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Allez-y les gars, salissez-vous !

Anonyme, Lunes, Septiembre 15, 2003 - 13:14

Carole Lejeune

C’est avec cette phrase que le ministre de l’Éducation, M. Pierre Reid, pourrait lancer la journée d’activités réservée aux garçons et organisée par une école secondaire de Magog.

Le Devoir nous apprenait, dans son édition du 8 septembre dernier, que « pour donner le signal aux garçons que l’école peut être intéressante », l’École secondaire de la Ruche, située à Magog, organisait une journée d’activités nommée élégamment le « Gars Show ». Bravo pour le jeu de mots !

Autrement dit, au cours de cette journée, les « gars » pourront exprimer leur franche virilité en jouant avec un tank de l’armée ou une pelle mécanique dans la cour de l’école pendant que les filles pourront parfaire leur culture au Vieux Clocher de Magog où un programme de cinéma et d’humour leur sera proposé.

Il est désespérant de voir se dessiner le discours des difficultés scolaires des garçons autour d’analyses simplistes et nous menant à des solutions aussi farfelues que rétrogrades.

De nombreuses études réalisées en 1993, 1994 et 1996 par le Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES), démontrent qu’il existe une corrélation troublante entre l’adhésion aux stéréotypes sexuels et l’échec scolaire tant des garçons que des filles. Les élèves qui réussissent le mieux ont une vision critique de leur rôle comme garçon ou comme fille et partagent une perception égalitaire des rôles sexuels. À l’inverse, le profil des élèves en échec est comparable chez les deux sexes. De plus, dans un réseau qui, au dire de certaines personnes, est si mal adapté à la réalité des garçons, il est surprenant de constater que la majorité d’entre eux réussissent tout de même à obtenir un diplôme (près de 75 %).

Ce qui inquiète le plus dans ce projet, c’est l’enthousiasme du ministre de l’Éducation qui trouve l’idée si alléchante qu’il envisage d’en faire un projet pilote.

La réussite éducative est une question complexe qui demande qu’on en analyse l’ensemble des causes. Nous ne pouvons agir à partir de préjugés ou d’une vision étriquée sur le rôle de chacun des sexes.

Nous le voyons, les solutions ne passent certainement pas par un renforcement des stéréotypes sexuels comme le propose la journée organisée par l’école de la Ruche. Au contraire, les solutions passent par la fabrication d’outils destinés aux jeunes et propres à porter un regard critique sur le monde qui nous entoure. Pas à en reproduire bêtement les travers.

11 septembre 2003
Lettre d'opinion de Carole Lejeune, responsable du Comité de la condition des femmes de la CSQ.

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