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Dieu est-il mort?pier trottier, Jueves, Octubre 23, 2003 - 14:17 D’ordinaire, le ‘’ Dieu est mort ‘’ est attribué à Nietzsche, et on a l’habitude d’accepter son autorité sans hésitation puisque cela convient avec l’image que le philosophe allemand s’est forgée dans son irascibilité et son nihilisme. Cependant, nous le rencontrons auparavant chez Hegel (Phénoménologie de l’Esprit, p. 435). L’œuvre fut éditée originalement en 1807 alors que Nietzsche appartient à la seconde moitié du XIXè siècle. Cela dit, Hegel ... La Insignia Dieu est-il mort? Marcos Winocur Traduit de l'espagnol par Pierre Trottier Il n’est pas dans mes intentions de heurter les croyances de personne, que religieusement je respecte, mais de reprendre la phrase comme concept qui a son avenue par la philosophie. ‘’ Dieu est mort ‘’ : quelle est la portée? Commençons par clarifier qu’en rigueur linguistique, la phrase renferme un contre-sens. S’il s’agit de Dieu, jamais il ne meurt. Et s’il meurt, il n’est pas Dieu. L’expression est bien plus provocatrice, comme celui qui, en en connaissant l’absurdité, lance son défi. Dans le fond, il s’agit de nier l’existence de Dieu, le plaçant en situation de simple mortel. En effet, on se repose la sempiternelle question : Est-ce que Dieu existe? Donnant pour réponse : il existait mais, maintenant, il n’existe plus, il est mort. Naturellement on ouvre immédiatement une grappe de nouvelles questions. L’homme l’a-t-il tué dans son cœur, gagné par l’ambitieuse carrière d’arriver à être non seulement son image et sa ressemblance, mais son identique. Dieu était-t-il le Père d’un homme qui n’avait pas besoin de père, d’un homme provoquant devant la mort dans l’intention de la vaincre? Paiera-t-il d’extermination un si grand orgueil? Sommes-nous à la veille d’un nouveau déluge universel ou de l’Apocalypse, qui ne sera pas d’eau mais de radiations, et qui n’aura pas besoin de quatre cavaliers, qui ne sera pas ordonné à partir du Ciel mais de la Terre et par l’homme contre l’homme? La connaissance est-elle perverse, acquise à la suite du péché originel, et contraire à la sagesse? Le déicide parricide suivi de l’auto immolation est-il alors le destin de l’homme? Ce sont des questions plus qu’inquiétantes, elles répondent à la provocation contenue dans la phrase ‘’ Dieu est mort ‘’. Mais il est suffisant de lui opposer que ‘’ jamais Dieu ne meurt ‘’, valse populaire mexicaine que l’on a l’habitude d’interpréter dans les funérailles, comme si c’était un ‘’ vade retro, Satan ‘’, afin que toute la provocation se dégonfle. Cela dit, la question est polémique par nature. Dieu existe-t-il? Entre les années 1865 et 1868, Emilio Castelar depuis l’Espagne, et le Nécromancien, pseudonyme d’Ignacio Ramirez, depuis le Mexique, en discutèrent, l’océan entre eux. Ils étaient deux célèbres plumes de l’époque. Deux hommes actifs, de vie intellectuelle et publique. Au cours de la polémique et, entre autres questions, le Nécromancien écrivit : ‘’ Dieu n'existe pas comme vous vous le figurez ‘’, c’est-à-dire qu’il niait l’anthropomorphisme qu’on lui attribuait. Il est fréquent d’entendre la citation incomplète : ‘’ Dieu n’existe pas si l’homme existe ‘’. Cette version s’accommode avec le ‘’ Dieu est mort ‘’, puisqu’elle donne l’idée du remplacement de Dieu par l’homme, lequel toujours, depuis l’histoire de la pomme, a aspiré à se constituer en l’Autre de Dieu, sans remarquer que ce poste était déjà occupé par Satan, lequel, non seulement est l’Autre, mais Le Contraire. D’ordinaire, le ‘’ Dieu est mort ‘’ est attribué à Nietzsche, et on a l’habitude d’accepter son autorité sans hésitation puisque cela convient avec l’image que le philosophe allemand s’est forgée dans son irascibilité et son nihilisme. Cependant, nous le rencontrons auparavant chez Hegel (Phénoménologie de l’Esprit, p. 435). L’œuvre fut éditée originalement en 1807 alors que Nietzsche appartient à la seconde moitié du XIXè siècle. Cela dit, Hegel la donne comme expression déjà connue et courante dans le langage. Pour ce philosophe, elle signifie l’image de ce