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Les soeurs siamoises de l'Iran contemporainEric, Jueves, Julio 17, 2003 - 09:56
Amir Khadir
Les iraniens aussi bien que le monde entier ont été émus par le sort tragique de Ladan et Laleh, les siamoises iraniennes qui près de trente ans après leur naissance, ont rêvé à une impossible rupture. L'opération, si méditée, si finement planifiée, s'est cependant soldée en une mortelle déchirure. Les iraniens aussi bien que le monde entier ont été émus par le sort tragique de Ladan et Laleh, les siamoises iraniennes qui près de trente ans après leur naissance, ont rêvé à une impossible rupture. L'opération, si méditée, si finement planifiée, s'est cependant soldée en une mortelle déchirure. La destinée de ces soeurs siamoises, s'est imposée à moi comme une parabole cruelle qui résume l'histoire contemporaine de l'Iran. Depuis un siècle, de révolution en ébullition, l'Iran vit de constants tiraillements entre les reliques de son passé et ses séduisants rêves d'émancipation. A sa tête, la société iranienne apparaît comme ces deux s ?urs siamoises, cimentée dans un corps contradictoire et impossible qui réunit à la fois tradition et modernité. La révolution constitutionnelle de 1905 ? déjà - tentait de rompre avec l'autoritaire et l'arbitraire d'une monarchie décadente. Mais l'encre de la Constitution de 1906 n'avait pas eu le temps de sécher quand le père du dernier Chah d'Iran, le Colonel Reza, bombarde le Majlis (parlement) aidé par les britanniques, et fonde la dynastie des Pahlavi en 1921. Retour à l'arbitraire, retour à l'autorité du Père. Le Premier ministre Mossadegh, nationalise le pétrole en 1951. Formidable émancipation mais affront aux britanniques, car elle remet en question l'arbitraire des rapports entre nations faibles et puissantes. Cette révolution des moeurs entre nations mine l'autorité de la puissance néo-coloniale montante, les États-Unis. La CIA s'en mêle et réussit son premier coup d'État contre un gouvernement démocratiquement élu. Le Chah d'Iran s'installe dans l'arbitraire. La tradition est difficile à déloger. Quand à son tour le Chah est délogé par une révolution populaire en 1979, la population iranienne se promet l'indépendance (devant la mainmise des É.U) et la liberté (devant le pouvoir absolu du monarque). C'est donc, à deux niveaux différents, le règne de l'arbitraire qui est encore rejeté. Mirage, car le peuple jette dans le même élan son dévolu sur Khomeiny, qui par ruse et par duperie brandit l'indépendance face aux É.U. pour mieux enterrer la seconde promesse de la révolution : la liberté. Retour à la tradition, retour à l'arbitraire, retour à l'autorité absolu du Père. Un nouvel élan de réforme, véritable ébullition sociale, porte Khatami à la présidence en 1997. Une coalition formée de la jeunesse iranienne, des intellectuels et des courants nationalistes-religieux - opère une longue et savante chirurgie pour enfin détacher le poids des traditions du train de l'évolution sociale : elle veut renverser la nature théocratique de l'état, non tant par rejet de l'Islam que par rejet de l'autoritarisme. L'opération est d'autant plus risquée, quand on connaît le règne actuel de l'arbitraire planétaire, alors que les É.U. imposent leur dictat, évoquent ouvertement d'attaquer l'Iran et occupent les pays à l'est (Afghanistan), à l'ouest (l'Irak), et au sud de l'Iran (Arabie Saoudite, Qatar, etc). La contestation sociale en Iran saura-t-elle éviter l'hémorragie mortelle ? L'Iran vivra-t-il une nouvelle période insurrectionnelle ? Les soeurs siamoises, Laleh et Ladan, ont pris un risque mortel car les rêves de nécessité ne peuvent être réprimés à jamais. La liberté, élément central de la modernité, est-elle un rêve nécessaire pour le peuple iranien ?
Site de l'Union des forces progressistes
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