|
L'homicide conjugal au fémininSisyphe, Jueves, Octubre 2, 2003 - 19:03
Micheline Carrier
Moins fréquent que le meurtre d'une femme par son conjoint (uxoricide), le meurtre d'un homme par sa conjointe (maricide) a tout de même existé à toutes les époques. On le qualifiait de "petite trahison" aux siècles derniers alors que le meurtre d'une conjointe était considéré comme un "crime passionnel". Le maricide a toujours été perçu différemment et puni plus sévèrement. Au XXIe siècle, les homicides entre conjoints représentent une importante proportion de tous les homicides commis au Canada. En 2000, ils constituaient 17 % de tous les homicides résolus et 52 % des homicides familiaux. En 2000, 67 personnes ont été tuées par un conjoint au Canada et les 3/4 des victimes (soit 51) étaient des femmes. Trente-sept femmes ont été tuées par un conjoint d'alors (mari ou conjoint de fait) et 14 par un ex-conjoint. Parmi les 16 hommes tués par une conjointe en 2000, 13 l'ont été par la conjointe avec laquelle ils vivaient et 3 par une ex-conjointe (1). Au printemps 2003, la criminologue Sylvie Frigon de l'Université d'Ottawa a publié un ouvrage sur cette réalité somme toute peu connue (2). En analysant les moments forts des procès de femmes canadiennes condamnées pour homicide conjugal au cours de la période 1866-1954, elle examine le contexte et les valeurs de l'époque pour en dégager les représentations sociales et pénales de ces femmes maricides. L'auteure passe ensuite en revue des décisions légales plus récentes relativement aux femmes maricides et s'attarde à l'arrêt Lavallée par lequel la Cour suprême du Canada (1990) a reconnu le syndrome de la femme battue (SFB) comme une défense légitime, puis, elle évalue les conséquences et les limites de cet arrêt. La criminologue commente également l'« Examen de la légitime défense » (1997) par la juge Ratushny, dont le but était de rétablir une certaine justice pour les femmes ayant tué en état de légitime défense. Cet "Examen" confirmera le caractère discriminatoire du système judiciaire canadien. Sylvie Frigon consacre la dernière partie de son livre à des témoignages qu'elle a recueillis auprès de femmes maricides et d'intervenant-es au Canada, en France et en Belgique. Lire le compte-rendu de ce livre. Notes 1. Statistiques Canada, Centre canadien de la statistique, «La violence familiale au Canada : Un profil statistique 2002 », No 85-224-XIF au catalogue. |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|