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CFM2003 - Sauver la forêt pendant qu’il en restebatiste, Sábado, Septiembre 13, 2003 - 14:35
Batiste W. Foisy
« La forêt précède les peuples; le désert les suit. » Du 21 au 28 septembre prochain, les grands bourreaux d’arbres de notre petite planète grise se réuniront à Québec pour sceller de fumeux « partenariats » avec les derniers ahuris qui n’ont toujours pas cédé leur lopin de forêt vierge aux bons soins de la main invisible du marché. Du 21 au 28 septembre prochain, les grands bourreaux d’arbres de notre petite planète grise se réuniront à Québec pour sceller de fumeux « partenariats » avec les derniers ahuris qui n’ont toujours pas cédé leur lopin de forêt vierge aux bons soins de la main invisible du marché. C’est pour bientôt le XIIe Congrès mondial forestier : une joyeuse sauterie à la sauce minimisons-les-dégâts tenue sous l’égide de l’inattaquable Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Si ça vous intéresse, il reste sûrement de bonnes places… à 800 piastres. De la pléthore de vœux pieux et d’euphémismes bon enfant qui inondera dès dimanche prochain le Centre des congrès de Québec, il ne faut rien voir d’autre qu’un baume homéopathique destiné à occulter les faits, à savoir que les forêts sont en grave danger et que c’est de notre faute. Pas convaincus ? Voilà quelques statistiques qui sauront vous raviser. 10 millions d’hectares de forêt primaire – « vierge » – sont détruits chaque année(1) ; l’équivalant d’un terrain de soccer toutes les deux secondes. Ici, au Québec, on coupe, en moyenne, 40 millions de mètres cubes de bois par an(2) ; soit un peu plus de quatre dix-roues pleins toutes les cinq minutes. Mais rassurez-vous nous ne sommes pas les pires : en Indonésie on coupe 1 millions d’hectares de forêt par an, 1,5 en Russie, mais c’est le Brésil qui remporte la palme avec 1,8 millions d’hectares annuellement (3). Tout ça, bien sûr, sans tenir compte de la coupe clandestine qui alourdie sévèrement le bilan. En fait, l’impact de notre espèce sur la forêt est telle que depuis la sédentarisation de l’humanité, il y a 8000 ans, la surface boisée de la planète est passée de 50 % de la surface terrestre (océan non-compris) à moins de 10 % aujourd’hui(4). Une perte nette d’environ 80%. Plus frappant encore, les deux tiers de cette hécatombe se sont produits au cours des cinq cents dernières années (5). Entre 1960 et 1990, 450 millions d’hectares ont été totalement déboisés, soit un cinquième du couvert forestier tropical subsistant actuellement dans le monde (6). Je ne sais pas pour vous, mais, moi, on ne me fera pas croire que ce massacre est dû à la tordeuse des bourgeons de l’épinette! Au cas où vous l’ignoriez, les forêts sont essentielles à la vie. Plus de 90 des espèces y vivent. D’ailleurs, avant l’arrivée des Européens, environ 20 millions d’humains vivaient dans la forêt amazonienne; ils ne sont plus que 160 000 aujourd’hui. Poumon de la planète, les forêts absorbent le gaz carbonique et purifient l’air. Elles maintiennent les sols stables et préviennent l’érosion. Ce n’est pas un hasard si le réchauffement planétaire, l’extinction massive des espèces et la désertification s’intensifient au fur et à mesure que les forêts disparaissent. Mais pourtant nos gouvernements semblent se foutre au plus au point de cette apocalypse en devenir, eux qui donnent sans réelle restriction la forêt publique aux compagnies, leur permettant même de bûcher dans ce qu’ils ont le culot d’appeler une « réserve faunique ». « Et la replantations ? », vous dites. Une pratique tout juste bonne à prolonger de quelques décennies les profits des forestières. Alors que la machine détruit tout sur son passage, on ne replante que les arbres et pas nécessairement les arbres d’origine. De plus en plus, on privilégie les espèces à croissance rapide, le bouleau jaune notamment. Exit l’épinette noire qui peut mettre 120 ans à atteindre sa « maturité industrielle ». Et ce n’est pas tout, pour pallier à la récente interdiction d’utiliser des pesticides chimiques en sylviculture, on plante désormais des OGM. Qu’on se le tienne pour dit : un potager d’arbres conçus en laboratoire n’a rien à voir avec une forêt. Il faut se rendre à l’évidence : les forêts de la planète sont les victimes d’un véritable génocide écologique. Un génocide dont nous sommes tous coupable. Oui, nous tous, consommateurs, nous qui achetons La Presse du samedi pour les sports, nous qui trouvons les enveloppes blanches plus élégantes que celles de papier recyclé, nous qui injurions la serveuse quand elle oublie de nous donner un cure-dents à la menthe, nous qui bouffons de la viande chaque jour sans se soucier des hectares de forêts sacrifiés pour l’élevage du bétail, nous qui magnifions les emballages individuels… nous tous qui vivons au rythme effrené des pays « développés ». Il n’y a pas mille solutions. Si nous voulons sauver les forêts, et nous sauver par la même occasion, il faut réduire notre consommation. Ce n’est peut être pas bon pour l’économie, mais c’est essentiel à la vie. Rappelez-vous qu’un bac de récupération bien plein c’est bien, mais qu’un bac presque vide parce qu’on consomme peu c’est franchement mieux. Je vous laisse méditer là-dessus et vous file la liste, non-exhaustive, des commanditaires du Sommet forestier mondial par ordre décroissant de la contribution: Abitibi Consolidated, Bowater, Canfor, Cascades, J.D. Irving ltd., Tembec, UPM-Kymmene, l’Association des producteurs forestiers du Canada, Kruger, Welwood… Ça promet! (1) FAO. Evaluation des ressources forestières mondiales 2000. Rapport principal (2) MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES DU QUÉBEC. www.mrn.gouv.qc.ca , consultée le 10 février 2003. (3), (4) , (5) et (6) FRÈRE, Ludovic. Les milles et une forêts – Vie et disparition, Favre/Greenpeace, 2001.
groupe de sauvegarde de la forêt québécoise
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