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Hommage à Pierre Bourgault

Anonyme, Martes, Junio 17, 2003 - 18:43

François Cyr, président de l'Union des forces progressistes

L'un des meilleurs et des derniers de cette grande tradition tribunicienne du Québec vient de s'éteindre. Et avec lui un peu de ce contrepoison au verbe politique dominant, tristement coincé entre la langue de bois et la rectitude politique.

Son usage immodéré, donc magnifique, de la liberté nous manquera cruellement. Homme de mouvement, le conformisme ambiant des partis politiques l'a toujours rebuté.

Militant politique de la première heure à la cause de l'indépendance de notre pays, sa vie est un modèle de loyauté à cette cause. Celle qui ne peut souffrir les calculs politiciens, l'intendance provincialiste, les voix chevrotantes et les mains tremblantes devant l'immensité du défi lancé à l'État canadien. Bourgault l'a toujours su et toujours dit : l'indépendance du Québec est un acte de rupture démocratiquement assumé par le peuple. Une rupture, un risque nécessaire. Bourgault connaissait le poids historique de cette ligne de risque et toute sa pédagogie politique visait a nous y préparer.

Pédagogue, bien avant sa fonction d'universitaire : ses premiers cours de politique pratique, il les a donnés dans des sous-sols d'église enfumés et à la tête de manifestations pour défendre cette langue française qu'il parlait, et non pratiquait, à la perfection. Un peu pour nous dire que la dignité collective passe parfois par une somme d'efforts individuels. Une langue, on ne la parle pas seulement par coeur. Bien que protégée par une loi, notre statut d'archi-minoritaire dans ce continent nous contraint à nous y efforcer.

Jamais en cheville avec les puissants de ce monde, souvent en porte-à-faux avec les élites successives, Pierre Bourgault a dû payer de sa personne pour cette idée, qu'il avait chevillée à l'âme. Souvent congédié, quelquefois ostracisé pour ses convictions, Bourgaut a bien sûr quelquefois déconné, mais toujours en position debout. L'antithèse de la complaisance, du léchage de bottes et du cynisme ambiant chez trop d'intellectuels de sa génération. Un rare résistant à l'invasion barbare.

Bourgault, un homme de gauche ? Quelquefois oui, quelquefois non. Mais sur les grandes questions, il répondait toujours PRÉSENT.

Souvenir d'un de ses grands discours, malheureusement trop peu connu : Montréal, début des années 1970, rue McGregor devant le consulat américain au terme d'une manifestation particulièrement musclée contre la guerre au Vietnam. Bourgault demande aux manifestants d'accueillir les jeunes déserteurs américains fuyant la conscription. Il explique que si, pour Richard Nixon, ces jeunes sont des lâches, pour nous, ces déserteurs sont des gens courageux qui quittent tout pour refuser de servir dans cette longue guerre impériale.

Même solidarité, jamais démentie, au côté de la lutte palestinienne. Bourgault aimait les petits peuples au destin tourmenté. Question d'identification. Et lorsqu'il prenait fait et cause, il se démentait rarement. Une idée chevillée à l'âme, ça s'appelle une conviction. Si ses opinions du jour fluctuaient quelquefois au gré des modes du (haut) plateau Mont-Royal, les convictions restaient intactes, toujours brillamment présentées.

Bourgault le polémiste, en rupture permanente avec le consensus mou qui nous sert de culture politique minoritaire, était à l'occasion un imprécateur. Ses dernières injures étaient à l'intention de Bush le fauteur de guerre. Ses avant-dernières à l'endroit de Géranium premier et de Mario Dumont. Il nous manquera. Beaucoup. Il reste Chartrand et Foglia. Mais après ?

François Cyr, président de l'Union des forces progressistes

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