MONTREAL, le 14 août - Les infirmières de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal ont appris que la direction de leur établissement s'entête à couper "unilatéralement" 90 postes d'infirmières, malgré que le Ministre de la Santé ait indiqué, le 1er août dernier par la voie de sa porte-parole Cathy Rouleau, "qu'aucune mesure de compression de personnel ou de réduction de services directs à la population ne pouvait être mise de l'avant sans son approbation". Les premières coupures entreraient en vigueur dès lundi prochain.

C'est toujours sous le couvert de la recherche d'économies, d'efficience et de performance, que la directrice des soins infirmiers tente de justifier ces coupures de postes d'infirmières. Comme on le sait l'établissement fait déjà face à une pénurie de main-d'oeuvre infirmière. Après avoir mené une campagne de recrutement qui a permis l'embauche de jeunes candidates infirmières au printemps dernier, il semble que les embauches à titre d'infirmières "sont mis sur la glace" considérant les coupures envisagées! Quelle absurdité!

Pourtant tous les acteurs du réseau s'entendent pour dire qu'il faut revoir l'organisation du travail afin de créer les conditions optimales pour permettre aux infirmières de dispenser les soins requis à la population et que cet exercice ne peut se réaliser sans l'implication des premières concernées, les soignantes elles-mêmes. D'ailleurs, le rapport du Forum national sur la planification de la main-d'oeuvre conduit par le ministère de la Santé et des Services sociaux va dans ce sens. A l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, on ne semble pas encore avoir compris! Il est clair que la directrice des soins infirmiers refuse d'écouter les infirmières, elle privilégie plutôt l'application de formules mathématiques concoctées avec l'aide d'un "conseiller senior à la performance" d'une grande firme comptable.

Les infirmières sont exacerbées et en colère, elles n'en peuvent plus de faire les frais des décisions irréalistes guidées uniquement par l'argent, qui les conduisent tout droit à l'épuisement professionnel, à quitter leur travail ou parfois même la profession infirmière. Réunies hier en Conseil des infirmières et infirmiers (CII), une instance qui a le pouvoir de faire des recommandations au Conseil d'administration en regard de la qualité des soins infirmiers, les infirmières se sont dites inquiètes de la qualité des soins, ont rejeté le plan de compression et ont demandé la démission de la directrice des soins infirmiers.

La Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ), l'Alliance des infirmières de Montréal (AIM) et l'AIM Section de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal en plus d'appuyer les résolutions adoptées par le CII, exigent qu'un moratoire soit appliqué à tout projet de coupures de postes de personnel soignant à l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal. De plus, elles demandent qu'une rencontre du Conseil d'administration soit tenue de façon urgente, afin d'être entendues sur les effets catastrophiques que pourraient avoir ces coupures et espèrent que le Ministre saura faire respecter les orientations nationales au niveau de la Régie régional de Montréal-Centre et de l'hôpital du Sacré-Coeur de Montréal.