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Compte-rendu de la manif du 15 mars 2004Anonyme, Martes, Marzo 16, 2004 - 05:30 (Analyses | Repression)
cobp
Rapport sur la manifestation annuelle contre la brutalité policière qui s'est soldée par neuf arrestations et la destruction de deux pinatas faites en tête de cochon et en tête de flic anti-émeute. Compte-rendu de la manifestation MONTRÉAL, le 15 mars 2004. Environ 500 personnes ont pris part à la manifestation annuelle de la Journée internationale contre la brutalité policière au terme de laquelle 9 personnes ont été arrêtées, incluant cinq mineurs, sous divers chefs d’accusation. Signalons aussi que cinq personnes circulant à bicyclette en marge du rassemblement ont aussi reçu chacune un ticket de réflecteur de 38 $. Cette année encore, les rues du centre-ville de Montréal furent le théâtre de la manifestation de la Journée internationale contre la brutalité policière. Cette fois-ci, la manifestation était organisée par une coalition de groupes et d’individus, notamment le Collectif Opposé à la Brutalité Policière et la Convergence des Luttes Anticapitalistes. Encore une fois, la participation à la manifestation a été bonne puisque qu’on estime à environ 500 le nombre de personnes qui ont défilé dans les rues. La foule était un amalgame de militantEs anarchistes et de communistes de diverses tendances avec aussi une forte présence de punks et de jeunes de la rue. Des membres de la famille de Michel Berniquez, qui a brutalement perdu la vie suite à une intervention policière à Montréal en juillet 2003, étaient aussi présents et brandissaient des photos des terribles blessures qui lui avait été infligés par les flics. La marche est restée très animée du début jusqu’à la fin. Deux pinatas -- l’une représentant une tête de flic-cochon et l’autre la tête casquée d’un flic anti-émeute -- ont joyeusement été démolies devant deux postes de quartier différents, soit le PdQ22 et le PdQ21. Le rassemblement au métro Papineau Les participantEs à la marche s’étaient donnés pour point de rendez-vous le métro Papineau à 17h30. Une mauvaise surprise attendait toutefois ceux et celles qui arrivaient sur les lieux puisqu’une forte présence policière avait été déployée. Des groupes de policiers (une bonne vingtaine) se tenaient à seulement quelques mètres de la foule. Une caméraman policière filmait aussi de près les personnes dans l’assistance. Et ce, sans oublier les agents dépisteurs en civil infiltrés qui sont toujours aussi nombreux mais pas toujours subtils... Bref, les flics étaient dans not' face et ils ne se gênaient pas ! On n’appelle plus ça de la « police de proximité » mais bien de l’envahissement et de la provocation ! À cela s’ajoutaient des gardes de sécurité qui avaient été embauchés par le restaurant McDonald's se trouvant à proximité. Cette tactique policière est en quelque sorte une première. Par le passé, les effectifs policiers étaient plutôt déployés en périphérie de la foule. Et ce, pour leur propre sécurité. Lors de manifestations antérieures du 15 mars, des flics été avaient pris pour cible et des autos patrouille avaient été endommagés. Cependant, aucun flic n’a jamais été blessé par un manifestant lors d’une manif du 15 mars. En 2004, la police voulait apparemment montrer à ses opposantEs qu’elle n’a plus peur d’eux. Ce qui expliquerait pourquoi elle s’en permet davantage qu’avant. D’ailleurs, la force de réserve des groupes d’intervention (la police anti-émeute) était stationnée à seulement deux coins de rue plus à l’est, juste en-dessous du pont Jacques Cartier et était prête à procéder à une arrestation de masse au premier faux pas. La tactique d’envahissement policière à vite été dénoncée par le militant Alexandre Popovic du COBP dès le début de son discours d’une dizaine de minutes prononcé au métro Papineau. Lors de son discours, Popovic s’en est pris aussi au profilage social des autorités policières contre les itinérantEs, les travailleurs et travailleuses du sexe et des jeunes de la rue sous le couvert de la guerre aux « incivilités ». Il a aussi dénoncé la mort de Rohan Wilson, un homme de race noire de 28 ans père d’une petite fille de quatre mois dans le quartier de NDG, lors d’une intervention policière musclée le 21 février dernier. Les flics avaient utilisés une « technique » connue sous le nom de « restraint asphyxia » et enseignée à l’institut de police de Nicolet mais dénoncée par Amnesty International et des associations médicales. La « technique » consiste à maintenir un individu « agité » la poitrine contre le sol avec le concours de plusieurs policiers et d’appliquer davantage de pression chaque fois que l’individu tente de relever la tête, en appuyant avec les genoux entre les omoplates. Popovic a déclaré que l’institut de Nicolet devrait être tenu responsable au niveau civil et criminel pour continuer à enseigner une « technique » qui a causé la mort à Rohan Wilson, à Michel Berniquez et à plusieurs autres. Le militant a aussi tenu à exprimer sa solidarité envers l’activiste pour le droit des sans-statut algérien Mohamed Cherfi, expulsé d’une