Après plus d'un mois d'une lutte sanglante, s'étant soldée par au-delà de 70 morts et des centaines de blessés, le peuple encore en deuil célèbre la tombée du gouvernement de Sanchez de Lozada: à 21h38 sa lettre de démission est lue et le Congrès s'apprête à nommer Carlos Mesa Gisbert , actuel vice-président, comme le successeur du président déchu. Reste à espérer que le nouveau gouvernement ne tombera pas dans les mêmes pièges et les mêmes excès que son prédécesseur.

VICTOIRE DU PEUPLE BOLIVIEN SUR UN GOUVERNEMENT RÉPRESSIF

17 octobre 2003

Il est maintenant officiel que Gonzalo Sánchez de Lozada, le cruel dirigeant des 14 derniers mois en Bolivie, a remis sa démission, A 19h15, le député Luis Eduardo Siles a confirmé que le Congrès avait reçu celle-ci sous forme de lettre. Sans le soutien de son Vice-Président depuis deux jours, ayant perdu l’appui des chefs des deux partis conformant une alliance gouvernementale avec son parti, soit Manfred Reyes Villa du NFR et Jaime Paz Zamora du MIR, son porte-parole officiel Mauricio Antezana l’ayant abandonné, Sánchez de Lozada se retrouvait pratiquement isolé au Parlement et il ne lui restait plus qu’à renoncer au pouvoir. Après s’être subtilement envolé en hélicoptère de la résidence officielle vers la base aérienne des Forces Armées, il se trouverait en ce moment à l’aéroport de Viru Viru à Santa Cruz (www.bolivia.com). Afin d’assurer sa sécurité, les forces policières empêchent l’accès à cet aéroport. Selon des rumeurs récurrentes Sanchez de Lozada s’envolerait vers Miami à 22h00.

Le Congrès, réuni au Parlement depuis 16h00, délibère toujours afin de prendre connaissance du contenu de cette lettre et de voter si la démission est acceptée ou non. Le successeur le plus probable de Sánchez de Lozada sera vraisemblablement Carlos Mesa Gisbert, dont la candidature à la Vice-Présidence avait fortement contribué à l’entrée au pouvoir du MNR. Par conséquent il semble que Carlos Mesa se rendra vers les 21h00 au Parlement afin d’être assermenté comme le nouveau Président, ce qui constitue une des seules issues constitutionnelles envisageables afin de terminer la crise déchirant le pays depuis bientôt un mois.

Pendant ce temps partout au pays la situation semble revenir peu à peu à la normale, depuis cet après-midi les distributions de gaz à usage domestique ont recommencé (les camions de distributions ne pouvaient circuler dû aux nombreux barrages routiers). On parle déjà de reprendre les transports, demain ou après-demain, le temps de libérer les routes.

La ville de La Paz, la métropole bolivienne, a subi de nombreux dommages, surtout en ce qui concerne les installations civiques. De nombreux chantiers de construction en cours ont vu leur matériel transformé en composantes de barrages de routes, et à de nombreux endroits les pavés ont été arrachés des rues afin de les bloquer.

Les barrages se poursuivent à Santa Cruz et l’état d’alerte est maintenue. Un peu plus de 1500 manifestants s’apprêtent à prendre par la force des entreprises pétrolières, malgré les appels au calme de plusieurs groupes des droits humains et de plusieurs médias (Radio ERBOL ).

Pour leur part, les mineurs et les campesinos ayant entrepris des marches depuis le Sud du pays (Oruro, Patacamaya) prévoient poursuivre jusqu’à La Paz jusqu’à ce qu’une nouvelle coalition gouvernementale soit formée. Ils y réclameront la tenue d’une assemblée constituante, une demande du peuple récurrente depuis plus d’un an, et veilleront à ce que le nouveau gouvernement ne suive pas les traces de son prédécesseur.

Consejo Andino de Naciones Originarias –Conseil Andin des Premières Nations- Andean Aboriginal Nations Council

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