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Ovital : une « coopérative de solidarité »?Martin Petit, Martes, Enero 27, 2004 - 21:57 (Analyses | Eau / Water | Economy | Globalisation | Pub (commerce) | Syndicats/Unions - Travail/Labor)
Martin Petit, IRIS
Le jeudi 22 janvier dernier au matin, j’attrape mon journal et un joli dépliant sur papier glacé trois couleurs me tombe sur les pieds. Sur le dessus du document, le visage d’une femme veut me vendre quelque chose. Le nom du produit est Ovital. Déjà, parce qu’on veut me vendre quelque chose, je me méfie. J’ouvre le dépliant et je me rend rapidement compte que cette « coopérative de solidarité » adopte un discours empreint d’un marketing environnemental fort racoleur. Je me méfie donc davantage. Je décide donc de fouiller un peu plus avant de me faire une idée sur le projet, le bon doute voulant qu’on doive laisser une chance à chaque initiative. Leur désir entrepreneurial est relativement simple : le Québec possède de grands réservoirs d’eau douce ; jusqu’à maintenant, ce sont majoritairement des multinationales étrangères qui embouteillent l’eau et la vend ; pourquoi donc ne pas démarrer une coopérative québécoise « qui axe son approche sur la nouvelle économie sociale (Note 1)» et qui « vise une prise de contrôle du citoyen sur le marché de l’eau de source embouteillée actuellement dominé (à 80 %) par des multinationales étrangères » (Note 2) ? Leur mission : « […] rassembler tous les citoyens dans un même but : créer une force unique qui assure l’exploitation, l’embouteillage, la commercialisation et la protection de la ressource vitale qu’est l’eau de source. » (Note 3). L’eau de source seulement ? Et pour quoi pas l’eau tout court ? Dans le registre électronique de l’Inspecteur général des institutions financières (IGIF) (Note 4), on tombe sur leur incorporation qui stipule que leur première activité touche l’« embouteillage et vente d'eau de source » tandis que la deuxième vise l’« éducation des membres ». En somme, si la première activité est de nature commerciale et qu’elle a volontairement été placée devant celle visant l’éducation des membres, on est en droit de se demander où figurent les priorités des administrateurs de cette coopérative. Le dépliant précise qu’aussitôt que la compagnie rassemblera 25 000 membres grâce à une campagne de souscription, elle débutera ses opérations. À dix dollars le membre, cela totalise tout de même 250 000 $, ce qui n’est pas rien. Leur objectif, tel que formulé sur leur site ouaibe ainsi qu’à l’intérieur de leur dépliant ? Rassembler tous les gens du Québec dans leur coopérative, c’est-à-dire 7 455 208 membres. Ils ont déjà commencé à vouloir atteindre cet ambitieux objectif en visitant divers établissements scolaires, « commissions scolaires, CEGEP et universités », tel que mentionnés dans le communiqué de presse cité ci-haut. Afin de bien cerner la culture d’entreprise qui règne chez Ovital, portons notre regard sur quelques membres du conseil d’administration et certaines activités réalisées avant la création de Ovital. - Simon G. Messier : PDG et Fondateur de la Coopérative de solidarité Ovital et Co-fondateur de Gnocchini & Frères Inc. Formation en sciences politiques. Expérience politique sur les scènes provinciale et municipale, dans le domaine de la vente d’assurances de personnes et de la gestion de personnel. A enseigné au niveau secondaire. - Jean-Nicholas Marziali : Secrétaire/Trésorier. Membre du Barreau du Québec, formation en Droit et en administration publique internationale. Assistant de Gil Rémillard (ENAP) dans ses recherches en administration publique. Expérience au sein de conseil d’administration dans les secteurs associatif et commercial. - Mathieu Gnocchini : Co-fondateur & Président de Gnocchini & Frères. Formation en génie forestier et en hydrologie forestière. Se spécialise dans l’harmonisation de l’exploitation des ressources forestières pour la création de valeurs. Membre de l’Institut forestier du Canada, il a œuvré chez Domtar Inc. et à Hydro-Québec. On peut se demander pourquoi dans leur documentation d’incorporation, ils ont même pris la peine d’enregistrer le nom « L’eau du Québec » pour que l’utilisation commerciale de cette expression leur soit exclusivement réservée. L’information qui suit est issue de leur site Internet (le 26 janvier 2004) et semble bien résumer l’objectif de cette démarche : « Eau faits: La croissance du marché de l'eau embouteillée atteint plus de 30 % dans certains pays asiatiques. ». Quand on nous propose de telles initiatives, il fait bon se souvenir que les Caisses Populaires Desjardins sont également des coopératives qui n’ont plus que le nom de coopératif. En bref, ce que Ovital nous propose entre en parfaite synergie avec ce que proposent les multinationales de l’eau : considérer l’eau telle une marchandise exploitable et exportable. La question doit alors se poser : la privatisation de l’eau par des québécois est-elle plus justifiable que par des étrangers ? Martin Petit Notes :
La « Coopérative de solidarité » Ovital
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