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Baisse d'impôts : employez des pauvres.

Louise-Anne Maher, Viernes, Diciembre 5, 2003 - 14:32

Hubert-Aymeric Pynchon

Chares est dans les tendances mondiales. Ce qui se passe en France se passera-t-il ici? Question à 1 million.

Maria ? Maria ! ? A la main, l'argenterie... A la main... Enfin voyons...

C'est la rentrée !

Nos jeunes filles ont repris d'un cœur léger leur apprentissage de femmes de devoir au pensionnat Marie-Gabrielle de Sainte-Eutrope, et nos jeunes garçons le chemin des camps de fin de semaine au sein de leur troupe des Scouts Saint-Georges, où ils entonnent gaiement " J'avais un camarade " à la lueur des torches. Nos épouses fidèles, quant à elles, répertoires Hermès en main, organisent à tour de bras rallyes bridge et autres dîners en ville.

Fort des nouvelles baisses d'impôts dont nous a gratifié le gouvernement de Sa Majes..., de M. Raffarin, il est grand temps que votre standing retrouve son lustre perdu. Certes, nous n'ignorons pas la difficulté de recruter du personnel de maison digne de ce nom, aussi diverses filières de recrutement s'offrent à vous.

Les Érémistes :

Ces parasites subventionnés étant les premiers à se plaindre du peu de subsides que leur allouent grassement les imposés sur la fortune que nous sommes, ils n'en restent pas moins Français. La préférence nationale aurait donc du jouer à plein si ce n'est que, fainéants congénitaux, les Érémistes préfèrent boire leurs allocations - quand ils ne se livrent pas au trafic de drogues - plutôt que d'accepter un emploi de tailleurs de haies qui les sortiraient par le haut de leur condition de lumpen prolétaires. Abandonnez-les à leur sort.

Les Intermittents du spectacle :

Passent leur temps à vous seriner un couplet sur leurs droits. Comme leur nom l'indique, ils ne sont pas fiables dans leur emploi du temps et prétextent toujours une répétition de leur dernier numéro de saltimbanque pour vous lâcher à la dernière minute. À cela s'ajoute le risque qu'on les appelle pour l'un de ces piquets de grève dont ils semblent avoir fait leur activité principale. À éviter. Une cantatrice, à la rigueur, palliera avantageusement la radio si vous écoutez Radio-Classique.

Les gens de l'Est :

Détrônées par les digicodes, nos regrettées concierges Yougoslaves avaient l'avantage d'élever leur progéniture à demeure. Las, nombre de leurs fils ayant embrassé la carrière des armes pour des emplois de janissaires internationaux, ce bassin d'emploi s'est quelque peu tari. En revanche, l'ouverture prochaine à l'Est de l'Europe de Maastricht a entraîné une avant-garde massive de main-d'œuvre immigrée parmi laquelle, Ukrainiens et Polonais ont une réputation de solides travailleurs à moindre coût qui n'est plus à faire. Parmi ces derniers, certains ont gardé des années noires une propension à effectuer des branchements sauvages en 110v sur la première installation électrique à la norme venue. Gare, si vous ne voulez pas voir votre studette tout équipée devenir un véritable Tchernobyl miniature.

Les gens d'Afrique du Nord :

Foin des polémiques d'un autre âge. Si une minorité nous fait encore grief de notre action civilisatrice en Algérie, n'oublions pas que beaucoup parmi eux sont Français. Certains ayant établi résidence dans la Provence chère à Giono sont tout à fait indiqués pour les travaux saisonniers, comme la remise en état de votre maison de vacances dans le Lubéron, par exemple. Cela étant, avec leur carême mahométan aux dates flottantes, on ne sait plus où donner de l'étrenne.

Les gens de couleurs :

Choisissez-les originaires de l'ex. A.O.F. Vous leur faites déjà la grâce d'un emploi, vous n'allez pas en plus vous embêter la vie avec la barrière de la langue ; fût-elle de Shakespeare. Leurs femmes font d'excellentes nounous. Certaines feraient, paraît-il, même parfois preuve d'une liberté de mœurs... qui ne gâche rien. En revanche, leur goût pour la palabre n'étant pas un vain mot, prenez vos précautions pour que votre facture ne connaisse pas une croissance exponentielle. Même pour les abonnés à " Télé 2 ", Bamako reste une destination lointaine...

Les gens de Ceylan :

Également appelés Tamouls, leur aptitude inégalée au repassage de chemises les destinent tout particulièrement au service des jeunes hommes célibataires. N'hésitez pas à échanger avec eux quelques mots. À la question trimestrielle qu'il est d'usage de leur poser sur l'état de santé de leur famille, les réponses courtoises qu'ils vous feront dans un sabir pittoresque mâtiné d'Anglais vous transporteront au royaume du Taj Mahal. Ils connaissent parfois de bonnes adresses de restaurants Indiens.

Les Annamites :

Le nec plus ultra de la domesticité. Volontiers anti-américains, ils gardent la nostalgie de cet âge d'or qu'a été la période coloniale française. Stylés, discrets, propres et francophiles, les Annamites présentent l'incomparable avantage de donner une allure folle au service. Ils portent les gants blancs et la livrée avec une élégance naturelle, et sont souvent d'excellents cuisiniers. Méfiez-vous des imitations : un nombre croissant de Chinois communistes en rupture de ban des ateliers de la rue Popincourt tenteraient de se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas. Une astuce pour les reconnaître : le Cambodgien mange avec une cuiller, l'Annamite mange des Nems, et le Chinois des nids d'hirondelles.

Prenez votre temps, faites votre choix, mais n'oubliez pas que par l'emploi à domicile vous relancerez la croissance dont notre pays à tant besoin.

Post-scriptum : Pour ce qui concerne la main d'œuvre immigrée, veillez à conserver leurs papiers - quand ils en ont - dès leur arrivée. C'est pour leur bien. Ils le savent, et n'en seront que plus dévoués.

http://bravepatrie.com/article.php3?id_article=142

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