Le problème c'est qu'on est face à un cercle vicieux... En effet, si les syndicats se fédèrent et s'unissent, c'est, entre autre, pour combattre le corporatisme et faire vivre une solidarité inter-professionnelle. Sauf que... On sait très bien que dans les faits les leaders sont corpos à fond (comme une bonne partie de la base, d'ailleurs). L'aventure du syndicalisme autonome --comme les fonctionnaires ou les infirmières-- n'est pas une option, à moins d'être dans une profession très fortement syndiquée et massive (bref, dans le public). La plupart des syndicats ne peuvent tout simplement pas se passer des 'services' des centrales (juridique, fonds de grève, solidarité, communication, formation, etc.). J'imagine que pour rompre le cercle vicieux, ils faudra que les syndiqués eux-mêmes se mobilisent et se prennent en main...

Dans la vraie vie, il faut néanmoins pas minimiser le rôle que les membres ont à jouer. Combien de fois entend-on des gens syndiqué-es parler en mal contre leur syndicat mais ne rien revendiquer ni même se pointer dans leurs assemblées générales. Vrai qu'il y a des syndicats corrompus jusqu'à la moëlle qui vont jusqu'à dire que leurs membres les plus jeunes qu'ils ne sont justement pas des membres... Ça c'est illégal, c'est donc un autre débat !

Mais règle générale, il suffit que les travailleuses et travailleurs se mobilisent pour que la direction de leur syndicat se doive de les entendre au risque de perdre le contrôle... C'est cette conscience d'eux-mêmes et du pouvoir véritable qui sommeillent en eux que les travailleurs doivent découvrir je pense. Je pense bien que ton commentaire contribue, à sa modeste manière, à brasser la cage.

"Il suffit de se mobiliser". C'est facile à dire pour moi (et peut-être pour toi aussi), je n'ai eu à le faire que dans le mouvement étudiant et les groupes communautaires. C'est vaguement plus long et ardu dans le mouvement ouvrier (si j'en crois mes copains et copines qui sont syndiqué-e-s et ont été frustré-e-s dans leur volonté de mob et de changement).

À la limite, si t'as 'la chance' d'être dans un syndicat 100% québécois, ça peut toujours aller. C'est tough, mais la majorité des syndicats CSN, CSD, CSQ et cie sont démocratiques (sclérosés des fois mais pas mal toujours démocratique). Il y a une assemblée générale, elle est souveraine, etc. Même à ça, il y a de la résistance. Sauf que c'est pas le cas dans tous les syndicats. Des fois c'est juste structurellement impossible (ou presque). Sans prendre le pire exemple possible (les Teamsters où les 'agents d'affaires' locaux sont désignés par l'exécutif national) il est évident que la structure des syndicats internationaux (ceux de l'AFL-CIO affiliés à la FTQ) ne favorisent pas la démocratie et la mobilisation. Prend un syndicat comme les TUAC, il y a 40 000 membres au Québec répartis dans... 16 locaux! À Québec, c'est le local 503 qui mène, ils ont 9 000 membres entre Trois-Rivière et Gaspé. À Montréal, il y a le 500R qui regrouppe... 25 000 membres! T'imagine la démocratie...

Je te l'accorde.