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La démission et la fuite de Sanchez de Lozadapier trottier, Lunes, Noviembre 17, 2003 - 15:07 (Analyses | Democratie | Droits / Rights / Derecho | Economy | Globalisation | Imperialism | Media: Liberte/Freedom | Politiques & classes sociales | Poverty) Gonzalo Sanchez de Lozada a renoncé à la présidence de la Bolivie ce vendredi après avoir été abandonné par ses alliés au milieu de massives protestations sociales réprimées avec un bilan de plus de 70 morts. Tout indique qu’il sera remplacé par le vice-président Carlos Mesa... Traduction Pierre Trottier La Insignia 17-10-2003 Bolivie La démission et la fuite de Sanchez de Lozada Alejandro Campos Traduction Pierre Trottier Gonzalo Sanchez de Lozada a renoncé à la présidence de la Bolivie ce vendredi après avoir été abandonné par ses alliés au milieu de massives protestations sociales réprimées avec un bilan de plus de 70 morts. Tout indique qu’il sera remplacé par le vice-président Carlos Mesa. Mesa avait enlevé son appui à Sanchez de Lozada lundi en divergence dans la conduite du conflit social initié il y a un mois avec marches de protestations, pour ensuite s’étendre à tout le pays et incluant des dizaines d’organisations sociales et qui, à partir du samedi, avaient paralysé El Alto et la ville voisine La Paz siège du gouvernement. Sanchez de Lozada rendit effective sa renonciation par une lettre envoyée au Congrès National législatif, qui s’était réunit tard dans la nuit afin de prendre connaissance de ce document. Près des 17.00 heures – heure locale – (21.00 heures GMT), le désormais ex-mandataire a quitté la résidence présidentielle pour se diriger en hélicoptère vers une destination inconnue, quoiqu’on présume que sa destination pourrait être l’Argentine ou le Pérou. Le député Evo Morales, l’un des principaux meneurs de la protestation indiqua qu’il était disposé à appuyer la désignation de Mesa comme nouveau président, mais nota qu’il l’appuierait ‘’ pendant qu’il accomplirait ‘’ les expectatives du peuple, faisant référence à la réforme de la Constitution et au changement de modèle d’économie de marché. Maintenant, après sa démission, ce qui lui revient est de lui entamer un jugement de responsabilités pour les ‘’ morts dues à la répression militaire et policière ‘’, ajouta Morales, leader paysan et leader du mouvement gauchiste Mouvement au Socialisme. On ne sait pas encore si le remplaçant accomplira la totalité du mandat de cinq ans de Sanchez de Lozada qui se terminera le 6 août 2007, ou si ce sera seulement une transition afin de convoquer des élections anticipées. Pendant ce temps, ni Morales ni le dirigeant aymara ni le député Felipe Quispe, autre leader des mobilisations, ne se prononcèrent sur une probable participation de leurs forces politiques respectives dans le nouveau gouvernement. La démission de Sanchez de Lozada, âge de 73 ans, survient à la suite qu’en deux occasions cette semaine, il affirma qu’il ne pensait pas démissionner car, soutenait-il, le faire donnerait le pas à un processus de déstabilisation de la démocratie que, selon lui, conduisait Morales. Le mandataire sortant assura en plusieurs opportunités cette semaine qu’il affrontait une « conspiration subversive appuyée depuis l’extérieur » dont profitaient les protestataires, initiée spécialement en rejet du projet de vente de gaz naturel à l’Amérique du Nord, laissant entendre que cela était préjudiciable aux intérêts du pays. Dans une tentative pour désactiver la protestation, Sanchez de Lozada déclara mercredi qu’il acceptait une bonne partie des demandes initiales des organisations de la société civile et de l’opposition politique. Pour cela, il confirma la convocation d’un référendum afin de définir le sort du plan d’exportation de gaz et offrit de renégocier avec les entreprises pétrolières transnationales afin d’augmenter les entrées de l’État en impôts et régales de ce secteur, en plus d’installer une