Un article écrits par Ehab Lotayef, membre du Projet Solidarité--Irak en Irak, qui rend compte de certaines réactions populaires à la capture de Saddam Hussein.

Bagdad, 15 décembre 2003. Selon une hypothèse qui circule à Bagdad, nous ne sommes pas en train de vivre les quelques jours qui suivent la capture de Saddam Hussein. Saddam a été capturé il y a plusieurs jours, peut-être plusieurs mois, selon cette rumeur. Mais c'est maintenant qu'il était le plus pratique pour les Américains de révéler sa capture. Et il y a d'autres théories, bien sûr. Ce ne serait pas vraiment Saddam qu'on aurait capturé. Ou alors, c'est bien lui qu'on a capturé mais la seule raison pour laquelle il n'a pas résisté c'est parce qu'on l'a drogué en lançant des gaz dans sa cachette avant de le prendre.

Quelle que soit la vérité, la capture de Saddam n'a plus aucune conséquence pratique. Et elle n'en aurait pas eu davantage si elle était survenue il y a plusieurs mois. La chose qui importe c'est que l'Irak est tombée sous l'invasion d'une armée et est maintenant sous contrôle étasunien (déguisé peut-être sous un autre nom). Et l'autre vérité c'est que les IrakienNEs le savent très bien. Jour après jour, ils/elles ne sont préoccupés que par ce qui leur arrive aujourd'hui et ce qui leur arrivera demain. La vie devient de plus en plus dure et la situation sécuritaire ne s'améliore pas.

Quand j'ai demandé à l'un des tenants de la première théorie, pourquoi les Américains ont présenté la capture comme ils l'ont fait cette semaine, il m'a dit que lui et sa famille, bien qu'haïssant fermement Saddam et s'étant réjoui que les Américains soient venus et aient renversé le régime, avaient commencé, il y a un mois, à perdre patience contre l'occupation.

L'attention donnée à l'opération de cette capture en ce moment ne sert qu'un but: détourner l'attention des problèmes sur le terrain et rehausser --quoique superficiellement-- l'image de l'administration étasunienne.

Quant au peuple irakien, même les groupes qui ont été brutalisés par Saddam et son régime, la manière de présenter l'opération de sa capture et son humiliation n'ont fait qu'ajouter une insulte à leur souffrance. Car pour eux il demeure un Irakien, et un Irakien récalcitrant d'ailleurs, et son humiliation par des étrangers est leur humiliation à tous.

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Ehab Lotayef, poete de Montréal et ingénieur qui travaille à l'Université McGill, était en Irak avec le Projet Solidarité--Irak le mois de decembre. Le Projet Solidarité--Irak (PSI) est une initiative militante, basée à Montréal, visant à contribuer à la surveillance internationale des forces d'occupation et de la reconstruction corporative de l'Irak et à fournir un accompagnement protecteur aux IrakienNEs sous occupation. Pour joignez cette liste, envoyer un courriel vide a psi-...@lists.riseup.net. Pour contacter PSI, p...@riseup.net.