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"En 20 jours, on peut briser n'importe quelle femme et la transformer en prostituée"Sisyphe, Jueves, Marzo 11, 2004 - 00:22
Sisyphe
Parmi les rares chercheurs québécois, et même canadiens, à effectuer des recherches sur les liens de la prostitution avec le crime organisé et la mondialisation des échanges commerciaux, le sociologue Richard Poulin propose une série d'articles dans lesquels il explique de façon précise, notamment, le processus de transformation des êtres humains en marchandise. Dans l'un de ces articles, quelqu'un affirme même qu' «en vingt jours, on peut briser n'importe quelle femme et la transformer en prostituée». Les prostituées sont déshumanisées, puisque chosifiées, c'est l'aboutissement même de leur marchandisation, écrit le sociologue. En conséquence, elles cessent de s'appartenir. Elles appartiennent au possesseur de la marchandise, c'est-à-dire au proxénète. La très grande majorité des victimes de la traite des femmes sont violemment contraintes de se prostituer lorsqu'elles parviennent dans le pays de destination. «Une fois instauré, le pouvoir du proxénète s'appuie sur la violence, parfois sur la terreur». Il existe dans les Balkans, par exemple, de véritables «camps de soumission» où les jeunes femmes sont violées et dressées. Au Brésil, les fillettes sont «retenues captives comme dans une prison» dans «les boîtes de nuit situées en des lieux éloignés et difficiles d'accès». Beaucoup de filles et de jeunes femmes sont traitées comme du bétail. Il existe même des lieux d'emprisonnement des filles et des femmes prostituées. Selon la Coalition Against Trafficking in Women (CATW, 2003), la traite interne en Thaïlande de jeunes filles, majoritairement âgées de 12 à 16 ans, qui sont en provenance du nord du pays, implique un enfermement dans des maisons closes dont les conditions ressemblent à celles d'une prison. Il existe également des lieux d'abattage où la prostituée est vendue quotidiennement à vil prix à une quantité inouïe d'hommes, afin justement de l'abattre, de la briser définitivement, de l'anéantir psychologiquement. Pourquoi s'attarder à ce phénomène parmi tant de problèmes contemporains ? Parce que le trafic des femmes et des enfants à des fins de prostitution s'accroît sans cesse à cause de la mondialisation, qu'il exploite principalement les femmes et enfants des pays les plus pauvres, que les pays occidentaux font partie des exploiteurs et qu'on tolère de plus en plus ce trafic au nom d'impératifs sociaux et économiques néolibéraux. Parce que ce genre de trafic constitue une entrave à l'évolution de la condition des femmes partout dans le monde et est contraire à la liberté sexuelle dont on se targue. On ne peut plus considérer la question de la prostitution dans sa seule perspective locale, ni sous le seul angle de la liberté individuelle. Il s'agit d'une question qui concerne et influence toute la société. La liberté de choix des prostituées est bien mince, selon le sociologue Poulin, et si elle existe, elle ne concerne qu'un nombre infime de personnes. Il affirme même que la pauvreté pourrait ne pas être le principal facteur qui pousse une personne à se prostituer dans les pays occidentaux. Il faut essayer de comprendre, dit-il, pourquoi dans une situation économique identifique certaines femmes se prostituent et d'autres pas. Un autre point de vue rarement entendu sur le sujet, c'est celui de l'éthique. La philosophe Pascale Camirand, de l'Université de Sherbrooke, aborde la prostitution sous cet angle dans « Le débat sur la prostitution : quelle libération sexuelle ?» Voici la série de cinq articles récents de Richard Poulin intitulée « Le marché du sexe au temps de la vénalité triomphante » et publiée sur Sisyphe. 1. L'essor du système proxénète dû à la mondalisation On peut lire une quarantaine d'articles sur la prostitution et la pornographie dans cette rubrique Sisyphe a également une section de textes en anglais où on trouve des articles sur ces thèmes et sur d'autres.
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