Le gouvernement québécois vient de fermer le robinet du supplément au loyer d'urgence pour les ménages sans-logis, au moins à Montréal et à Gatineau. Comme le prévoyait le Front d'action populaire en réaménagement urbain depuis déjà plusieurs semaines, le gouvernement a à toutes fins pratiques épuisé les 1500 suppléments qu'il avait prévus.

L'Office municipal d'habitation, chargé de l'administration du supplément au loyer à Montréal, a reçu hier une lettre de la Société d'habitation du Québec l'informant que "ce volet du programme d'urgence aux ménages sans logis est terminé". En guise de consolation, l'OMH s'est vu attribuer 60 dernières unités de suppléments au loyer qui, selon les informations dont dispose le FRAPRU, sont déjà épuisées.

Plus de 300 familles et personnes sans logis qui avaient été déclarées admissibles au supplément se voient donc subitement privées de cette aide financière d'une durée d'un an leur permettant de louer des logements dont le loyer serait beaucoup trop cher pour leurs moyens. Des centaines d'autres ménages qui deviendront sans logis dans les prochaines semaines ou les prochains mois n'auront également pas droit à la même aide que ceux qui se sont retrouvés dans la même situation autour du 1er juillet.

La coupure du supplément au loyer d'urgence survient paradoxalement la semaine même où la Ville de Montréal vient de décider officiellement de continuer à se prévaloir du Programme d'urgence pour les ménages sans-logis après le 1er septembre. Montréal, qui est la seule ville à avoir pris cette décision jusqu'ici, contrairement à d'autres comme Québec, Longueuil ou Laval, pourra donc continuer d'offrir de l'hébergement et d'autres formes d'assistance aux sans-logis, mais elle ne disposera plus de l'outil leur permettant... de se trouver un logement.

Le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, déplore vivement cette situation et demande au gouvernement Charest de financer de toute urgence d'autres suppléments, pour qu'il y en ait en nombre suffisant tout au long de l'année, comme le veut l'esprit du Programme d'aide aux ménages sans-logis adopté en juin: "Le FRAPRU a affirmé dès les débuts que les 1500 suppléments au loyer ne seraient pas suffisants. Le gouvernement nous a répondu que ce n'était pas sûr et qu'il y verrait au moment venu. L'échéance est maintenant arrivée. Le ministre responsable de l'Habitation, Jean-Marc Fournier ne peut plus attendre pour prendre ses responsabilités".