Texte important anarcho-syndicaliste qui questionne les pratiques syndicales d'une manière intéressante et importante, un texte qui peut nous aider dans notre réflexion et notre action pour sortir des pourritures que sont les centrales hiérarchiques et bureaucratiques d'ici
(fr) Militer en réseau
From CNT AIT
Date Mon, 19 Jan 2004 16:32:44 +0100 (CET)
En ce début du troisième millénaire, quelle est, pour
l’anarchosyndicalisme sur le plan national la forme d’organisation la
plus adaptée à sa réalité actuelle, à la situation générale dans
laquelle il évolue et qui lui permette le meilleur développement ? Ce
texte, est une contribution individuelle à ce débat.
MAIS QU’EST-CE QU’UNE ORGANISATION ?
Toute organisation repose sur un pacte entre des entités afin
d’atteindre un but et suppose un mode de gestion de ce qui est mis en
commun.
D’un point de vue anarchosyndicaliste, le pacte est librement consenti,
modifiable aussi souvent que nécessaire. Il est théorico/pratique
puisqu’il repose à la fois sur une théorie, une philosophie
(l’anarchosyndicalisme) et sur une pratique (l’anarchosyndicalisme) qui
ne doivent faire qu’un. Les entités concernées sont des structures
fonctionnelles, de véritables cellules vivantes, qui conservent toujours
leur liberté : les syndicats et les unions régionales de syndicats. Le
but essentiel à atteindre est de réaliser une société libertaire. Cet
objectif ne peut être atteint que par une politique de rupture avec tout
"l’establishment". La résistance au quotidien se situe elle-même dans
cette perspective. Le mode de gestion est de type fédéraliste. Il repose
habituellement sur des assemblées générales ou des réunions de militants
mandatés (pour la réunion en question ou pour des tâches précises sur des
périodes plus longues). Ce qui est en commun à l’ensemble des
syndicats est essentiellement de l’immatériel (idées, sigle, pratique de
la solidarité, titres de journaux,...).
Il résulte de ce qui précède que plusieurs formes d’organisation
anarchosyndicalistes sont possibles. D’ailleurs, la CNT espagno-le, la
CGT-SR (France, années 30) ou la FORA (Argentine) ont eu des pratiques
organisationnelles assez différentes, mais toutes reconnues par le
mouvement anarchosyndicaliste international.
STRATEGIE ORGANISATIONNELLE...
Globalement, nous vivons encore actuellement sur une conception de
l’organisation, héritée du XIXème siècle, qu’on pourrait qualifier de
mécaniste (un rouage entraîne les autres, le flux "monte" et "descend" en
suivant ces rouages). L’objectif de ce texte est de commencer à préciser
ce que pourrait être une confédération anarchosyndicaliste utilisant un
autre modèle organisationnel, celui du réseau. Dans cette perspective, la
stratégie est avant tout de potentialiser, de rendre plus efficace
l’action que le syndicat (en tant qu’entité fonctionnelle) mène là où il
se trouve, et qui se concrétise par des actions de
réflexion et de propagande et de résistance et d’impulsion. La
conf-réseau postule donc nécessairement que chacune de ses unités ne
commence à exister qu’à partir du moment où elle est fonctionnelle, c’est
à dire qu’un travail militant de terrain se fait.
Il existe plusieurs possibilités pour qu’une organisation nationale rende
plus efficace le travail militant des syndicats. Classiquement, par
exemple, elle produit et met à disposition de ces derniers des affiches,
des tracts rédigés et imprimés nationalement. Selon notre conception,
puisqu’une conf-réseau regroupe des syndicats qui cherchent à avoir une
réelle autonomie de réflexion, de décision, de gestion, de réalisation et
d’action, le rôle de la structure nationale est tout autre. C’est d’aider
les syndicats à devenir aussi autonomes que
possible dans tous les domaines, de la conception du matériel de
propagande à la réalisation pratique. Evidemment, tout cela n’irait pas
sans poser des problèmes nouveaux, à la fois. Mais il existe des
solutions. ... & QUESTIONS PRATIQUES
Une des questions que l’on peut se poser est de savoir comment se fera la
mutualisation puisqu’il n’y aura plus de centralisation. Dans une
conf-réseau, si un syndicat a une idée (de lutte, d’affiches, de texte
...), Il la communique à tous les autres syndicats membres (par
bulletin, circulaire, internet...). Si certains d’entre eux trouvent
l’idée tout à fait à leur goût, soit ils s’adressent directement au
syndicat qui a lancé l’idée pour la mettre en pratique ensemble, soit ils
prennent l’idée à leur compte et l’affaire est réglée. Dans le cas où des
syndicats la trouvent correcte mais améliorable, ils transmettent leur
nouvelle proposition. Au "pire", si une idée ne supplante pas l’autre ou
si la synthèse ne se fait, il y a plusieurs versions de la réalisation
(de l’affiche, du tract..) ce qui, en soi, n’est pas gênant Si des
syndicats trouvent l’idée médiocre mais compatible avec
l’anarchosyndicalisme, ils peuvent exprimer leur opinion s’ils
l’estiment utile, mais ils ne bloquent rien du tout. Enfin, si des
syndicats la trouvent incompatible avec l’anarchosyndicalisme, ils le
manifestent et l’argumentent. Le syndicat qui est à l’origine du projet
et ceux qui étaient éventuellement intéressés peuvent se rétracter (s’ils
estiment qu’ils ont été maladroits, qu’ils se sont trompés ...) ou
persister, ce qui, suivant la gravité qu’accorderont au sujet les uns et
les autres, peut donner lieu à un conflit.
