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Le Forum social mondial: pourquoi Mumbai?

jplarche, Lunes, Enero 19, 2004 - 11:29

Janvier Cliche

Mumbai (19 janvier 2004) - Trois femmes aveugles étaient assises à même le sol, attendant un lot de chapatis. Elles empilaient ces galettes pour en faire un paquet propre à la distribution. Ces chapatis étaient préparés par plusieurs autres femmes et jeunes filles autour d'une grande table. La scène se répète chaque jour, 9 heures par jour. Le tout sert à générer des profits pour venir en aide aux femmes.

Nous sommes dans un lieu tenu par un organisme non gouvernemental (ONG) né dans les années 70 quand des milliers de femmes perdirent leur emploi dans les industries du textile. Les employeurs refusaient de leur accorder quelques demandes comme le congé maternité payé, la garderie et des accommodations pour leurs enfants. Ce mouvement dit Annapurna a grandi depuis pour devenir un centre de formation générale sur la santé, la nutrition, la famille mais aussi un service de micro-crédit pour favoriser l'autonomie. Il recrute maintenant les femmes les plus démunies pour leur offrir tous les services nécessaires pour rebâtir leur vie. Une association et un lieu de solidarité comme il en existe des centaines dans cette ville très cosmopolite. Manifestement, ce n'est pas suffisant. Il faudrait bien plus pour changer la situation.

Mumbai donne à voir côte à côte, l'extrême misère et la richesse. Jouxtant un immeuble cossu, des familles vivent dans des abris de fortune. La pauvreté s'étale partout dans des "slums" innombrables qui occupent tous les espaces disponibles et tolérés par les autorités: plein de petits abris, parfois en matériaux solides pour les chanceux et souvent en matériaux de fortune. À cela il faut ajouter les sans-abri par familles entières. De tels contrastes à si grande échelle, cela remue et cela dépasse l'imagination. Certains disent que les favelas d'Amérique latine font bonne figure si l'on veut comparer.. Et pourtant, nous sommes ici dans la ville la plus riche de l'Inde.

Cette ville est en pleine transformation, comme plusieurs autres en cette ère de globalisation des marchés. Mumbai, métropole de l'Inde, est maintenant un grand centre financier avec ses centres d'appels et une industrialisation dans les secteurs technologiques et informatiques. Et encore, la ville rayonne par sa production culturelle et par son titre de capitale du cinéma avec les studios de Bollywood.

Tradition

Une tradition de lutte et de militantisme s'est perpétuée dans cette ville depuis l'indépendance de l'Inde en 1947. Elle devint la capitale industrielle de l'Inde avec un large mouvement de luttes anticoloniales et anticapitalistes. Ici sont nés, des associations pour lutter en faveur des droits des basses classes comme les intouchables, des groupes environnementaux, un mouvement féministe et plusieurs mouvements politiques. Juste retour de situation, le Forum social mondial (FSM) accueille pour son ouverture prévue ce soir à Mumbai, une marche des dalits (intouchables) provenant de plusieurs villes environnantes.

Le FSM a judicieusement choisi la ville pour lancer un défi aux politiques néo-libérales et à la globalisation des marchés. En venant à Mumbai, le Forum a fait le pari d'insuffler un souffle nouveau pour supporter tous les mouvements qui veulent bâtir un monde autrement. Déjà, la tenue d'une telle activité a permis aux responsables indiens, de créer des rapprochements entre plusieurs organisations du pays. Jusqu'à maintenant, la presse locale et nationale ignore pratiquement ce rassemblement. Qu'en sera-t-il d'ici la fin de l'événement?

Janvier Cliche est président du Conseil central de la CSN en Estrie et représente cette organisation au congrès de Bombay. Il partage ses réfexions sur le déroulement du forum avec nos lecteurs.

Site web de la Confédération des syndicats nationaux
www.csn.qc.ca


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