S Y M B O L E

«Une flamme olympique pour les altermondialistes»
Arrachées pendant les manifs anti-G8 à Genève, les deux plaques de l'OMC sont promises à un grand destin. Elles pourraient voyager du Mexique au Canada et devenir un objet de culte.

Le mouvement altermondialiste aurait-il trouvé sa flamme olympique? Comme tous les mythes fondateurs, cette affaire commence par un grand acte symbolique. Il survient le vendredi 30 mai à Genève lors d'une manif devant le siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Des militants encagoulés dévissent, puis arrachent les deux grandes enseignes métalliques de l'établissement, sous l'oeil placide de quelques policiers coincés derrière un grillage. Cris de joie dans la foule. Cette première prise donne le coup d'envoi d'un week-end spectaculaire qui marquera l'histoire de Genève.

Dans les semaines qui suivent, une idée commence à germer du côté d'Attac, l'association pour une taxation des transactions financières. Et si on utilisait ces trophées genevois dans les prochaines manifs, histoire de galvaniser les militants?

Dans son courriel d'information du 20 juin, Attac écrit que les deux plaques devraient voyager «afin que les incrédules puissent toucher du doigt les méfaits réels que l'OMC provoque sur le développement du monde et de ses peuples».

«Quand j'ai pris connaissance de ce projet, je me suis dit que ces trophées pourraient carrément devenir des flammes olympiques pour notre mouvement, raconte Joseph Rabie, animateur du site altermondialiste Acorpsetacris.org. J'ai d'ailleurs rédigé un cahier des charges dans ce sens.»

Les deux plaques pourraient ainsi être envoyées au Mexique début septembre lors de la manifestation contre la Réunion ministérielle de l'OMC. Entretemps, elles devraient rejoindre la Fête altermondialiste qui aura lieu en août dans le Larzac (les organisateurs ont déjà exprimé leur souhait de les exhiber), après un rapide passage du côté de Montréal en juillet à l'occasion d'un mini-sommet de l'OMC.

Un agenda très chargé, donc, pour ces deux trophées. Le problème, c'est que les plaques... ont temporairement disparu. «J'étais présent quand elles ont été décrochées du portail de l'OMC, raconte Joseph Rabie. J'ai d'ailleurs pris des photos des deux militants, Batman et Robin, qui les ont placées sur le tracteur. Elles ont ensuite été amenées au parc des Bastions, et c'est là qu'on a perdu leur trace.» Joseph Rabie a lancé un appel à témoin dans la liste de distribution d'Indymedia.ch, mais sans succès.

Attac a également publié une annonce dans son journal «Le Grain de Sable» pour pour retrouver au moins l'une des deux pièces: «Si vous la voyez passer à côté de chez vous, si vous l'apercevez sur le chemin, n'hésitez pas à nous envoyer une photo de la plaque pour documenter son dernier voyage avant qu'au Mexique elle ne disparaisse à jamais...»

Et si les deux plaques avaient déjà disparu, volées par des égoïstes? Les militants pourraient alors, faute de mieux, tenter d'aller dérober les nouvelles enseignes que l'OMC s'apprête à fixer sur son portail. Mais ce ne sera pas facile. «Ces plaques métalliques rectangulaires coûtent environ 1'500 francs la pièce, explique le service de presse de l'Organisation. En mai, c'était la deuxième fois qu'on nous les volait. Elles seront remplacées, mais nous étudions maintenant la possibilité de les protéger.»

Photos: Joseph Rabie et Jeso...@attac.org