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Taxi: Grève des 'dispatchers' à Ottawa

Nicolas, Viernes, Enero 2, 2004 - 21:28

Nicolas Phébus

Quand l'aiguille de l'horloge a atteint minuit, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, les dispatchers du centre d'appel de taxi d'Ottawa ont arrêtéEs de travailler. Les employéEs de garde ce soir-là ont mis leur manteau et sont sortis dehors. Ce n'était pas une bouteille de mousseux qui les attendait --peut-être que certainEs en ont quand même pris un verre, l'histoire ne le dit pas-- mais un piquet de grève, et une centaine de sympathisantEs, dont plusieurs chauffeurEs de taxi syndiquéEs au TCA ou au TUAC. Depuis minuit le 1er janvier, les travailleuses et les travailleurs de la principale centrale de taxi de la capitale fédérale sont en grève. Si vous appelez quand même un taxi, c'est un @#$¢%*& de cadre qui vous répondra (s'il répond).

La pauvreté, même en travaillant à temps plein

"Avant les négotiations c'était des petitEs salariéEs sans avantages sociaux. Après les négociations, ce sont encore des petitEs salariéEs sans avantages sociaux. C'est pour ça qu'on est en grève," explique Andy Mele, le négociateur en chef syndical, ajoutant que "la compagnie ne nous laisse pas le choix de nous battre pour ce qui est juste".

Il faut dire que les 47 membres de la sections locale 4266 du SCFP gagnent en moyenne 9$ de l'heure, sans avantages sociaux. "Nous en avons assez d’être les travailleuses et les travailleurs les moins bien payés de l’industrie des centres d’appels, affirme Donna Reany, déléguée syndicale en chef de la section locale. Il y a des gens qui travaillent ici depuis 33 ans et qui ne gagnent toujours que 12 $ l’heure. Nous méritons d’être rémunérés équitablement pour notre dévouement et notre travail". Les répartitrices et répartiteurs de taxi de ZipTrack répondent à environ 800 appels par quart de travail (ça peut monter jusqu'à 1000) mais ne gagnent en moyenne que 11 $ l’heure pour un travail à temps plein, et 8 $ l’heure pour un travail à temps partiel, et ils n’ont ni avantages sociaux, ni indemnisation des accidents du travail. "Nous ne gagnons que 3 $ l’heure de plus qu’il y a 20 ans, poursuit Mme Reany. Personne ne peut survivre avec cela."

Repression patronale et solidarité syndicale

Les grévistes sont à l'emploi de ZipTrack, une nouvelle société qui exploite les lignes Blue Line, Capital, Veterans et DJ Taxi. "Ziptrack a promis des changements lorsqu’elle a pris les commandes de l’industrie du taxi à Ottawa il y a deux ans et demi, explique Donna Reaney, l’entreprise ne nous a jamais dit que chaque changement la rendrait plus riche et nous plus pauvres. Il est temps de donner une leçon au "Grincheux" du taxi." En conséquence, les membres du syndicat ont donné un mandat de grève à 96% à leur comité de négociation. Sauf que ça joue dur dans l'industrie du taxi, le syndicat accuse ZipTrack de négociations déloyales à la suite de violations qui se sont produites avant les fêtes, dont le congédiement sans motif valable d’un membre du comité de négociation.

Malgré la répression, les syndiquéEs ont quand même réussi à maintenir leur unité et à aller chercher l'appui ferme des autres syndicats de la boîte. Les syndicats du taxi d’Ottawa se sont unis, le 23 décembre, pour soutenir les répartitrices et répartiteurs. Les membres de la section locale 1688 des TCA et de la section locale 1993 des TUAC, qui représentent Blue Line et Capital Taxi respectivement, ont commencé à distribuer des tracts aux clients dans leur taxi les encourageant à soutenir les efforts des répartiteurs et répartitrices de taxis pour obtenir un salaire et des avantages décents.

Le tract décrit "Le grincheux qui a volé le service de taxis d’Ottawa" et demande aux clients d’écrire au p.d.g. de ZipTrack, Hanif Patni, pour lui demander de mettre un terme aux salaires de famine versés aux répartitrices et répartiteurs de taxis. Le tract dénonce aussi le licenciement injuste d’un membre du comité de négociation des répartitrices et répartiteurs. On demandait aux clients de se préparer dans le cas d’un lock-out ou d’une grève, le 31 décembre, et on leur offre trois possibilités pour un transport sécuritaire.

Les répartitrices et répartiteurs de taxis ont commencé à distribuer les tracts après leurs quarts de travail dans tous les endroits publics comme les centres commerciaux et les gares d’autocars. Ils ont également placé une roulotte chauffée à l’extérieur du bureau de ZipTrack, 455, chemin Coventry, en prévision de la grève.

"C’est la première fois que les trois syndicats s’unissent de la sorte", de dire Donna Reaney, déléguée syndicale principale de la section locale 4266 du SCFP. "Les chauffeurs de taxi comprennent que c’est une industrie dure et que ce ne peut pas être uniquement les gars en haut de l’échelle qui font l’argent". Le syndicat représentant les chauffeures et chauffeurs de taxi d’Ottawa a convenu de respecter les piquets de grève du SCFP et de renoncer aux services de ZipTrack pour la durée de la grève (le service est assuré par des cadres).

l'impact d'une grève

Le secteur du transport --que ce soit des marchandises ou des personnes-- est un secteur névralgique du système capitaliste. Alors que la grève ne touche que 47 personnes, tous les médias en parlent parce que ces personnes occupent une fonction centrale dans la vie de la capitale fédérale malgré le peu de respect qu'elles reçoivent pour leur travail. Déjà les rapports médiatiques sont contradictoires. Le Ottawa Citizen affirme sans rire que la grève ne change rien (si ce n'est un temps d'attente de quelques secondes supplémentaires) tandis que le Ottawa Sun prétend qu'il y a une baisse de 25% du traffic des appels. À Radio-Canada, on annonce carrément une catastrophe qui "paralyse la Ville d'Ottawa" (rien que ça!).

Un centre de répartition des appels de taxi en grève, des chauffeurEs de taxis syndiquéEs et solidaires qui refusent de prendre des appels de scabs, tout cela dans la très progressiste --c'est de l'ironie-- Ottawa. On croirait rêver. Pendant ce temps-là, de l'autre côté de la frontière, les chauffeurs doivent toujours faire des semaines de fou (plus de 70 heures !) rien que pour joindre les deux bouts. C'est une honte que plus de trente ans après la publication de "Le taxi, un métier de crève faim", et le lancement du Mouvement de libération du taxi, personne n'ai encore réussi à syndiquer les chauffeurs québécois et mettre au pas les petits et gros boss de cette industrie. Au lieu de se pêter les bretelles avec nos belles valeurs tellement plus progressistes qu'au Canada anglais et notre 40% de taux de syndicalisation, peut-être qu'on devrait se lâcher un peu le nombril et prendre exemple sur les bons coups de nos voisins. Au moins dans ce domaine là...

Les collectifs Punching Out (Toronto) et Cipriano Mera (Ottawa) de la NEFAC entendent bien visiter régulièrement la ligne de piquetage...
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