Les arguments économiques qu’on peut opposer à cette démarche (il est
moins cher, à l’unité, de tirer une affiche à un grand nombre
d’exemplaires, par exemple) ont été vrais. Ils le sont beaucoup moins
maintenant (du fait des nouvelles technique d’impression et de
communication). La CNT-AIT dispose d’ailleurs d’une importante
expérience dans ce domaine depuis des années (par exemple avec son réseau
de presse). Par rapport aux inconvénients qu’entraînent une organisation
centralisée (en particulier les possibilités de prise de pouvoir), le
faible "surcoût" économique éventuel du fonctionnement en réseau n’est
pas un argument recevable.
Beaucoup d’autres questions qui se posent (par exemple, la gestion des
contacts extérieurs, les besoins en matière de solidarité...) peuvent
recevoir des réponses du même type.
LA GESTION DU RESEAU
Les questions qu’une conf-réseau aura à résoudre pour se gérer elle-même
sont au moins de 3 types :
1) Qui entre dans la conf-réseau ?
On peut penser que le minimum sera l’activité réelle préalable. Un
individu, un groupe d’individus qui se reconnaissent dans ce qu’est la
CNT-AIT commencera par militer avant de constituer un syndicat. En
pratique, il se greffera sur un des syndicats constitutifs du réseau,
pour pouvoir bénéficier de l’infrastructure, vérifier l’adéquation des
idées des uns avec celles des autres ... Ce n’est que quand les choses
sont un peu solides qu’un nouveau syndicat peut se constituer. Ce
travail peut prendre, en fonction des réalités locales, des formes très
diverses. Il doit cependant exister d’une façon ou d’une autre et c’est
une des bases sur lesquelles se fait l’appréciation par le réseau. Si le
constat est positif, avalisé par lui (dans une réunion nationale du
réseau par exemple), l’adhésion se ra avalisée .
2) Qui reste dans la conf-réseau ?
Pour qu’une confédération soit un organisme vivant, il faut que,
lorsqu’une unité n’a pas le potentiel minimum pour continuer à
fonctionner, elle disparaisse en tant que structure. Dans une logique de
réseau, il n’y a aucun intérêt à garder des coquilles vides (il y a même
des inconvénients). Le (les) militant(s) qui n’a plus d’activité réelle
sur place se greffe sur un autre syndicat et vient le renforcer au lieu
de rester isolé et de faire semblant. Dès que les forces le permettront à
nouveau, le redéploiement aura lieu. Pour rester dans le réseau en tant
que syndicat, l’activité de terrain (et les cotisations) doivent être
validées périodiquement par l’ensemble du réseau. La participation à la
vie du réseau, c’est-à-dire l’échange permanent avec toutes les autres
unités fonctionnelles, doit être effective.
Bien sûr, le conflit peut surgir et le "gentleman agreement" sur lequel
repose ce qui vient d’être écrit ci-dessus risque d’être mis à mal.
Comment de tels conflits peuvent-ils être traités dans une conf-réseau ?
3) La gestion des conflits
Imaginons que le syndicat A ne soit pas d’accord (pour les raisons les
plus diverses) avec le syndicat B. La première chose qu’il peut faire est
bien sûr de discuter pour tenter de s’entendre. Si la situation est
bloquée, il peut couper toutes ses relations avec B. Si les autres
syndicats pensent et font comme A, alors B est rapidement mis hors du
réseau, sans autre forme de procès. S’ils trouvent que c’est A qui a tort
de se comporter ainsi et que c’est lui qui empoisonne les autres, ils
coupent les ponts avec lui, et c’est A qui se trouve de fait
rapidement hors circuit. Enfin, si les syndicats trouvent que le conflit
entre A et B n’a pas de réelle importance, ils peuvent essayer de faire
entendre raison à l’un ou/et à l’autre. Si A et B restent figés, et bien
tant pis, il n’y aura pas d’échanges directs entre ces deux-là mais cela
n’empêchera pas le réseau de continuer à fonctionner même si cela
devient un peu "boiteux". Le réseau ne résoudra probablement pas tous les
problèmes. Mais il pourrait dynamiser l’action des
anarchosyndicalistes. Pour finir, soulignons, qu’au sens où on l’entend
ici, il est tout à fait transparent pour ses membres, puisqu’il
identifie clairement les unités fonctionnelles (des syndicats actifs),
les procédures (la façon dont les syndicats communiquent entre eux), les
contenus (ce qu’ils communiquent) et le degré de liberté et d’autonomie
de chacun. La réflexion est loin d’être finie et le débat reste ouvert.
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