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Palmarès des pires modèles d'accessibilité aux études post secondaires et de mobilité sociale - Le Canada et les Etats-Unis

Nicolas, Jueves, Octubre 9, 2003 - 08:56

FEUQ et FCEE

MONTREAL, le 8 oct. - Accompagnée d'un représentant de la Fédération canadienne des étudiants et des étudiantes (FCE-CFS), la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a présenté des données sur l'accessibilité aux études postsecondaires. Diverses études renommées et l'expérience canadienne a permis de conclure que le niveau élevé des frais de scolarité au Canada et aux Etats-Unis nuisent à l'accessibilité aux études des jeunes provenant de familles à faible et à moyen revenu et constitue donc un obstacle à la mobilité sociale qui doit être à la base de toute société juste et équitable.

"Toutes les études sérieuses le démontrent, des frais de scolarité élevés bafouent le droit à l'éducation des jeunes issus de familles à faible et moyen revenu", a déclaré Nicolas Brisson, président de la FEUQ. "L'expérience de la Révolution du bon sens en Ontario a fait monté en flèche les frais de scolarité et les résultats sont loin d'améliorer la qualité de la formation", a renchéri Joel Duff, porte-parole de FCE-CFS.

Les Etats-Unis facturent aux étudiants les frais de scolarité les plus élevés au monde

En 2002, l'Advisory Comittee on Student financial Assistance du gouvernement fédéral américain a évalué que 400 000 étudiants qualifiés n'ont pu s'inscrire à un collège public américain pour des raisons financières. Il a été démontré que le coût des études est un obstacle majeur pour les jeunes issus de milieux défavorisés, mais aussi pour ceux provenant de la classe moyenne. Cette diminution de l'accessibilité et de la mobilité sociale a engendré une perte, pour les Etats-Unis, estimée à 250 milliards du PIB et des pertes de 85 milliards en taxes et impôts. De plus, de 1997 à 2002, l'endettement étudiant a augmenté de 66%. Des hausses de frais de scolarité ont donc un coût social et économique pour une société et le Québec aurait tort de les sous-estimer dans un contexte où la recherche de revenus est si importante.

Le Canada est celui qui facture les plus de frais de scolarité après les Etats-Unis et le Japon?

La CFE-CFS et la FEUQ ont mis en lumière que, dans les années 90, la forte hausse des frais de scolarité dans la plupart des provinces canadiennes a creusé l'écart entre les riches et les pauvres. Selon Statistiques Canada, en 1986, la différence entre les taux de participation des étudiants du dernier quartile et ceux du quartile moyen était minime alors qu'en 1994, il existait un écart de 7%. Récemment, Statistique Canada démontrait qu'il existe toujours un écart important entre ces deux groupes. En 2000, des chercheurs de l'Université Guelph ont démontré qu'entre 1987 et 1998, il y a eu une baisse de 25% de la participation des étudiants dont le père avait un diplôme d'études secondaire. Une autre étude présentée analyse les conséquences des hausses de frais de scolarité dans cinq facultés de médecine en Ontario. On y apprend qu'entre 1997 et 2000, les étudiants composant le pourcentage d'inscrits qui provenaient de familles gagnant moins de 40 000$ par année est passé de 22,6% à 15%. Une autre étude de l'université Waterloo démontre qu'en 1991, 61 % des étudiants qui fréquentaient cette université avaient des revenus familiaux de moins de 50 000$. En 1998, ce pourcentage avait chuté à 52%. La diminution des effectifs étudiants provenant de familles gagnant moins de 30 000$ était encore plus marquée, passant de 14,3% à 9% en 7 ans.

Or, ces différences ne peuvent être attribuées aux différences quant à l'importance de faire des études selon les revenus des parents. Qu'ils proviennent de familles à revenus élevés ou modestes, les jeunes aspiraient dans les mêmes proportions à faire des études post-secondaires. L'aspect financier semble dominer cependant quant à la capacité effective de concrétiser ou non ces aspirations puisque, 40% des étudiants qui ne vont pas à l'université invoquent des motifs financiers selon une enquête de Statistique Canada.

Rappelons que le niveau des frais de scolarité semble également avoir une incidence directe sur l'endettement étudiant puisqu'il était de 25 000$ au Canada et de 13 000$ au Québec en 2001. Doubler les frais de scolarité au Québec équivaudrait donc potentiellement à doubler l'endettement des étudiants, retardant ainsi la venue d'un premier enfant et l'achat de biens de consommation durable grandement bénéfique pour l'activité économique d'une société.

Nicolas Brisson de la FEUQ a conclu que "si le Québec veut se comparer aux meilleurs en matière d'accessibilité et de mobilité sociale, il doit se tourner vers les modèles de l'Allemagne, du Danemark, de la Suède ou de l'Irlande plutôt qu'aux pires"

Joel Duff a pour sa part rappelé que, dans la majorité des pays, les augmentations de frais facturés aux étudiants ont été suivies d'un désengagement de l'Etat en matière de financement. Les étudiants ont reçu une facture supplémentaire sans nouveaux services "et on répète qu'on valorise la jeunesse et l'éducation", a ironiquement conclu le porte-parole de CFE-CFS.

Rappelons que le niveau des frais de scolarité au Québec vient au 7e rang parmi les 15 Etats plus industrialisés.

www.feuq.qc.ca


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