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Nettoyage social au centre-ville de MontréalNicolas, Domingo, Noviembre 2, 2003 - 08:58
Le Trouble
Cet été, comme tous les ans, le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) a harcelé, brutalisé et arrêté les jeunes de la rue de même que les sans-abri. Il faut dire que les commerçants du coin et les touristes qui les font rouler sur l’or n’aiment pas voir la pauvreté qui est la condition de leur richesse. C’est ce mélange de peur et de mépris pour les gens de la rue qui fait que les riches mettent de la pression sur la police pour qu’elle « nettoie » le centre-ville, lieu où le luxe côtoie la misère. La pression était particulièrement forte sur les jeunes punks qui se tiennent au parc Godfroid-Langlois, situé au coin des rues Ste-Catherine et Sanguinet. Au milieu de l’été, alors que les jeunes avaient commencé à nettoyer le parc eux-mêmes parce que la police leur disait qu’ils étaient « sales », les bancs du parc ont été enlevés. Des policiers ont dit que c’était pour faire des « réparations », mais les mêmes bancs se sont retrouvé un peu plus loin, devant l’hôpital St-Luc… La porte était maintenant ouverte pour donner des contraventions aux jeunes qui s’assoyaient sur le muret en béton, sous prétexte de « mauvaise utilisation du mobilier urbain »! À partir environ de la mi-août, soit au moment où les bancs ont été enlevés, les policiers du Poste de Quartier 21 ont vraiment déclaré la guerre aux punks du parc Godfroid-Langlois. Plusieurs fois tous les jours, les patrouilleurs débarquent en gang pour donner des tickets, insulter, menacer, frapper, arrêter des jeunes et vider le parc. Ce sont souvent de dix à vingt flics qui arrivent en même temps dans le parc, sous prétexte que les punks ne les laissent pas faire leur travail. C’est sûr que c’est dur de ne pas protester quand on doit faire face quotidiennement au harcèlement juste parce qu’on existe et que ça en dérange certains. Cette chasse aux jeunes de la rue n’est pas due au hasard ni à la méchanceté des policiers : c’est une politique délibérée du SPVM pour rassurer les commerçants et éliminer toute trace visible des excluEs du système capitaliste. Un policier a affirmé un soir pendant une descente que la commandante du PdQ 21 avait émis une directive d’une page affirmant que l’Association des commerçants du Quartier Latin était dérangée par les jeunes de la rue qui salissent le parc, font des graffitis, etc. D’où le harcèlement et les humiliations quotidiennes, les contraventions arbitraires, les coups et les arrestations. Les policiers, en plus de casser des gueules, ont aussi cassé des squeegees et même le balai qui servait à nettoyer le parc! La plupart des punks du parc Godfroid-Langlois sont des mineurEs qui ont fui leurs familles pour diverses raisons et qui se sont retrouvéEs à la rue. CertainEs d’entre eux et elles ont squatté des anciennes usines et ont été évincéEs par la police. Ils et elles se retrouvent donc maintenant en plein centre-ville et sont de nouveau confrontéEs à des policiers débridés qui usent de tous les moyens pour se débarrasser d’eux. La police vide parfois le parc avant minuit, heure officielle de fermeture des parcs publics, et on l’a même vu expulser les jeunes du parc préventivement dès midi, sous prétexte qu’elle « savait » qu’il allait y avoir du trouble… Les policiers du poste 21 effectuent aussi des descentes nocturnes au carré Viger, lampes de poche et matraques à la main, pour réveiller et déloger les gens qui y dorment. Mais les commerçants qui souhaitent que les jeunes de la rue disparaissent de leur vue ne sont pas prêts de voir ce jour, car le problème est que ces jeunes n’ont nulle part d’autre où aller. Quand la police vide le parc, les punks vont un peu plus loin et reviennent plus tard; quand ils se font arrêter, ils se font mettre en prison, puis quand ils sortent ils retournent dans la rue… Tout ce qu’ils veulent, c’est la paix et le droit d’exister dans ce parc et dans les rues qui sont leur milieu de vie. Alors que la police déploie des efforts démesurés pour les pousser à bout, elle ne fait rien quand un des punks est sauvagement battu à coups de bat de baseball par le bouncer d’un bar de danseuses. C’est pas compliqué, un des jeunes dit qu’ils ont plus peur des policiers que des gangs de rue! Des militants du Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) ont passé quelques soirées au parc Godfroid-Langlois armés de livrets sur les droits qu’on est censé avoir face à la police et surtout d’une caméra vidéo. Cet outil est fort utile pour calmer les policiers les plus zélés qui sont alors pas mal moins agressifs que quand ils sont seuls avec les punks. Ces dernierEs apprécient beaucoup la présence des caméramen, ça leur donne un certain répit. Les policiers l’apprécient moins, comme en témoigne la contravention pour « avoir proféré des blasphèmes dans un parc public » qu’a reçu un militant pendant qu’il filmait une arrestation. Malgré les risques liés à cela, la solidarité est tout ce qui reste à ces mineurEs en danger pour faire face aux commerçants, aux bourreaux policiers, aux prisons et à l’indifférence générale… =====
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