Le Parti Libéral du Québec repousse sa réforme du mode de scrutin et nous offre les petits arguments classiques, paternalistes et méprisants, que l'électorat, considéré comme mineur et inculte, devrait accepter : « réalisme politique », crainte de « changement à toute vapeur », « mauvaise interprétation médiatique » et autres… Sur un sujet traité de nombreuses fois depuis plus de 30 ans, en commission, en réunion, en colloque, donnant lieu de à multiples rapports, exemples, mémoires, programmes…

En juillet dernier, pourtant déjà élu, le Ministre Dupuis nous affirmait « le temps des discours est révolu ». Même si les promesses n'engageant que ceux qui y croient, il devait avoir gardé des habitudes de la campagne électorale pour tenir encore de tels propos.

Si l'art actuel de gouverner est de faciliter l'oubli de sa propre parole, de ses propres écrits, on comprend bien l'angoisse que peut causer au gouvernement un mode de scrutin « plus sain », qui corrige un fonctionnement « qui n'a pas toujours traduit adéquatement la volonté des électeurs », avec « un problème de légitimité, de l'Assemblée, bien sûr, mais aussi du gouvernement qui en découle », « un détournement de démocratie », « de sérieuses lacunes [dont la] persistance dans le temps contribue à miner la confiance de l'électorat envers notre système politique »

Ce sont précisément les termes qu'emploie le PLQ sur son propre site web, encore aujourd'hui, 11 septembre 2003 [1]. On nous y rappelle aussi solennellement qu'« [un gouvernement libéral] procèdera dans les deux ans et après consultation à une réforme du mode de scrutin afin d'introduire des modalités de représentation proportionnelle. » [2]

Alors, qu'en est-il de toutes les autres belles paroles, des beaux documents imprimés sur papier glacé qui faisaient la fierté des candidats dans les débats locaux ?

Le Parti Vert du Québec, loin de souhaiter que le PLQ applique toutes ses promesses, à cause de leur dangerosité pour notre société, demande que l'électorat ne soit pas infantilisé et méprisé par ceux à qui il a donné le mandat de le représenter dans notre fonctionnement collectif.

Est-il encore nécessaire de rappeler la nécessité de réformer le mode de scrutin pour lui apporter une sérieuse dose de proportionnelle ? Même la documentation libérale nous y invite en conclusion : « Nous croyons que des changements au mode de scrutin, s'inspirant de ces propositions, contribueraient à rendre l'Assemblée Nationale et le gouvernement qui en résulte plus représentatifs de la volonté démocratique exprimée par les électrices et les électeurs. » [3]

Nous aussi, spécialement le jour du 30ème anniversaire du coup d'état au Chili.

Vincent François
Critique du PVQ en matière de Relations avec les Citoyens.
Secrétaire à l'exécutif

[1] Une réforme nécessaire du mode de scrutin - Mémoire présenté par le Parti Libéral du Québec à la Commission des Institutions de l'Assemblée Nationale, http://www.plq.org/tousDocuments/institutions.pdf

[2] idem

[3] idem