélère la cadence, mais notre misère est depuis longtemps causée par les gouvernements de bandits qui travaillent pour et avec les riches". Présentement, c'est Charest qui est au pouvoir, mais ce ne serait guère mieux si c'était le PQ (d'ailleurs, le budget Séguin est on ne peut plus "péquiste" dans son approche). Il faut poursuivre et intensifier cette belle résistance qu'on a amorcée depuis quelques mois, non seulement contre le gouvernement Charest (qui le mérite bien!) mais aussi contre toutes les attaques que la bourgeoisie nous porte -- dans les usines, sur la rue; par l'entremise des Libéraux ou du PQ! --
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