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PARADIS DE PAUVRETÉ

pier trottier, Jueves, Julio 24, 2003 - 07:47

Les paradis fiscaux et la pauvreté....Les transactions financières, la taxe Tobin et la pauvreté...Le blanchiment de l'argent et l'investissement au Tiers-Monde...C'est ce dont l'auteur nous entretient

Traduit de l'espagnol par Pierre Trottier

LA INSIGNIA

9-07-03

PARADIS DE PAUVRETÉ

Fran Aranjo
CCS, Espagne

‘’ Dieu planta par la suite un jardin en Eden, à l’orient, et là il y mit un homme qu’il forma ‘’ (Gén. 2,8), ensuite vint l’expulsion. Dans la nouvelle version de l’histoire, les banques exproprient le paradis et instaurent une règle unique : la liberté d’acheter et de vendre sans restriction. Le bénéfice à tout prix. Le paradis alors a un adjectif fiscal.

Avec 1% de la somme qui circule annuellement par les paradis fiscaux, on pourrait satisfaire les nécessités sanitaires et alimentaires essentielles de tout le monde. Il est certain qu’un ‘’ autre monde est possible ‘’. Ce n’est pas une faute d’arriver à l’utopie, nous disent les chiffres. Les paradis fiscaux gèrent 20% de la richesse mondiale. Ils reçoivent plus de 5 billions de dollars (5 millions de million), et sont le siège d’un million de sociétés et de compagnies, la majorité ne disposant que d’un petit bureau.

Leur existence a l’habitude de se justifier parce qu’ils facilitent la manoeuvrabilité des capitaux. Cependant, plus de cinquante paradis fiscaux dans tout le monde garantissent le blanchiment de l’argent du crime organisé. Nous parlons d’une somme qui atteint le million de dollars chaque année. Ce blanchiment est impossible sans le concours et la complicité d’une bonne partie du système financier légal.

La facilité avec laquelle les états condamnent le terrorisme ou le crime organisé se convertit en neutralité et en silence hypocrite chaque fois que l’on traite de la question des paradis fiscaux.

L’argent n’est pas neutre, souvent il vient souillé de sang et de pauvreté portée à l’extrême. Chateaubrilland disait : ‘’ neutres dans les grandes Révolutions des états qui les bordent, les suisses s’enrichirent avec la douleur des autres et fondèrent une banque sur les calamités humaines ‘’. La Suisse aujourd’hui gère 27% du marché des paradis fiscaux des capitaux financiers du monde et est un des paradigmes de la société développée. Il paraît que ce blanchiment ne représente pas plus que quelques pommes pourries de la bourse. Mais ces pommes étendent la pourriture à tout le système. Elles attentent contre tout idéal démocratique et éthique d’égalité d’opportunités.

Tout cet argent ne contribue pas à l’impôt de son milieu d’origine et constitue une perte dans le développement social qui affecte tous les citoyens. Avec quelle autorité un état peut-il demander qu’on paie les impôts si on ne contrôle pas l’évasion fiscale des banques et des grandes compagnies ? En 2002, la banque espagnole BBVA obtint un bénéfice net de 221,8 millions d’euros avec 36 sociétés situées dans des paradis fiscaux. Personne d’autre ne va bénéficier de cet argent.

Les paradis fiscaux contribuent à l’appauvrissement des pays moins développés, et offrent des opportunités aux corrompus pour la déviation de fonds publics et la perception de commissions illégales. Et ce qui est pire, l’argent que blanchissent les mafias ils l’investissent par la suite dans la dette extérieure de ces pays. De cette façon, les organisations criminelles contrôlent une partie très importante de la dette officielle. On met en marche un processus pervers qui accentue l’impact du délit organisé dans les économies des pays plus nécessiteux.

Pourquoi permet-on alors ? La réponse pourrait être le dogme de l’antique Première Ministre britannique, Margareth Thatcher, qui défendait le TINA (There is no alternative : il n’y a pas d’alternative à la mondialisation néolibérale). Il n'est pas certain qu’il n’existe pas d’alternative. Si on le permet, c’est que les grandes entités financières perçoivent d’importantes commissions. Ces délinquants au ‘’ col blanc ‘’ empochent presque un tiers de l’argent blanchi. C’est un résultat de poursuivre le délit international et de laisser impuni sa source de financement. Le blanchiment n’existerait pas sans la connivence du système financier.

Maintenir le silence sur cette question nous convertit en complices de ce système injuste. Des solutions existent afin de contrôler les transactions internationales, à partir de l’application effective du Manifeste de Genèvre de 1996 par l’application d’un petit taux sur les mouvements financiers, comme proposa le Prix Nobel étasunien James Tobin. Il est important de rappeler qu’avec 1% appliqué sur ces transactions on en finirait avec les nécessités sanitaires et alimentaires de base. Et cela est un minimum nécessaire et urgent.

Traduit de l’espagnol par :

Pierre Trottier, juillet 2003
Trois-Rivières, Québec, Canada

Source : La Insignia …………www.lainsignia.org

Sur d’autres sujets on pourra consulter :

http://cf.geocities.com/pitrottier



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