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UN ALGÉRIEN SANS-STATUT RÉFUGIÉ À QUÉBEC - SOLIDARITÉ AVEC MOHAMED CHERFI!Anonyme, Jueves, Febrero 19, 2004 - 08:48
NOII
Le 18 février 2004 -- Ce matin à 11h, Mohamed Cherfi, sans statut algérien, annonçait en conférence de presse qu'il était réfugié dans une église de Québec afin d'éviter une déportation certaine. Le communiqué complet suit. Le Comité d'action des sans-statut algériens (CASS) à Montréal continuera leur campagne pour la régularisation de tous les sans-statut menacé de déportation. Leur revendications principales: 1. L'arrêt immédiat de toutes les déportations. On peut rejoindre le comité de soutien avec Mohamed à Québec par courriel à soli...@yahoo.fr. SVP envoyez vos messages d'appui! -- Le collectif Personne n'est illégal (Montréal) Moi, Mohamed Cherfi, j'ai trouvé refuge à l'église unie Saint-Pierre, dans la ville de Québec, plutôt que de me présenter à un rendez-vous aux bureaux de l'Immigration, à Montréal, le 10 février dernier, où je risquais d'être mis en détention à cause de mon refus de collaborer à une déportation qui mettrait ma vie en danger. Ce n'est pas de gaieté de coeur que je suis venu me réfugier dans ce dernier retranchement mais c'était la seule option possible pour que je puisse, tout en préservant ma sécurité, tenter de convaincre la société et les autorités gouvernementales de mon besoin de protection. Les autorités de l'Immigration ont le mandat de me déporter aux Etats-Unis, pays d'où je suis venu au Canada. Là-bas, les autorités américaines me mettraient en détention jusqu'à ma déportation vers l'Algérie. Comme en témoigne une lettre de Lucie Lemonde, vice-présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), reconnaissant mon besoin de protection, ma déportation vers l'Algérie, via les Etats-Unis, mettra ma vie en danger compte tenu des violations systématiques des droits de la personne (disparitions, torture, emprisonnement) qui y ont lieu, principalement à l'endroit des défenseurs des droits de l'Homme et de leur entourage. Pour avoir été porte-parole du Comité d'action des sans statut algériens pendant près de deux ans, au Québec, et avoir exprimé publiquement des positions critiques à l'encontre du régime algérien, je cours des risques importants. Le rapport que la FIDH s'apprête à déposer à la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, en mars prochain, fait état de la situation dramatique en Algérie, alors que le conflit civil dure depuis plus de dix ans, qu'il a fait 150 000 morts et plus de 7000 disparus. L'état d'urgence est maintenu, ce qui facilite les violations systématiques des droits de la personne d'autant plus que les autorités algériennes refusent à la Rapporteuse spéciale de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, à la FIDH et à d'autres organisations de se rendre en Algérie pour faire état de la situation. J'ai demandé le refuge politique au Canada à titre d'objecteur de conscience, ayant refusé de faire le service militaire obligatoire et donc de m'impliquer dans le conflit civil en Algérie. Comme nombre d'autres personnes réfugiées de guerre qui ne parviennent pas à se faire reconnaître le statut de réfugié politique, j'ai essuyé un refus. J'ai néanmoins temporairement été protégé d'un renvoi vers l'Algérie par un moratoire sur les déportations établi par le gouvernement canadien entre mars 1997 et avril 2002, à l'instar de 1060 demandeurs d'asile d'origine algérienne déboutés. Face à notre déportation imminente, nous nous sommes regroupés autour du Comité d'action des sans statut, duquel je suis devenu le principal porte-parole. En octobre 2002, les autorités québécoises et canadiennes en matière d'immigration ont fini par mettre en place une procédure de régularisation pour les Algériens, qui n'étaient plus protégés par le moratoire, mais celle-ci s'est basée sur un processus de sélection et non sur l'assurance d'une protection de la déportation vers un pays en conflit. De plus, le processus de sélection était basé sur des critères liés à l'évaluation de notre parcours d'"intégration" dans la société québécoise, notion très ambiguë, prêtant à l'arbitraire, en particulier pour des réfugiés de guerre qui ont vécu pendant des années sans statut et avec l'angoisse continuelle d'être éventuellement déportés. Je me suis donc retrouvé, en bout de ligne, parmi les personnes refusées dans le cadre de la procédure de sélection mise en place, sous prétexte d'un manque d' "intégration" dans la société québécoise. Même si la ministre québécoise de l'Immigration, Michelle Courchesne, a consenti à réviser mon dossier et celui d'autres personnes refusées, avant même que sa réponse négative me parvienne le 22 janvier, j'ai reçu une convocation des autorités fédérales en vue de ma déportation. Je demande aujourd'hui aux autorités canadiennes et québécoises en matière d'Immigration, de m'accorder une protection en me donnant un statut pour pouvoir vivre au Canada, compte tenu de la situation de conflit civil en Algérie et des risques que ma déportation vers l'Algérie, via les États-Unis, me ferait courir. Ces risques sont liés au fait que j'ai été porte-parole du Comité d'action des sans statut algériens pendant presque deux ans et qu'en Algérie, les défenseurs des droits de la personne sont la cible d'exactions. -- Mohamed Cherfi |
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