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La Syrie dans l'oeil du cyclone par Silvia CattoriAnonyme, Martes, Octubre 14, 2003 - 13:29 (Analyses | Guerre / War)
Silvia Cattori
La Syrie est un petit pays, le reflet d’une grande civilisation, dont nous ignorons presque tout. Un pays qui mérite d’être mieux connu, visité, aimé. Il y a fort à craindre que cette charmante contrée qui n’aspire qu’à vivre en paix, ne devienne le théâtre d’une nouvelle tragédie. LA SYRIE DANS L’ŒIL DU CYCLONE Silvia Cattori La Syrie est un petit pays, le reflet d’une grande civilisation, dont nous ignorons presque tout. Un pays qui mérite d’être mieux connu, visité, aimé. Il y a fort à craindre que cette charmante contrée qui n’aspire qu’à vivre en paix, ne devienne le théâtre d’une nouvelle tragédie. Malgré l’isolement international et les incessantes humiliations qu’Israël leur a infligés depuis 30 ans, les Syriens, quoique atteints dans leur dignité, ont gardé intact le sens de l’hospitalité. Depuis le début de la seconde Intifada, et de manière plus drastique depuis la guerre contre l’Irak, les Syriens payent un lourd tribut : les touristes désertent leur terre riche en sites archéologiques, leur économie périclite à vue d’oeil. Les Syriens, ont de quoi craindre le pire, depuis ce 5 octobre 2003 où l’aviation israélienne a attaqué par surprise une cible proche de leur capitale, déployé le long de leur frontière des batteries et des troupes en renfort. Par ces manoeuvres clairement offensives, Israël a voulu leur signifier, qu’il entend jouer pleinement le rôle hégémonique que les Etats-Unis lui ont assigné. C’est un acte d’une extrême gravité. Une violation inacceptable du droit international et des règles de souveraineté. Mais Israël, sans gêne aucune, a justifié l’injustifiable en prétextant qu’il s’agissait d’éradiquer les « terroristes ». Il s’est servi abusivement de l’attaque qui, la veille, avait emporté une jeune palestinienne et entraîné dans son sillage la mort de 20 civils à Haïfa. La propagande du Mossad - et la désinformation les médias qui la répercutent sans jamais vérifier les faits - allaient faire le reste. Plus inquiétant, le 8 octobre, un membre du cabinet israélien est allé jusqu’à affirmer que si les Palestiniens persistent à les combattre, Israël allait dévaster la Syrie, le Liban, embraser Beirut, Damas. L’attaque sur sol syrien était planifiée bien avant que cette femme désespérée de Jenin aille se faire exploser. Cette dernière n’avait pas besoin de l’aide de la Syrie pour s’attacher autour de la taille l’arme la plus rudimentaire qui soit : une ceinture d’explosifs. Mais tout est bon pour faire des amalgames qui peuvent servir les desseins les plus sordides. L’attaque suicide qui a fait 20 morts à Haïfa n’avait rien qui la différenciait de toutes les précédentes attaques suicides. Pourquoi punir la Syrie pour un acte qu’elle n’avait pas commis ? Qu’est –ce qui a changé sinon l’orientation stratégique de Sharon ? En clair : Israël veut que l’épée de Damoclès reste suspendue sur la tête des syriens. La Syrie ne demande qu’une chose. Qu’Israël se retire du plateau du Golan après 30 années d’humiliante occupation. Or Israël, qui n’est pas du genre à rendre aux lésés ce qu’il leur a volé, mais du genre à tout mettre en œuvre pour les éliminer, continue sa politique de l’escalade. C’est ainsi qu’il a toujours procédé avec les Palestiniens depuis plus d’un demi siècle. Après les avoir déportés, dépossédés de tous leurs biens, il les a taxés de terroristes, liquidés. En attaquant la Syrie, Israël a voulu affirmer que, fort de sa supériorité militaire, il peut aujourd’hui frapper qui il veut, comme il veut. Qu’il domine à ce point le Moyen Orient et le monde qu’il n’a plus besoin de l’aval de Bush pour mener des guerres « préventives » à tout va, envahir ses voisins, écraser des peuples, nier leur droit à la dignité. Quand Israël affirme qu’il défend sa sécurité, il entend par là s’octroyer le droit exclusif de jeter ses « ennemis » dans l’insécurité, le droit d’agresser, le droit de conquérir, le droit d’assassiner, le droit de déporter, le droit de construire des murs et de s’annexer de nouvelles terres. Bref, le droit de priver de tout droit tous ses voisins. Ce qu’Israël fait à la Syrie n’est autre que la réplique de ce que son allié inconditionnel a fait à l’Irak. Les faucons pro-israéliens qui tirent les ficelles au Pentagone et n’ont d’autre rêve que d’ouvrir des champs de bataille en Syrie, au Liban, en Libye, en Iran, n’ont-ils pas claironné depuis 1996 que « la voie de Damas passe par Bagdad » ? Il