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FSM 2004: Les médias distantstartosuc, Lunes, Enero 19, 2004 - 22:51
Frédéric Dubois
Mumbai - Je conseille à tout le monde d'aller lire l'excellent article d'Anthony Fenton paru sur Rabble.ca concernant le blackout médatique lié à l'absence du Globe and Mail et du National Post au FSM. FSM 2004: Les médias distants Mumbai - Je conseille à tout le monde d'aller lire l'excellent article d'Anthony Fenton paru sur Rabble.ca concernant le blackout médatique lié à l'absence du Globe and Mail et du National Post au FSM. Les deux seuls quotidiens nationaux du Canada se sont consciemment retenus de couvrir le forum alternatif au Forum Économique Mondial (World Economic Forum) qui débute demain. Nous ne nous étonnerons pas toutefois de voir ces mêmes journaux couvrir le FEM pour que les Canadiens soient informés des dernières déclarations, indispositions ou moindres flatulences de nos dirigeants à nous. D'ailleurs, notre Paul national sera de la partouse en Suisse pour profiter pleinement de son réseau de contacts globaux et pour se positionner comme un leader économiquement sain, un juppy aguerri du néolibéralisme, architecte du G20 et apôtre de globalisation égoïste. La rhétorique néolibérale arrivera à vos oreilles, vous, citoyens, qui lisez la grosse presse sale et refusez de reluquer les alternatifs, pouilleux et autres non-rentables de la sorte. Vous verrez, en première page du site internet du FEM (www.weforum.org), on nous promet que "A Better World is Possible" dans un unilinguisme exemplaire. On nous promet d'ailleurs que le FEM est "committed to improve the state of the world", améliorer l'état du monde. Bien que le slogan du FSM n'est guère plus prometteur, le "Un autre monde est possible" a du moins le mérite d'être plus réaliste. Car si on s'attend à des révélations d'alternatives économiques au FEM, faudra attendre longtemps. Le TINA est là pour rester. Le TINA c'est la phrase lancée par la dame de fer, Margaret Thatcher lors d'un de ses discours destiné à tuer l'opposition à son modèle de privatisation économique, soit le désormais tristement fameux "There is no alternative". Mais si on en revient à nos petits, notons que les Canadiens-anglais au FSM sont désespérés du fait qu'il n'y ait pas de journalistes anglophones du Canada et qu'ils soient obligés de se rabattre sur les reportages de Britanniques, Américains, Indiens et Australiens. Nous les avons certes consolés en leur indiquant les sources d'information alternatives, mais il reste que le constat est sidérant en regard du blackout médiatique des médias de masse anglos. Une étudiante Saskatchewanaise venue discuter des solidarités internationales envisageables entre groupes étudiants me disait il y a deux jours à peine, qu'elle se voit obligé d'aller lire les comptes-rendus du FSM dans le Times of India et The Guardian et la BBC du Royaume-Uni. On ne se flattera pas dans le sens du poil nous, Québécois ou Canadiens-français puisque la couverture du Devoir est nulle. Les autres quotidiens, on en parle évidemment pas. Avec le nombre de journalistes indépendants sur place, la rédaction du Devoir a décidé de reprendre un article du journal Le Monde et un autre d'Associated Press. Comme quoi, nous au moins on en a une couverture dans les journaux mainstream mais quelle couverture? Pour qui? Le Devoir déçoit depuis plusieurs mois déjà avec des nouvelles internationales provenant en première ligne d'agences de presse. Et on ne parle pas de Inter Press Service ici, qui au moins fait dans la critique du status quo, non, Reuters, AFP et AP nous noient de comptes-rendus asseptisés, filtrés. Parfois Libération s'immisce dans les pages du Devoir mais il faut se poser la question pourquoi Le Devoir ne devient pas un Libération québécois, pourquoi il ne prend pas de risques, baigne dans la critique sociétale active et ose couvrir autre chose que Paul, Jean ou Sheila? Cette forme d'impérialisme des sources officelles d'information...semble être acceptée par une majorité du public canadien, encline à l'accepter par le fait qu'il ne provient pas des États-Unis...ce qui en passant, est ridicule. Personnellement, je trouve ça vraiment déplorable qu'on ne puisse pas raconter nos histoires nous-même, voir le monde de nous propres yeux, faire sens avec nos référants culturels. Colonisés vous dites? Ce qu'il faut aussi lire là-dedans selon moi, c'est une censure délibérée visant le FSM, exercée par les journaux appartenant aux grands groupes fianciers. Le Globe appartient à la plus importante multinationale canadienne BCE, Bell Canada Enterprise, tandis que le National Post comme vous le savez, intègre depuis quelques années la famille CanWest Global Communications Inc., plus grand empire de médias au Canada et également poids-lourd propagandiste pour la Nouvelle-Zélande, l'Irlande et quelques autres "marchés". Tous ceux qui applaudissent la concentration de la presse, en étant actionnaires de ces compagnies à valeur sûre, ou en restant silencieux par rapport à cette donne marchande, en payent le prix aujourd'hui. Il s'agit d'un exemple de plus où la différence entre un journal "indépendant" comme Le Devoir est le seul au pays à rapporter au moins un peu de contenu, bien qu'étranger, se fait sentir. Oui, je vais dire comme vous, ça ne sent pas bon. Les empires de presse ne percoivent pas dans le FSM, une once de rentabilité. Une tendance lourde qu'il faudra dénoncer, aussi moutons que nous soyons. À ce propos, je vous conseille le Mouton Noir, comme découverte alternative du mois. Journal du Bas-de-Fleuve, plus mordant que le loup!
Site du Forum Économique Mondial
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