assemblée constituante afin de réformer la loi fondamentale. Mais déjà il était tard pour cette offre selon les leaders sociaux et les opposants, qu’après un mois de protestations sans réponses ils réclamèrent directement la démission du président, comme cela finit par se concrétiser. La ville de El Alto, la plus pauvre du pays, se trouve convulsée depuis un mois par des manifestations et des blocages de rues, et qui, à mesure que passèrent les jours, croîssaient en nombre et en force. Cependant, ce fut à partir de samedi passé que les mobilisations redoublèrent et que s’intensifia la répression des forces combinées de la Police et des Forces Armées, qui laissèrent un solde de 70 morts selon différentes sources, quoique officiellement on n’en admit que 40, et plus d’une centaine de blessés à La Paz et à El Alto. Dans ce cadre, on signala aussi que des agents de l’Intelligence du gouvernement tentèrent de museler certains médias de communication, particulièrement ceux de la radio et de la télévision, et qu’on tenta de séquestrer des éditions des médias de presse. Quoique les autorités le nièrent, les responsables de plusieurs médias, particulièrement durs dans leurs critiques envers Sanchez de Lozada, confirmèrent ces tentatives de limiter la liberté d’expression. La protestation des indigènes, des paysans, des activistes humanitaires, des syndicalistes industriels et autres groupes sociaux arbora au début la bannière à l’encontre des contrats d’exportations de gaz aux privés et le possible usage d’un port chilien à cette fin, site qui, dans le passé, fut ravi par le Chili sur le littoral bolivien de l’Océan Pacifique. Mais cette mobilisation fut prolongée et massive parce ce qu’elle reflétait aussi un historique mécontentement quant-aux conditions de pauvreté des travailleurs et de la population en général, et aux pratiques politiques traditionnelles de corruption et de clientélisme. Les chiffres dénoncent que la Bolivie est un des pays les plus en retard en Amérique Latine, avec une pauvreté qui atteint plus de 70 % des 8.2 millions d’habitants, dont 30 % de ce nombre sont dans l’indigence, pendant que presque 13 % de la population économiquement active est sans emploi. Des données extra-officielles indiquent par surcroît que plus d’un million de personnes qui se tire d’affaire dans l’économie informelle, et les travailleurs miniers, touchent un revenu mensuel de 14 dollars pour des journées de travail de 14 heures, et que près de 50 % des familles vivent avec un dollar par jour Depuis mercredi, des figures du monde de la culture et d’autres personnalités s’ajoutèrent à la protestation, conduits par la Défenderesse du Peuple Ana Maria Campero, et initièrent une grève de la faim. Sanchez de Lozada, un des plus puissants entrepreneurs miniers de ce pays, assura la présidence le 6 août 2002 à la suite d’avoir été élu par le Parlement, et dut opter avec la concurrence de Morales, ce dernier se classant deuxième aux élections générales de cette même année. L’entrepreneur avait gagné les comices mais n’arrivait pas à obtenir les votes nécessaires afin de pouvoir assumer, de façon directe, situation qu’il obtiendra au Parlement grâce à une alliance avec le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire de l’ex-président Jaime Paz Zamora. (1989-93) C’était la seconde présidence de Sanchez de Lozada, lequel avait aussi détenu le pouvoir de 1993 à 1997, pendant lequel il réalisa le processus de capitalisation (une formule combinée de privatisation avec participation étatique), et qui transféra les entreprises et les puits de pétrole sous le contrôle des transnationales. Goni est le surnom de l’actuel président de la Bolivie, mais les manifestants l’appellent ‘’ Gringo ‘’, pour son accent anglais marqué dû à son éducation et par son long séjour aux États- Unis. Traduit de l’espagnol par Pierre Trottier, novembre 2003 Source : www.lainsignia.org |
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