suffit aux autorités israéliennes d’utiliser le slogan nauséabond de « terrorisme », de qualifier ses ennemis de terroristes, pour convaincre Bush, qu’une guerre est nécessaire. Guerre après guerre, la majorité des gens a compris que les deux guerres contre l’Irak, qui ont déjà fait couler tant de sang et de larmes, n’avaient rien à voir avec « le nouvel ordre mondial », rien à voir avec les armes de destruction massive, rien à voir avec Al Quaida, rien à voir avec l’établissement des droits humains. Les services secrets israéliens et américains n’en continuent pas moins à fabriquer les mêmes mensonges et, avec l’aide des médias, à manipuler les craintes qu’ils ont contribué à attiser. Israël remet ça. Il répète ad nauseum que la Syrie possède « des stocks d’armes chimiques et de destruction massive... » Combien de temps encore Israël pourra-t-il continuer à manipuler l’opinion ? Les Américains sont en train de s’enliser dans un bourbier politique et militaire en Irak. Ils sont loin de réussir à y stabiliser un régime favorable à leurs intérêts. Cet enlisement pourrait bien les stopper là. C’est pourquoi, alors que les Etats-Unis cherchent désespérément de nouvelles stratégies pour sortir du bourbier irakien, Sharon cherche, lui, à les précipiter sur d’autres fronts. Passée l’euphorie de la fausse victoire en Irak, Sharon a dû se rendre à l’évidence : les choses ne vont pas bien pour Bush et les conseillers pro-israéliens qui l’ont poussé. Israël, qui avait convaincu Bush à prendre la route de Damas, et qui le voit piégé, est pressé de profiter du temps qui reste pour sauver ce qui peut être sauvé, donc consolider ses acquis. Sharon entend engranger les gains stratégiques de l’intervention en Irak et régionaliser le conflit avant que le vent tourne. Le moment choisi par Israël est révélateur. L’attaque contre la Syrie survient au moment où les critiques contre la construction du mur racial, contre la volonté israélienne de liquider Arafat, contre sa politique d’apartheid et les conséquences alimentaires des bouclages, s’amplifient à l’ONU et divisent l’administration américaine. Comble du cynisme, au lieu de condamner Israël pour avoir frappé le Syrie en violation de toutes les lois internationales, le président Bush a accusé la Syrie « de soutenir le terrorisme » et a entrepris de la frapper de sanctions économiques. Les Syriens, blessés dans leur amour propre, ont de quoi être moralement indignés. D’autant que l’administration Bush, qui ne connaît que l’invective et la loi du plus fort, multiplie les injonctions, pour exiger des autorités syriennes ce qu’elles ne peuvent donner : l’impossible. L’attitude agressive de Washington contre la Syrie ne sert évidemment pas la paix et la stabilité au Moyen Orient. Elle marque une nouvelle phase inquiétante dans le durcissement de la politique de Tel Aviv. L’attitude de l’administration américaine est d’autant plus scandaleuse et dangereuse qu’elle donne un blanc seing à l’agresseur israélien. Cela mérite d’être souligné. Depuis le temps que la Syrie subit les pressions et les menaces - sans parler de l’arrogance verbale - d’Israël et des Etats-Unis, elle a su faire montre d’une attitude digne et responsable. Son attitude courageuse, qui tranchait avec la lâcheté des dirigeants arabes tels que le Roi de Jordanie et Moubarak - pour ne parler que de ces deux – lui a valu l’estime du peuple arabe, que cette guerre humiliante et injuste, plongeait dans le désespoir. La Syrie est le seul pays arabe qui a dit ce que tous les peuples attendaient que l’on dise, sur l’illégalité et l’immoralité des armées occupantes en Irak et en Palestine. En quoi elle est devenue une sorte de repère, pour ces millions d’Arabes et de musulmans blessés dans leur chair. Alors que la Syrie, agressée, choisissait la voie de la légalité et de la diplomatie en s’adressant au Conseil de Sécurité de l’ONU, elle s’est trouvée violemment prise à partie par l’ambassadeur d’Israël, Dan Gillerman, qui est allé jusqu’à traiter les Syriens de « talibans ». Nos Etats démocratiques vont-ils continuer de se laisser intimider par l’arrogance et la vulgarité de ces imposteurs qui, en Israël et aux Etats-Unis, ne jurent que par la force ? Qu’attendent-ils pour prendre des mesures à la hauteur de la gravité de la situation ? Et les peuples arabes, dont les frères palestiniens et irakiens sont si sauvagement opprimés, qu’attendent-ils pour se rebeller contre la lâcheté de leurs gouvernements qui déroulent le tapis à leurs agresseurs ? 9 octobre 2003 silv...@yahoo.it |
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