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LE PRIX DE LA VÉRITÉ

pier trottier, Lunes, Julio 28, 2003 - 08:21

Le journalisme n'a jamais été un profession de tout repos.Surtout lorsqu'il touche le pouvoir ou des personnages publics importants.Au Mexique, comme en Colombie, être jounaliste tient surtout lieu de vocation...

Traduit de l'espagnol par Pierre Trottier

LA INSIGNIA

20-0702003

LE PRIX DE LA VÉRITÉ

Par Edourdo Stanley

Acapulco, Mexique

L’avocate accepta l’invitation des paysans écologistes de la sierra de Guerrero (Mexique) afin de connaître les détails des persécutions dont ils étaient victimes. Ils cherchaient de l’aide légale devant le harcèlement des autorités, lesquelles les accusaient d’être des guérilleros et des narco-traficants. Ils vivent cachés dans des grottes, sur les montagnes et parfois ils reviennent à leur village afin de prendre des provisions. Leurs familles vivent dans des conditions d’extrême pauvreté puisque les hommes ne peuvent travailler.

Bienvenus à Petatlan (Guerrero) à peu de kilomètres de la touristique Ixtapa. Les caciques, enrichis par l’exploitation illimitée des forêts et par l’élevage, apparemment associés au narcotrafic, défendent leur pouvoir face aux paysans qui veulent faire arrêter la coupe des arbres pour les conséquences écologiques dévastatrices et économiques qui affectent leur vie.

L’avocate dialogua avec les habitants pendant deux jours et, par la suite, revint à Mexico. Deux semaines plus tard, Digna Ochoa fut trouvée morte dans son appartement.

Lorsque la Procuratie Générale de la République (PGR) détermina qu’il s’agissait d’un suicide, de massives protestations obligèrent le gouvernement à ne pas arrêter l’enquête. Ochoa s’était fait connaître à défendre les zapatistes, les indigènes et les marginalisés devant les abus du pouvoir. En mars de cette année, elle était revenue de Washington d’où elle s’était auto exilée devant des menaces de mort. Au Mexique, les assassinats ne sont jamais résolus.

Avec le temps, le cas Ochoa perdait de l’intérêt public. Jusque vers le milieu de l’année passée, lorsque le journal ‘’ El Sur ‘’ d’Acapulco, Guerrero, décida de publier une série d’articles dédiés à ce cas. ‘’ Nous voulons enquêter sur la présence d’Ochoa en Guerrero et sur le but de sa visite, en rapport avec son assassinat ‘’, a dit Maribel Gutierrez, journaliste et éditrice de ‘’ El Sur ‘’ et auteur des articles. ‘’ Nous enquêtâmes, nous visitâmes les lieux où elle alla, nous parlâmes avec beaucoup de personnes. Ainsi, des témoins assurèrent qu’Ochoa fut suivie par l’armée pendant qu’elle se trouvait dans la sierra ‘’.

Des défenseurs des droits humains critiquent la présence de l’armée dans des zones de conflits, ils disent qu’elle accomplit des fonction ^policières, arrêtant et intimidant illégalement les habitants et en maintenant le statu quo du pouvoir. Guerrero est un des états les plus militarisés du Mexique, avec un fort indice de violence politique et de narcotrafic.

Des témoins de Petatlan ont dit à Gutierrez qu’un tireur de la zone et son neveu furent ceux qui tuèrent Ochoa. Les deux furent assassinés peu après. ‘’ Depuis l’assassinat d’Ochoa il y eut plusieurs homicides suspects dans la zone ‘’, dit Gutierrez, laquelle ajouta que les autorités ne recherchent pas la relation entre les faits.

Les journées 6, 7 et 8 de juin 2002, ‘’ El Sur ‘’ publia les résultats de leur enquête et avec eux compromit le puissant cacique de Petatlan, Rogaciano Alba, ex-président municipal lié à l’ex-gouverneur Ruben Figueroa et président régional de l’Association d’Élevage de Guerrero. ‘’ Plus d’une source indique que Alba engagea l’assassin d’Ochoa, affirme Gutierrez d’une voix ferme. Rencontrée dans son bureau au journal, un chaude et humide journée ‘’ typiquement acapulquénienne ‘’, Gutierrez expliqua les détails de son travail et qui eut des répercussions nationales, obligeant le gouvernement à réorienter l’enquête sur le cas.