qu’auparavant il avait appelé ‘’ l’auto conscience malheureuse ‘’ et la ‘’ conscience malheureuse ‘’, quelque chose de très présent, et non l’annonce de ce qui viendra, comme c’est le cas chez Nietzsche. Dans les deux cas, la mort du père entraîne un vide. Nietzsche le remplit rapidement avec le ‘’ surhomme ‘’, ce sujet qui doit nous succéder et dont c’est vers cet éclairage que les actions humaines doivent s’orienter. La distance entre l’homme et Dieu peut être franchie simplement en acquérant les attributs qu’un jour le premier attribua au second, autant de sagesse et de pouvoir que lui. Et dans cela, il secourt le récit biblique d’Ève, d’Adam, la pomme de l’arbre de la science et le serpent qui joue le rôle de Lucifer. De rejeter Satan, Méphistophélès, Lucifer ou peu importe comment on l’appelle, il s’agit que la conscience populaire ne tolère pas le ‘’ Dieu est mort ‘’, franchement blasphématoire. ‘’ Tout est perdu ‘’ ou bien ‘’ maintenant il ne reste plus d’espérance ‘’ sont des tournures analogues que Hegel reprend en un ‘’ l’âme des choses est morte ‘’. Tout conduit à la négativité absolu sur le terrain de l’éthique, et sur cette réflexion lorsque Hegel fait mention du ‘’ Dieu est mort ‘’. Et c’est la conclusion du romancier Dostoïevski, aussi du XIXè siècle : ‘’ Si Dieu n’existait pas, tout serait permis ‘’, phrase qu’il met dans la bouche d’un des frères Karamazov. Pour Hegel, la situation est plus compliquée, il s’agit de la suppression de l’essence des choses, grâce à laquelle ces dernières sont ce qu’elles sont et, avec l’essence, expire l’être moral. Et alors, le vide se fait insupportable. Pour Hegel, ‘’ Dieu est mort ‘’ est ‘’ la douleur qui s’exprime en de dures paroles ‘’ puisque ‘’ s’est écroulée toute essentialité ‘’. Pour l’homme, les choses se présentent dans leurs apparences, trompeuses et toujours corrigibles, au contraire de l’essence qui, souvent, se confond avec la ‘’ cause finale ‘’, comme le disait Aristote. Si quelqu’un propose d’équiper les motocyclettes de cendriers et, pour dire mieux, qu’il soit prohibé qu’ils soient recouverts, l’essence des choses expire par l’inutilité de l’objet même, en tout cas, le ‘’ cendrier de moto ‘’ passera à une vitrine de ‘’ Musée des curiosités ‘’, où irait également échoir le ‘’ klaxon d’avion ‘’ qui, pire encore, serait interdit d’utiliser des effets de tonnerre. Bien sûr que Hegel n’aurait pas donné ces exemples, non seulement parce qu’ils étaient impossibles de son temps, mais par manque de sens d’humour; ni non plus été d’accord avec cette ‘’ cause finale ‘’, ni procédé encore moins d’Aristote qui n’était pas saint de par sa dévotion. Cela n’empêche pas Hegel d’être formel, élevant continuellement une protestation, peut-être de sa ‘’ conscience malheureuse ‘’, contre les temps qui l’ont vu naître, protestation qui, certainement, transcende les limites de la philosophie : ‘’ il a fait taire la confiance dans les lois éternelles des dieux (…). Les statues sont maintenant des cadavres (…), maintenant il n’y a plus ni la vie réelle, ni l’arbre qui les soutint (ses fruits), ni la terre et les éléments qui constituaient leur substance, ni non plus le climat de leur déterminabilité ou le changement des saisons de l’année qui dominait leur devenir ‘’. Perte d’essentialité ou mort de l’âme des choses, fin de cette haleine qui tomba sur elles lorsqu’elles sortirent du néant, lorsqu’elles furent crées par le Dieu Père, c’est d’annuler le futur, en un mot, régresser au néant sans oublier auparavant la fin des valeurs éthiques comme des Sodome et des Gomorrhe en veilles de recevoir le feu sacré qui les réduira en cendres. A la limite, les choses perdent non seulement leur contenu essentiel mais aussi leur contenant. Mais, sauvant l’institution divine au-dessus des noms, qu’on appelait dans le temps Yahvé de l’Ancien Testament qui punit, ou Jésus du Nouveau Testament qui pardonne, on oeuvrera bien plus dans la continuité : ‘’ Dieu est mort, vive Dieu! ‘’. Cela est : ‘’ Yahvé est mort, vive Jésus! ‘’. Traduit de l’espagnol par : Source : www.lainsignia.org
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