église de la ville de Québec par quinze policiers municipaux et déporté aux États-Unis, le 5 mars dernier. Il a aussi étendu sa solidarité envers Adil Charkaoui, détenu depuis mai 2003 en vertu d’un « certificat de sécurité » fondé sur des preuves qui sont gardées secrètes, et à tous ceux qui, comme lui, sont emprisonnés parce qu’ils ont refusé de servir de mouchards contre les membres de leur propre communauté. Enfin, le militant n’a pas manqué non plus de rappeler l’intolérance policière face aux manifestations de rue de la dissidence radicale qui ont fait de Montréal la capitale nationale des arrestations de masse. Il a dénoncé l’arrestation de plus de 230 personnes le 28 juillet 2003 dans une zone verte sur le boulevard Saint-Laurent lors de la conférence de l’Organisation Mondiale du Commerce à l’hôtel Sheraton. Mais il a aussi rappelé l’acquittement dans le premier procès du 15 mars 2002 et a prédit beaucoup plus d’acquittements dans le futur. Parce que la police attend la première « excuse » pour arrêter tout le monde, les participantEs qui voulaient extérioriser leur colère ont invité à se défouler sur deux pinatas prévus à cet effet. Les volontaires pour mener à bien la destruction des deux symboles de la répression n'ont d’ailleurs pas tardé à se manifester ! Harcèlement policier Pendant ce temps, des flics vélos prenaient pour cible des personnes circulant à bicyclette autour du point de rassemblement. Ces personnes étaient probablement soupçonnées par les flics d’agir à titre d’« éclaireurs » et d’« éclaireuses » pour le compte des manifestantEs. Ainsi, cinq personnes à vélo ont écopé chacune d’un constat d’infraction de 38 $ sous le prétexte totalement bidon qu’il manquait un réflecteur sur leur bicyclette. Pire encore : cinq flics ont été surpris en train de passer les menottes à un individu isolé dans une ruelle aux abords du lieux de rassemblement. Toutefois, un manifestant vigilant a alerté le reste des gens et un mouvement de foule a suivi. Dépassés par la tournure des événements, les flics ont laissé partir l’individu. Déroulement de la manifestation Après le discours du militant Popovic, ce fut au tour du commandant Allard du Poste de Quartier 22 de s’adresser aux manifestantEs avec les mêmes platitudes habituelles : circulez dans le sens du trafic et ne brisez pas la loi. Ensuite de ça, la foule a pris la rue Sainte-Catherine exactement dans le sens contraire du trafic ! Premier arrêt : le PdQ 22, où une première pinata, celle en tête de cochon a été démolie par des punks en l’espace de quelques secondes. Ensuite, la foule a reprit Sainte-Catherine dans le sens opposé au trafic. Un deuxième arrêt a été fait au sud de la rue Berri, pour signaler la présence des locaux des agents de surveillance de la Société de Transport de Montréal, qui sont aussi connus pour leurs abus de pouvoir. Puis, un autre arrêt a été fait à l’angle des rues Saint-Denis et Ontario pour rappeler la mort du sans-abri Michel Morin lors d’une intervention policière dans un Presse-Café, le 4 septembre 2002. Quelques coins de rue plus tard, la foule s’est arrêtée aux abords d’un petit parc, à l’angle de Sainte-Catherine et Sanguinet, pour dénoncer le harcèlement contre les jeunes de la rue à cet endroit l’été dernier. Enfin, un dernier arrêt a été fait au Poste de Quartier 21, où une deuxième pinata, celle faite en forme de tête de flic anti-émeute, a volé en éclats sous les cris enthousiastes de la foule. Les organisateurs et organisatrices ont terminé la marche aux coins des rues Sainte-Catherine et Berri. Toutefois, un petit groupe de quelques dizaines de jeunes protestataires sont restés sur les lieux pour continuer à manifester. Plusieurs bouteilles de bières ont volé en direction des flics dans un face-à-face qui a duré plus ou moins une demi-heure. Des feux ont aussi été allumés dans des poubelles. Vers 20h, à l’angle des rues Berri/de Maisonneuve, un groupe de 7-8 personnes aurait encerclé une minivan de police avec deux flics à l’intérieur pendant environ 30 secondes. Les deux agents sont sortis avec leur matraque à la main et l’un deux a attrapé un des individus du groupe pour lui rentrer la tête dans la vitre de la portière arrière, ce qui a fait un son bizarre. Vers le même moment, environ 18 policiers anti-émeute sont apparus de l’est et le groupe s’est dispersé. Peu de temps après, un témoin rapporta avoir vu des flics anti-émeute traîner un autre individu en tenant chacun de ses membres (le gars ne touchait plus à terre). Les flics l’ont déposé dans une minivan anti-émeute. En tout, neuf personnes furent arrêtées et devront répondre d’accusations de « méfait » et d'« entrave au travail des policiers ». Le COBP aimerait offrir tout son appui aux personnes arrêtées. Nous aimerions entrer en contact avec les personnes arrêtées ou avec toute personne qui pourrait témoigner sur la façon dont les arrestations ont eu lieu lors du procès. Pour contacter le COBP, laissez vos coordonnées sur la boîte vocale en laissant un message au (514) 859-9065 ou envoyez un courriel à cobp@hotmail.com
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