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La Logique du RessentimentAnonyme, Domingo, Julio 27, 2003 - 23:53
Dario ERGAS
Avec quelle réalité nous apparait le ressentiment ! Avec quelle logique irréfutable justifie-t-il notre discours ! Qu'elle est évidente l'injustice commise à notre égard, la violence à laquelle nous avons été soumis, le misérable leurre qui nous a séduit ! La mort nous a surpris comme un accident sans miséricorde ! Quelle logique il y a dans les arguments qui génèrent notre ressentiment ! C'est même juste. Le contraire serait bizarre. Il est évident qu'on m'a fait tort et que cela a condictionné ma vie. Je n'ai même pas pris m'a revanche, ou peut-être oui... Il y a un seul détail : Je souffre. Tu me diras que la souffrance est le résultat de cette situation. Pour la conscience la souffrance est un signe d'une erreur dans le processus psychologique. Si tu souffres c'est parce-que tu t'es trompé quelque part. Si tu veux dépasser ton ressentiment, si tu veux connaître la verité intérieure, la souffrance sera pour toi le signe d'une erreur psychologique. Dans notre société, on considère encore la conscience "passive". Pour cette société la réalité s'impose à la conscience. Mais ce n'est pas ainsi. C'est la conscience qui construit l'image du monde. Ce que tu appelles "réalité" est une construction de ta conscience ; ce n'est pas une perception du monde tel qu'il est, mais la construction que ta conscience fait de ce monde. La souffrance est donc un signe d'une erreur, d'une construction faussée, erronée du monde. Tout ce discours qui t'amène au ressentiment, qui te semble être d'une logique implacable, mais qui est accompagné par des signes de souffrance, ce discours est une construction que tu as fait et qui est fausse. Peu importe si tu n'a pas encore découvert l'erreur. Ce qui importe c'est que tu puisse voir qu'il y a une erreur dans ton regard, car la souffrance l'accompagne. Lorsque quelque chose se passe à l'extérieur de toi, il n'est pas évident que tu doives ressentir de la joie ou de la souffrance. Un coucher de soleil que tu regardes une après-midi n'est pas nécessairement beau pour toi. Tout le monde dit que le coucher de soleil est beau, tu le vois donc ainsi. Mais ce n'est pas ainsi. Tu le verras selon l'état d'âme que tu auras à ce moment-là. Il n'est pas évident que les malheurs apparents qui te sont arrivés soient la cause de ta souffrance. Tu dis que c'est ainsi, mais ce n'est pas ainsi. Ce sont les réponses que tu as donné à ces situations, que tu as enregistré de façon contradictoire. Les motivations qui t'ont poussé à t'impliquer dans ces situations, t'ont laissé ce goût amer d'un froid éternel. Le ressentiment est un état de la conscience. Quand j'ai un ressentiment avec quelqu'un, la personne que j'aime, par exemple, ce sentiment ne reste pas lié seulement à cette personne. Au début c'est peut-être vrai. Mais ensuite le ressentiment s'étend sur toutes les personnes avec des caractéristiques similaires. Sur toutes les femmes, par exemple. Ensuite je me ressens avec l'amour, puis avec la vie et ainsi de suite jusqu'à tout couvrir. Même si j'arrive a reconnaître les personnes avec lesquelles je suis ressenti, cet état commence à couvrir toute ma conscience, rien n'y échappe. A la fin je suis tout simplement ressenti, je suis quelqu'un de ressenti et je me comporte comme tel. Il faut bien voir cette question, pour ensuite trouver la force et la valeur pour sortir de cette situation. Nous sommes en train de lutter contre un point de vue qui nous montre les choses comme si elles venaient de l'extérieur, qui nous fait croire que la souffrance provient du monde extérieur : des situations qui me sont arrivées et qui m'ont conditionné, sans que je le veuille. Si j'ai du ressentiment, c'est parce-que j'ai commis une erreur quelque part. Si tu acceptes ce point de vue, notre conversation pourra être utile. Rends-toi compte combien de fois tu souffres sans pouvoir préciser les raisons ou les coupables de cette situation. Quand cela t'arrive, tu es ressenti, même sans le savoir. Parfois tu crois que tu es le seul coupable de tout ce qui t'es arrivé, toi et seulement toi... Personne n'a eu de responsabilités dans ta situation. Tu dis cela mais tu n'arrives pas a calmer ta souffrance. Tu es ressenti, très ressenti, mais tu n'oses pas le voir. Tu crois que c'est plus simple de construire la "réalité" sous cette forme de culpabilité. Mais tu es ressenti et tant que tu ne l'assumes pas, tu ne pourras pas avancer. Quand tu trouveras le fil du ressentiment, tu verras que même si tu es attrapé dans une situation particulière, tu te ressens avec tout et avec tous. La plupart du temps tu vas arriver à la conclusion que ces personnes t'ont fait du mal et tu finiras par croire que tes réponses ont été cohérentes, puisqu'ils t'ont mis dans cette situation. Tu diras que c'est une forme intélligente de te défendre, tu diras n'importe quoi. Mais tu n'a pas observé que tu souffres et que pour justifier tes réponses tu as employé beaucoup de temps. Tu est ressenti et tu ne peux pas continuer. Tu as été attrapé dans un processus psychologique. Les torts causés par d'autres sont si évidents, qu'il est humiliant de reconnaître que c'est nous qui nous sommes trompés. Et c'est bien nous. Au moins dans la réponse que je donne à cette situation. Je ne me suis pas trompé dans les perceptions, je me suis trompé dans la construction que j'ai fait, ainsi que dans la réponse que j'ai donné à cette construction. Excuses-moi de tellement insister sur ce point.
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