Mais il y eut aussi d’autres conséquences. Graciano Alba présenta une demande judiciaire contre Gutierrez et exigea de connaître les noms des témoins. ,’ Cela est une tentative de faire opposition à la liberté d’expression et de criminaliser le travail journalistique ‘’, dit Gutierrez. ‘’ Chercher à terroriser le journalisme indépendant qui en des lieux de conflits comme Guerrero fait des recherches des cas similaires ‘’.

Alba aussi attaqua personnellement Gutierrez devant des journalistes à Zihuatanejo, utilisant un langage grossier et menaçant, ‘’ Gutierrez va avaler ses paroles ‘’. Le journal et Gutierrez prirent ces déclarations et la demande au sérieux. ‘’ Alba est un personnage public, il représente les éleveurs et on lui attribue plusieurs morts ‘’, rajouta la journaliste. La PGR cita Gutierrez, et des policiers armés prirent le local du journal, sans mandat, afin d’obliger Gutierrez à faire une déclaration ; Gutierrez y accéda mais n’identifia pas les témoins.

Le journal indépendant ‘’ El Sur ‘’, fondé il y a 10 ans et dirigé par Juan Angulo Osorio, avait déjà souffert des pressions du pouvoir. En avril 1995, il devint un hebdomadaire dû aux féroces attaques du gouverneur d’alors, Ruben Figueroa. En plus de lui retirer toute publicité officielle, il fit pression sur les commerçants afin qu’ils retirassent aussi toute publicité au ‘’ Sur »’’. Ces méthodes sont encore communes au Mexique. Selon Gutierrez, les gouvernements aussi nient au journalistes critiques l’accès à l’information, les intimident, les diffâment et, dans les cas extrêmes, les assassinent.

Cela fut le cas du journaliste Bueno Leon, assassiné en 1995, lequel remit en question le rôle de Robles Catalan, alors Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur. Le gouvernement de Ruben Figueroa (1993-96) est considéré comme un des plus répressifs et corrompus de l’histoire de Guerrero. Il renonça à être impliqué dans l’assassinat de 13 paysans en juin 1995.

‘’ Au Mexique, il y a impunité, on n’enquête pas sérieusement certains cas ‘’, raconte Gutierrez sur un ton de frustration. ‘’ Principalement lorsqu’il y a des personnages politiques importants entre les suspects ou lorsque l’armée est impliquée ‘’. Selon Gutierrez, l’armée est intouchable, elle est le bastion du système.

Pendant la présidence de Carlos Salinas de Gortari (1988-94), il y eut 46 journalistes assassinés. Pendant celle de Ernesto Zedillo (1994-2000), 24 journalistes furent assassinés, mais selon le Réseau Mexicain de Protection des Journalistes, les agressions totalisèrent 865. La Fondation Buendia ‘’ nom d’un journaliste assassiné en 1984 ‘’ assure que le journalisme est une des professions les plus risquées au Mexique, avec menaces, agressions et assassinats qui, généralement, restent impunis.

Malgré les promesses de changement de la part de la nouvelle administration de Vicente Fox, Gutierrez raconte que tout continue comme avant. ‘’ L’impunité continue, la persécution contre les défenseurs des droits humains et contre les journalistes indépendants continue ‘’. Malgré les menaces endurées par elle-même et par son journal, Gutierrez est optimiste. Ce qui est important dit-elle, c’est de ne pas s’en faire, de ne pas se cacher et de continuer à travailler. ‘’ Quelqu’un écoute, nous ne pouvons pas arrêter ‘’.

Traduit de l’espagnol par :

Pierre Trottier, juillet 2003
Trois-Rivières, Québec, Canada

Source : La Insignia ……….www.lainsignia.org

Sur d’autres sujets on pourra consulter :

http://cf.geocities.com/pitrottier



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