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Faire la politique autrement, y compris sur le plan programmatique

Eric, Jueves, Febrero 5, 2004 - 16:56

Gordon Lefebvre

Ce qui tient lieu actuellement de programme de l’Union des forces progressistes est la plate-forme d’unité qui a permis aux trois partis fondateurs (RAP, PDS, PCQ) d’unir leurs forces et d’accueillir dans une forme fédérative diverses sensibilités de gauche. Même dans sa forme inachevée, la plate-forme demeure l’élément fédérateur des forces de gauche le plus puissant depuis la fondation de l’UFP, contrairement à ce qu’affirment ses détracteurs qui l’accusent de diviser la gauche.
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Ce qui tient lieu actuellement de programme de l’Union des forces progressistes est la plate-forme d’unité qui a permis aux trois partis fondateurs (RAP, PDS, PCQ) d’unir leurs forces et d’accueillir dans une forme fédérative diverses sensibilités de gauche. Même dans sa forme inachevée, la plate-forme demeure l’élément fédérateur des forces de gauche le plus puissant depuis la fondation de l’UFP, contrairement à ce qu’affirment ses détracteurs qui l’accusent de diviser la gauche.

Cette plate-forme constitue le socle à partir duquel, petit à petit, sortira le programme. Ce n’est pas la juxtaposition d’idées sans liens entre elles, l’empilement de voeux pieux ou le feuilletage de plans sans lendemains. Elle est l’oeuvre des partis fondateurs dont les efforts ont culminé, d’abord dans la campagne de Mercier en avril 2001, premier test de la plate-forme en devenir pendant une campagne électorale, puis dans la fondation de l’UFP en juin 2002.

La campagne de Mercier fut un laboratoire, le coup d’envoi de l’Union des forces progressistes et sa première manifestation spectaculaire. Elle a forcé bien des gens à envisager l’avenir avec espoir, ce que l’absence d’un parti de gauche, comme l’UFP, cachait avant sa soudaine apparition.

Son impact a ébranlé le PQ. Elle a attiré à l’UFP les jeunes altermondialistes qui cherchaient, depuis Seattle, un véhicule politique. Le parti qui en est résulté en 2002 est un parti-processus qui veut unir la gauche politique, la gauche sociale et la gauche syndicale, dans le but d’en faire un parti de masse capable de défendre les positions de gauche sur la scène politique. L’UFP est possible parce que, chez nous comme ailleurs, il existe un peuple de gauche.

Certains disent que ce projet est trop ambitieux pour la gauche qui ne récolte qu’un faible pourcentage du vote populaire. D’autres invoquent les tares du passé. Les initiateurs de l’UFP pensent plutôt que l’oubli de ses valeurs a davantage érodé la gauche que le poids de ses échecs. Le projet est réalisable, seulement si la gauche sort de son isolement, rompt avec l’attentisme et surmonte la peur de passer pour utopiste.

La plate-forme est loin de contenir toutes les réponses ; elle trace, cependant, les grandes lignes d’un projet de société qui s’inspire de l’acquis des projets passés, en les intégrant dans une perspective écologique, laïque et républicaine. Elle porte les valeurs de la gauche, sans se couper des traditions héritées du XIXe siècle européen et des expériences du XXe siècle à travers le monde. Elle est pacifiste : son contenu reflète la volonté de préparer la paix plutôt que la guerre. Elle est altermondialiste : elle cherche à définir une alternative qui redistribue vraiment la richesse et refuse catégoriquement l’horizon capitaliste. On est encore loin d’un programme de gouvernement, comme c’est le cas pour le Parti des travailleurs au Brésil. L’UFP doit un jour atteindre ce niveau, si on veut que la gauche soit appelée à remplacer la droite.

Si la plate-forme est un chantier, le programme est un ouvroir. C’est plus long à produire qu’une plateforme. Des impatients voudraient que l’UFP se dote tout de suite d’un programme. Ils négligent de voir dans la plate-forme un instrument d’éducation et de sensibilisation et dans le programme, une oeuvre à développer par les membres et les sympathisants. La plate-forme n’est pas une liste d’épicerie confectionnée sur le coin d’une table. Il a fallu beaucoup de temps pour la mettre au point. Comme elle, le programme sera le fruit des réflexions, des débats, des recherches et des enquêtes réalisés par les membres. Le programme des forces progressistes se construira aussi par l’apport des groupements politiques reconnus au sein du parti. Si la plate-forme témoigne de leur contribution récente, la création du programme dépendra de leur dynamisme et de leurs analyses.

Les gens de ma génération, qui avaient autour de vingt ans en 1960, sont sortis de la grande noirceur duplessiste convaicus que l’avenir s’ouvrait devant eux. Le programme politique qui retenait leur attention, c’était celui de la Révolution tranquille amorcée par Jean Lesage : éducation gratuite, nationalisation de l’électricité, assurance-maladie, développement des services publics, etc. C’était le libéralisme ancien. Les jeunes d’aujourd’hui, à l’orée du 21e siècle, voient tomber sur eux une nouvelle grande noirceur qui prend le visage du néolibéralisme belliqueux, dont le programme est tapissé de projets comme la ZLEA, l’ALENA, la Guerre du Golfe 2, la privatisation de l’eau et des services publics, etc.

Le programme de l’UFP devra refléter les aspirations de ces deux générations. Il devra aussi refléter les valeurs partagées par la masse des travailleurs et travailleuses qui ne baissent pas pavillon devant les Charest, Martin et Bush de ce monde.

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Qu’est-ce qu’un parti progressiste ?

La question m’est souvent posée par des jeunes qui fréquentent le site de l’UFP. Le Grand Larousse définit le progressiste comme est un partisan du progressisme, et le progressisme est le comportement de ceux qui estiment qu’une profonde transformation des structures politiques et sociales permettra une amélioration des conditions de vie et une plus grande justice sociale. Le progressiste s’oppose à la fois au réactionnaire, partisan d’un retour en arrière de la condition politique et sociale des membres de la société et au conservateur, partisan du maintien du statu quo.

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Ce texte de Gordon Lefebvre, conseiller au programme du Comité exécutif national de l’UFP, a été initialement publié dans le journal La voix du peuple de janvier 2004.



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