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Un débat mal orienté sur les enjeux de l’eausonia, Jueves, Septiembre 18, 2003 - 09:32
F. Néméh / Y. Geadah
La déclaration maladroite de la présidente du Conseil du Trésor, au sujet de la qualité douteuse de l’eau à Montréal a soulevé une tempête dans un verre d’eau. La controverse médiatique entourant ses propos nous oriente sur de fausses pistes, car ce n’est pas la qualité de l’eau à Montréal qui doit nous alarmer aujourd’hui, mais plutôt la tendance actuelle vers la privatisation et la commercialisation de l’eau, au Nord comme au Sud. Le milieu de la coopération et de la solidarité internationale représenté par l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), dont les membres oeuvrent auprès des populations défavorisées dans une centaine de pays en voie de développement est très inquiet de la tendance actuelle qui vise le transfert de la gestion de cette ressource du secteur public vers le secteur privé. Dans la foulée de la mondialisation et de la privatisation tous azimuts, promues activement à travers le monde par les institutions financières, telles la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), les États sont de plus en plus poussés à vendre leur réseau public au secteur privé, ce qui inclut la gestion de cette ressource vitale et irremplaçable, tout comme l’air que nous respirons. Sous prétexte de restrictions budgétaires et de manque de ressources pour assurer le maintien et le développement des infrastructures nécessaires, les gouvernements se déresponsabilisent de plus en plus face à leurs citoyenEs, laissant au secteur privé, soit disant plus efficace, le soin de régler tous les problèmes. D’énormes profits en perspective pour les multinationales de l’eau qui s’arrachent déjà les marchés en Europe et de plus en plus dans les pays en développement. Or le fait de soumettre l’eau à la logique du marché est incompatible avec le respect des droits humains fondamentaux et nous conduit à des aberrations totales, tel qu’observé dans plusieurs pays ayant opté pour cette solution. Une fois soumis aux impératifs du profit, la qualité de l’eau et son accès ne sont plus assurés à tous, mais seulement à ceux et celles qui peuvent acheter cette ressource, avec des conséquences dramatiques sur la santé publique. Assurer la distribution de l’eau potable à tous les citoyenEs, y compris aux plus démunis, relève d’une responsabilité collective indéniable. L’eau étant un droit humain et non une marchandise, il nous faut résister énergiquement à la tendance vers la privatisation, qui mène à la perte de contrôle sur la gestion de cette ressource vitale et sans substitut. Si on n’y prend pas garde, nous risquons d’ouvrir la porte à nos voisins du Sud, qui ne demandent pas mieux que de soumettre les réserves d’eau du Canada aux accords de libre échange. C’est pourquoi les enjeux liés à l’eau doivent être mieux compris de tous. Les médias ont un rôle important à jouer pour éclairer ce débat de société, qui nous interpelle et nous concerne tous et toutes au plus haut point. Francine Néméh / Yolande Geadah
AQOCI / Association québécoise des organismes de coopération international
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